Comment les festivals se mettent au vert

Chaque été, la France accueille entre 8.000 et 10.000 festivals, et des millions de spectateurs. Comment réduire leur empreinte carbone au maximum ?

Rédigé par Paul Malo, le 4 Aug 2019, à 8 h 00 min
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Faites ce que je dis, pas ce que je fais… Nombreux sont les festivals, parmi les plus grands, à accueillir durant l’été des dizaines de milliers de spectateurs et donc de campeurs. Avec, au lendemain de leur départ, des tonnes de déchets à ramasser, mais aussi des tonnes de matériel neuf ou en bon état abandonnées sur place. C’est autant vrai à Glastonbury qu’à Tomorrow land, où les associations d’aide aux SDF et aux réfugiés ont ramassé l’an passé la bagatelle de 52 tonnes de matériel de camping abandonné…

Festivals écolo : des modèles à suivre

Alors, des festivals vraiment verts, sans déchets et au bilan carbone réduit au maximum, c’est possible ?

festivals green

Triste scène à l’issue d’un festival © UNIT 80 / Shutterstock

Des éco-festivals tels que We Love Green ou Le Cabaret Vert veulent se poser en modèles. Du côté de la Bretagne, où les événements foisonnent tout au long de l’été, à commencer par les Vieilles Charrues, le plus grand de tous, un « Collectif pour les événements responsables » a été créé.

Ce collectif a établi une charte des festivals, une sorte d’Agenda 21 adapté aux modes de production des festivals, et a même imaginé de mutualiser les équipements via un système de prêt. Il met ainsi à la disposition de tous les acteurs de l’événementiel un outil baptisé ADERE (Auto Diagnostic Environnemental pour les Responsables d’Evénement), afin d’aider les organisateurs d’événements à calculer leur impact carbone.

Il faut dire que la France accueille entre 8.000 et 10.000 festivals, pour 7,2 millions de visiteurs recensés l’été dernier.

Limiter la vaisselle jetable

Premier choix facile : supprimer la vaisselle jetable, qui sera de toutes façons interdite dès l’an prochain. Adieu pailles et gobelets, place aux éco-cups consignées et aux couleurs du festival, pour inciter à les garder en souvenir et à repartir avec au lieu de les jeter, à défaut de les rendre. Sur les Solidays, « le système de consigne permet d’économiser l’équivalent de trois gobelets par festivaliers soit près de 600.000 gobelets ».

Inciter au tri des déchets

Certains festivals poussent la chasse aux déchets un cran plus loin en proposant de les trier dans différentes poubelles. Ainsi, Lollapalooza France, qui s’est déroulé les 20 et 21 juillet, a éradiqué les pailles en plastique, revalorisé les huiles de fritures des stands de restauration en biocarburant et même compensé le bilan carbone des artistes via des donations à la Fondation Good Planet.

Privilégier les mobilités douces ou partagées

Au-delà des déchets, reste le fait de venir à un festival, et d’en repartir… Le cabinet Eneris a calculé que le bilan carbone d’un festivalier se situe généralement entre 10 et 30 kg d’équivalent CO2. Soit environ 1.000 tonnes pour  un festival de 50.000 festivaliers.

Le transport représente en moyenne 70 à 80 % des émissions de gaz à effet de serre.

La logistique (éclairage, son, énergie) en représente environ 7 %, notamment du fait des groupes électrogènes.

Enfin, la restauration génère 8 % des émissions de gaz à effet de serre, entre déchets (gobelets, vaisselles) et acheminement des denrées alimentaires, quand les fournisseurs ne sont pas locaux.

Des festivals de plus en plus verts

Live Nation, qui organise chaque année plus de 35.000 événements, vient pour sa part d’annoncer que d’ici 2021, cinq des plus grands festivals de musique britanniques vont abandonner l’usage de plastique à usage unique, pailles ou les bouteilles en plastique. À terme, Live Nation entend imposer une politique zéro déchets à tous ses sites, salles de concerts, clubs et festivals.

Une liste d’objectifs de durabilité a également été dressée pour les années à venir, incluant la réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, ou l’utilisation complète d’énergies renouvelables.

Pete the Monkey

Certains festivals jouent carrément la carte de la mise au vert totale, tel Pete the Monkey, en Normandie. Ce dernier, en mettant des toilettes sèches à disposition des visiteurs afin d’économiser de l’eau, a permis aux 20.000 festivaliers d’économiser environ 320.000 litres d’eau par jour, tout en créant 15.000 à 20.000 litres d’engrais.

Et pas question de simple greenwashing : ces résultats sont vérifiés et audités par A grener Festival, une agence d’audit des transitions écologiques des évènements culturels.

Bout du Monde

Le festival du Bout du Monde propose pour sa part toilettes sèches, tri des déchets, cendriers de poches, gobelets consignés et restauration durable. Pour l’après festival et le nettoyage des terrains mis à disposition par les agriculteurs de la presqu’île, l’opération « Un sac jaune correctement rempli = 1 crêpe » est mise en place sur le camping.

Le Cabaret Vert

Sur Le Cabaret Vert, fin août, à Charleville-Mézières, toute l’expérience est garantie durable : la musique, cinéma, spectacles, restauration, boisson, accueil et même les intervenants.

Woodstower

Au nord-est de Lyon, Woodstower, fin août, est l’un des festivals les plus écolos de l’Hexagone : vaisselle compostable, tri, valorisation des déchets et récupération font partie des lignes directrices du festival.

Pour diminuer l’utilisation des bouteilles en plastique, l’accès à l’eau potable est gratuit au bar. Quant à la restauration – en partie issue de l’agriculture biologique -, les prestataires du festival sont choisis en région pour travailler en circuit court, tandis que des transports collectifs et du covoiturage sont mis en place depuis Lyon et les communes avoisinantes.

festivals verts

Des festivals éco-responsables pour faire la fête sans soucis © Anton Gvozdikov / Shutterstock

Festivals d’été – Pas de normes contraignantes

Pour autant, d’un point de vue purement juridique, aucune loi n’impose la moindre démarche éco-respectueuse aux festivals. Tout est sur la base du volontariat, même si certains grands rendez-vous, tels Les TransMusicales ou les Eurockéennes, ont obtenu la certification internationale ISO 21121, validant leur engagement écologique.

Mais rien de contraignant dans cette norme, qui ne fait que poser de bons principes à respecter. Du côté de la ville de Paris, en sus de proposer des financements aux événements respectant une charte environnementale, certaines voix proposent que cette charte devienne carrément contraignante.

Illustration bannière : Des festivals qu’on voudrait voir de plus en plus verts – © Olga Visav
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