La fin du pétrocène – les 6 piliers de la transition énergétique

Rédigé par Jean-Marie, le 3 Sep 2012, à 18 h 10 min
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Les énergies fossiles restent incontournables

Alors, certes la découverte récente de réserves jugées jusqu’alors inexploitables un peu partout dans le monde, notamment en France, repousse l’échéance et certains doutent que le Peak oil soit en vue (10).  En juillet 2012, le magazine Science & Vie titre « Il y a plein de pétrole en France ! » et détaille  le « fabuleux gisement [de pétrole] sous le bassin parisien ». Sous le grand Paris, ce sont 30 ans de consommation nationale qui dormiraient sous la forme de pétrole de schiste inexploité.

Le Ministère de l’énergie américain lui-même estime que les réserves de gaz du Sud-est de la France recèleraient 5.100 m3 de gaz de schiste techniquement exploitables malgré de nombreuses difficultés (11). « Si c’est vrai, cela représente cent ans de notre consommation actuelle ! » explique C. Lamiraux du ministère de l’industrie. De quoi relancer la polémique sur les gaz et pétrole de schiste en France et de radieuses perspectives pour ces « nouveaux » carburants. Mais ces « nouvelles » énergies fossiles (huile et gaz de schiste, pétrole ultra profonds, sables bitumineux) ne sont pas sans (gros) inconvénients.

rechauffement climatiqueEn admettant que les industriels arrivent à mettre au point des méthodes d’extraction moins polluantes pour l’environnement, poussées par la législation, l’opinion publique, voire le bon sens, il reste que le principal défaut de cette énergie fossile demeure : elle accentue le réchauffement climatique. Or, on sait aujourd’hui qu’on a largement sous-estimé la vitesse de ce bouleversement du climat planétaire : avec 3°C de hausse des températures terrestres en un siècle, on est revenu aux températures d’il y a 50 millions d’années.

Il nous reste 30 à 40 ans pour s’adapter et changer. Nous n’avons pas le choix. Avec une grande partie de la population mondiale qui hausse très rapidement son niveau de vie et donc sa boulimie de ressources naturelles et d’énergie, le modèle de notre société de consommation coince. Argent, zinc, or, platine, cuivre, plomb, nickel, …, les ressources naturelles vont  s’épuiser  et devenir inexploitables au fil du siècle, rendant le recyclage de plus en plus crucial . Le déclin du pétrole et le réchauffement rendent obligatoire de réinventer nos structures et modèle économiques. Ne parlons même pas des 2 milliards d’êtres humains qui à l’heure actuelle n’ont pas accès à l’électricité pour cause d’économie fragile, d’infrastructures lourdes et coûteuses, de zones difficiles d’accès, d’habitat dispersé.

La fuite en avant

En attendant, on continue à investir massivement dans l’économie du pétrole s’insurge Sabine Rabourdin : « Le projet de gazoduc Nabucco reliant l’Iran à l’Europe centrale, s’étalera sur plus de 3000 km, pour un coût de 12 à 15 milliards d’euros. Pourtant les réserves de ces pays déclineront avec l’augmentation de la demande intérieure. L’Europe s’inquiète pour sa sécurité énergétique et cherche à garantir une certaine stabilité des prix, mais elle ne mise pas autant qu’il le faudrait sur la production locale renouvelable et les mesures d’efficacité/sobriété. 20 % d’efficacité énergétique en Europe d’ici 2020 équivaut à l’approvisionnement de quinze gazoducs Nabucco ! «  (12) Le gouvernement américain se dit « flexible » ( !) devant l’objectif de contenir la hausse des températures à 2°C et cela accentue les doutes sur la fermeté de ses engagements pour convertir son modèle énergétique.

Le coût des énergies actuelles va exploser

Cette nécessaire réinvention de notre économie arrive précisément à un moment où les perspectives offertes par l’internet et les technologies s’ouvrent encore un peu plus et laissent entrevoir des possibilités jusqu’alors cantonnées aux romans d’anticipation. Ce que le prospectiviste américain Jeremy Rifkin appelle la « Troisième révolution industrielle », c’est cette convergence entre les énergies et la communication. On passe dans un monde où la centralisation était le « paradigme » global : communication centralisée et mass média descendant vers le public, centralisation des énergies, de la production énergétique et industrielle, …

La verticalité de cette économie de masse était évidente. Aujourd’hui, l’internet et la crise énergétique la font voler en éclat.Le pouvoir que donne l’internet au consommateur fait descendre la capacité de décision au niveau du consommateur citoyen ; les circuits court du c-to-c et la consommation collaborative l’horizontalisent.

La crise énergétique qui se profile montre que la centralisation de la production autour de noeuds majeurs qui alimentent la planète (Arabie, Russie, Venezuela, …) va elle aussi progressivement disparaître. Le président russe Mdevedev l’a bien compris et cherche à l’anticiper : « Il faut tenir compte du fait que tous les 50-70 ans, le monde connaît une révolution énergétique. Une fois cette dernière terminée, on ne sait pas quelle place nous occuperons avec nos hydrocarbures. Intéresserons-nous quelqu’un ? Il faut travailler« , a insisté M.Medvedev qui aimerait que le pouvoir de la Russie sur le marché de l’énergie ne disparaisse pas du fait des énergies renouvelables. (14)

*

Suite > Réinventer l’économie – La mutation de la production

(10) Le Peak oil est-il une fiction  ? On s’est toujours trompé sur la date du Peak Oil. L’article « Big oil in a blue suit », Newsweek, oct. 2010
(11) Pour l’instant ces réserves ne sont pas exploitables du fait d’une interdiction administrative : les permis d’exploration accordés en Ardèche, Lozère, Hérault, Gard ont été annulés à l’automne 2011 sous la pression des associations écologistes.
(12)
L’épuisement des ressources naturelles
(13) Vers une nouvelle révolution énergétique ? » (Edition Le Cavalier Bleu), l’ingénieur en énergie Sabine Rabourdin dresse un bilan de la situation énergétique.
(14) La Russie doit se préparer à une éventuelle révolution énergétique au terme de laquelle les besoins en gaz et en pétrole connaîtront une baisse considérable, a déclaré le premier ministre russe Dmitri Medvedev lors d’une réunion de cabinet le 2 août 2012

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

20 commentaires Donnez votre avis
  1. Bonjour, je voudrai savoir, s’il vous plait, si les poêles à pellet bénéficient aussi du crédit d’impôts ? Merci de me répondre.

    • Jean-Marie

      Oui tout à fait, les poeles à bois (et à pellets) bénéficient du Crédit d’impot qui vient d’ailleurs de changer de nom (voir notre arcticle sur le crédit impôt Transition énergétique)

  2. La Terre étant un système fermé (enfin, pas tout à fait, puisqu’il y a le Soleil !), les ressources en pétrole, en gaz, en charbon, en uranium, …, en minerais de toutes sortes, sont nécessairement limitées ! Ça me paraît évident ! D’autre part, je ne vois pas de quel droit, on interdirait à un Indien ou un Chinois, ou n’importe quel autre habitant de la planète, d’avoir le même niveau de vie, que nous. D’ailleurs, notre seul objectif, n’est-il pas d’avoir le niveau de vie des USA ? 4 voitures par famille, dont 1 4×4, 1 SUV, et 2 petites voitures pour les enfants ! Dans le même ordre d’idée, je ne comprends toujours pas pourquoi, on interdit à l’Iran ou la Corée du Nord, d’avoir la bombe atomique, alors qu’on l’autorise à l’Israël, ou le Pakistan ! Je ne parle pas des grands pays, dont nous faisons partie : les USA, la Russie, la Chine, le Japon, la Grande-Bretagne, la France, …
    Conclusion : le prix du pétrole, du gaz, du charbon, de l’électricité, …, ne peut qu’augmenter, inexorablement. Qu’on rêve un jour, de remplacer des grandes centrales électriques, comme celle de Gravelines, par des petites centrales (qui marcheraient à quoi, au fait ?) domestiques, pourquoi pas, mais il y aura toujours de grandes usines, qui nécessiteront la construction de gros générateurs, pour les alimenter. Non ?
    Il me paraît avoir un part de rêve dans tout ça. Si les Allemands se décident à abandonner le nucléaire, c’est pour le remplacer par des centrales au charbon, essentiellement importé, ou pire par le lignite, dont le pays est très riche, où est l’avantage ? J’avoue, que je ne comprends pas très bien. De plus, il faut savoir que la puissance de la plus grosse éolienne est de 5 MW, et qu’elle ne tourne que 50% du temps : quand le vent est assez fort, ou quand il ne l’est pas trop ! Il faut savoir également que le rendement d’un panneau solaire est de l’ordre de 10 à 15%, au mieux (celui d’une locomotive à vapeur !), quand il y a du soleil, qu’il est bien orienté, qu’il est bien propre, … Et que la fabrication du silicium, à partir de la silice, est une industrie très polluante !
    Bref, je ne suis pas très optimiste pour ce qui est de l’avenir énergétique de l’humanité !

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