Fin du glyphosate dans trois ans : la France gagnera-t-elle la partie ?

Dans la dernière ligne droite du bras de fer qui oppose les États membres de l’Union européenne, dont fait partie la France, qui veulent interdire le plus rapidement possible le glyphosate, un pesticide jugé cancérigène par l’OMS, et ceux qui veulent une reconduction de son autorisation plus longue, aux côtés de la Commission européenne, la France reste ferme pour que le glyphosate soit interdit sur le marché européen d’ici trois ans. Le gouvernement français réussira-t-il à emporter une majorité d’États avec lui ?

Rédigé par Stephen Boucher, le 9 Nov 2017, à 11 h 50 min
Fin du glyphosate dans trois ans : la France gagnera-t-elle la partie ?
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On n’en finit pas de parler du glyphosate, ce pesticide emblématique d’une agriculture industrielle dont l’impératif de productivité de court terme nuit à sa viabilité de long terme et à la santé des agriculteurs et des consommateurs. Monté en épingle, quand nombre d’autres substances chimiques s’avèrent également nocives, la bataille qui entoure la reconduction de son autorisation sur le marché européen fait rage. En première ligne, Nicolas Hulot, ministre français de la transition écologique et solidaire, négocie pour que cette reconduction soit limitée à trois ans. Parviendra-t-il à obtenir une « majorité qualifiée » de gouvernements pour soutenir cette position ? Prochaine réunion aujourd’hui, à Bruxelles.

La France, aujourd’hui parmi les États les plus « anti-glyphosate »

La Commission européenne, face à l’opposition de certains Etats et le rejet par les États le 28 octobre de sa reconduction pour 10 ans, propose aujourd’hui une autorisation de mise sur le marché de 5 ans. Nicolas Hulot a annoncé publiquement hier que la position de la France était 3 ans. Car, a-t-il expliqué, « l’objectif de la France est l’interdiction du glyphosate ».

glyphosate france

L’autorisation de vente du glyphosate en Europe expire le 15 décembre prochain. Monsanto, la firme qui produit le pesticide, assure que son produit remplit les conditions requises pour l’utilisation en Europe. Les opposants au glyphosate, dont notamment Greenpeace, réclament une interdiction pure et simple en Europe. Ils ont présenté le mois dernier une pétition signée par plus de 1,3 million de personnes soutenant une telle interdiction, sur la base d’une étude de 2015 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui concluait que le glyphosate était un « carcinogène probable ».

« La grande différence, c’est que nous parlons d’une fin, pas simplement d’un renouvellement », a déclaré M. Hulot à la télévision française BFMTV, ajoutant : « La France est en pointe sur cette question ». La France est aussi l’un des principaux consommateurs du produit.

Le ministre a ajouté qu’il sympathisait avec les agriculteurs « qui sont un peu dépassés par toutes les contraintes qui leur sont imposées (mais) au cours de ces trois années, nous serons en mesure de travailler à des alternatives« .

« Je ne pense pas que la Commission ait la majorité pour une licence pendant 5 ans », a déclaré le ministre luxembourgeois de l’Agriculture, Fernand Etgen, qui prévoit également de voter contre un renouvellement de cinq ans. L’Allemagne et l’Italie sont également contre le renouvellement. Pour : la Roumanie, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Pologne et l’Espagne.

Le principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca, affirme qu’il n’y a pas d’autre choix que de renouveler la licence si le continent veut maintenir les rendements. En l’absence d’accord au niveau européen d’ici la fin du mois de décembre, le glyphosate sera d’office interdit sur le continent européen, mais les stocks existants pourront être utilisés encore pendant un an.

Illustration bannière : MALMEDY, BELGIUM – MAY 4, 2016 : Shelves with a variety of Herbicides in a Carrefour Hypermarket. Roundup is a brand-name of an herbicide containing glyphosate, made by Monsanto Company – © defotoberg Shutterstock
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. l’agriculture de conservation qui est une agriculture conventionnelle( semis sous couvert avec semoir specialiser )protege mieux les sols que l’agriculture bio (labour qui detruit la vie du sol (vers de terre ect) aujourd’hui il n’y a pas d’autre solution que le glyphosate avant semis (est’il plus polluant d’ependre 1 litre ha de glypho ou de consommer 80 litres de fuel ha

    Répondre

  2. Euh.. Dans votre entrée en matière, en gras vous écrivez :
    « […]un pesticide jugé cancérigène par l’OMS[…] »

    Alors que plus loin c’est écrit :
    « […]sur la base d’une étude de 2015 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui concluait que le glyphosate était un « carcinogène probable ».[…] »
    Je ne suis pour l’interdiction de tous les pesticides, mais de là à déformer les résultats d’une étude juste pour faire lire vos articles… Ou alors vous ne l’avez pas fait exprès, mais c’est quand même une grosse erreur !! Cancérigène ou carcinogène probable il y a un fossé !
    Il y a quand même une différence entre utilisé 2ml de glyphosate et boire ce produit à la bouteille !!!

    Non ?

  3. Interdit mais il faut écluser les stocks pour que mosanto ne perde pas d’argent, LAMENTABLE.

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