Le NutriScore, un réel désavantage pour les produits régionaux et traditionnels ?

Le logo nutritionnel Nutri-Score, qui nous guide vers les produits alimentaires les plus vertueux pour notre santé, s’avère une catastrophe pour les produits régionaux et traditionnels, alerte l’Institut Régional de la Qualité Agroalimentaire dans la région Occitanie (IRQUALIM).

Rédigé par Anton Kunin, le 20 May 2021, à 10 h 53 min
Le NutriScore, un réel désavantage pour les produits régionaux et traditionnels ?
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Pour l’IRQUALIM, apposer le Nutri-Score sur les produits fabriqués selon des recettes traditionnelles reviendrait à faire du « marketing punitif ».

Nutri-Score : les produits régionaux reçoivent toujours les notes C, D ou E

Renseigner les consommateurs de manière objective sur la valeur nutritionnelle des produits alimentaires pour les guider vers les produits les plus vertueux, telle est la raison d’être du logo nutritionnel Nutri-Score, recommandé depuis octobre 2017 par les pouvoirs publics français (mais toujours non-obligatoire). Un dispositif élaboré avec les meilleures intentions, censé permettre à nos concitoyens de savoir quels produits il vaudrait mieux éviter… Mais il se trouve que le Nutri-Score est une arme à double tranchant dans la mesure où les produits régionaux, élaborés selon des recettes traditionnelles, sont systématiquement notés C, D ou E, soit les plus mauvaises notes.

« Quel produit choisir entre un soda light, classé B car sans sucre mais avec des édulcorants et un jus de pommes bio fermier, non transformé, classé C ? Entre un fromage à tartiner allégé, classé B, et un Rocamadour, un Roquefort ou un Pélardon classés D ou E mais garants d’une recette traditionnelle ? Entre un rôti de porc cuit (-25 % de sel) classé B et une tranche de Jambon Noir de Bigorre AOP classé D ou E ? », s’inquiètent Jean-Louis Cazaubon, le président de l’Institut Régional de la Qualité Agroalimentaire (IRQUALIM) dans la région Occitanie, et Jacques Gravegeal, son vice-président.

Une recette traditionnelle n’est pas un gage de faible teneur en sel ou matière grasse

produits régionaux

Recette traditionnelle ne veut pas dire moins sucrée et moins grasse – © Rawpixel

Il est vrai que l’immense majorité des produits traditionnels ont une teneur élevée en sel, sucre et matière grasse. Et, étant un dispositif de notation objectif, le Nutri-Score rend bien compte de cette réalité. Toujours est-il que ces produits font partie de notre patrimoine gastronomique. Au sein de l’IRQUALIM, on craint donc que les consommateurs s’en détournent au profit de denrées industrielles dont la recette a peut-être été transformée pour que ces produits soient mieux notés.

L’IRQUALIM juge donc le Nutri-Score « inadapté aux produits locaux et traditionnels, naturellement peu transformés ». L’institut plaide pour que les produits porteurs de signes officiels de qualité ou d’origine (AOC/AOP, IGP, Bio, Label Rouge…) soient exemptés de l’obligation d’exhiber le Nutri-Score. Jean-Louis Cazaubon et Jacques Gravegeal viennent d’adresser une lettre commune à l’ensemble des députés d’Occitanie afin d’attirer leur attention sur ce problème.

Illustration bannière : Produits régionaux et Nutri-Score – © RossHelen
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Bien d’accord avec Mia , fruits et légumes sont hélas « beaucoup traités »!c’est pourquoi je ne vais plus dans les magasins « soit disant spécialisés »car en plus de venir de très loin pour beaucoup,tout est traité!et que dire des « pseudo-boulangeries »qui n’utilisent que des farines toutes prêtes avec additifs et compagnies….et les « gâteaux » à des prix abusifs et pas bons pour la santé,qui s’implantent partout??? a fuir…

  2. La tendance semble être: tenir compte des graisses, du sucre, du sel mais ne tenir aucun compte des additifs et des produits de remplacment. On peut prendre pour exemple -parmi d’autres, si pas tous-le régime FODmap. Ce sont précisément ces additifs et ces produits chimiques qui causent les problèmes. Conseiller les pommes, p.e., sans préciser qu’elles doivent être bio, est induire en erreur. Déconseiller le pain? Oui pour les pains et les farines industrielles, mais non pour les pains traditionnels, faits avec de la farine bio!

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