Les grandes figures de la transition écologique – Claire Nouvian et la sauvegarde des océans

Passionnée par les océans, la faune sous-marine, la plongée, fondatrice et Présidente de l’association Bloom, Claire Nouvian est une militante écologiste hors pair. Un engagement qui lui a valu d’être nommée ‘Ange gardien de la planète’ par le magazine Géo et décorée du ‘Nobel écolo’ qu’est le Prix Goldman pour l’environnement ! Zoom sur cette grande figure de la transition écologique en France.

Rédigé par Camille Peschet, le 9 Feb 2020, à 12 h 30 min
Les grandes figures de la transition écologique – Claire Nouvian et la sauvegarde des océans
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Née en mars 1974 d’un père travaillant chez Total et d’une mère employée dans la grande distribution, Claire Nodian n’avait pas particulièrement le profil pour batailler jours et nuits contre les industriels de la pêche dans le but de stopper la pêche en eaux profondes. Cependant, c’est bien elle, qui en 2004 fonde l’association Bloom – dont l’objectif est de protéger l’océan et les espèces marines tout en maximisant les emplois durables dans la pêche et l’aquaculture – et parvient après huit années d’une bataille acharnée à faire interdire le chalutage en eaux profondes. Cette victoire est récompensée en 2018 par le prix Goldman, équivalent du prix Nobel dans le monde de l’écologie.

Claire Nouvian – Une rencontre avec le monde  des océans presque « fortuite »

Cette volonté de se battre pour la sauvegarde des océans est née presque de manière « fortuite » explique Claire Nouvian. Journaliste, productrice et réalisatrice de documentaires animaliers et scientifiques, elle parcourt pendant dix ans le monde pour tourner des séries animalières. Dans ce cadre elle monte un documentaire « Océanautes » (Arte, 2005) sur la conquête des profondeurs et réalise un documentaire scientifique « Expédition dans les abysses » (Arte, 2004), qui reçoit le prix du meilleur documentaire d’aventure.

La rencontre de ce monde des grandes profondeurs marque un tournant pour elle, qui découvre alors un écosystème méconnu et pour lequel peu de recherches scientifiques sont menées. Pourtant, cet univers à part entière est peuplé d’êtres extraordinaires qui se sont adaptés à des conditions de vie dans ces milieux extrêmes.

Pêche en eau profonde, pêche électrique, des aberrations écologiques et économiques à combattre

Devant cette beauté ignorée et cachée, elle ne supporte pas l’aberration écologique et économique que représente la pêche en eaux profondes : des bateaux de 50 mètres, capables de racler entre 400 et 2.000 mètres de fond, détruisant 98 % des organismes vivants à leur passage.

Ce triste est constat est d’autant plus amer que pour 68 espèces prélevées seules 2 ou 3 sont gardées. Chaque seconde c’est l’équivalent de 472 kg de poissons d’eaux profondes qui sont pêchés soit 15 millions par an pour seulement 0,5 % du chiffre d’affaire de la pêche mondiale.

Une course en avant face à un système non durable

Cette technique de pêche désastreuse est le résultat d’une gestion non durable des stocks. En effet la surpêche a détruite de façon drastique les stocks de poissons de surfaces. Selon la FAO, on estime à 90 % les stocks pleinement exploités ou surexploités et en Europe 40 % des stocks sont surexploités. Pourtant loin de chercher des modèles de pêche durable et de suivre le rythme biologique des animaux marins, la pêche industrielle a fait le choix de se tourner vers les eaux profondes, ainsi que de passer des accords avec les pays en développement afin de pouvoir pêcher dans les zones économiques exclusives.

Les espèces des grandes profondeurs ont été rebaptisées et sont proposées sous forme de filets pour cacher l’aspect peu ragoutant de ses animaux. Ainsi sont progressivement apparus sur nos étalages la lingue bleue, le sabre noir, le grenadier de roche ou encore la queue-de-rat renomée « grenadier »… Une autre grande partie de ces poissons est broyée directement comme fourrage pour la pisciculture et l’aquaculure qui souvent se prévalent d’être durables.

D’autres combats à mener

Pour Claire Nouvian, ces méthodes de pêche nous amène tout droit vers un « désastre écologique, économique et humain »(1). La disparition des fonds marins a un impact fort sur le bon fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils peuvent rendre, – dont celui essentiel, de capter le dioxyde de carbone émis en excès dans l’atmosphère.

L’océan surexploité et pollué se vide de ses poissons et se remplit progressivement de méduses, d’algues et de bactéries. Une situation qui aboutit aussi à la fin de la pêche artisanale et avec elle, à la disparition du tissu social qui lui est associé. Elle met aussi en difficulté certaines populations pour se nourrir.

Forte de cette première bataille remportée contre la pêche en eaux profondes, l’association Bloom, repart au combat cette fois-ci pour stopper la pêche électrique. Si elle est officiellement interdite, des dérogations sont encore possible pour cause de « recherches scientifiques ».

Claire Nouvian

Préserver les océans pour sauver la pêche © ZoranOrcik

Lire aussi : Victoire – La pêche électrique officiellement interdite dans les eaux françaises !

Claire Nouvian pour des labels vraiment représentatifs d’une pêche durable

Claire Nouvian, à travers l’association BLOOM, milite pour un modèle de pêche durable. Ce modèle ne peut passer par ce gigantisme. Pour elle, il est nécessaire que les aides publiques cessent de financer directement ou indirectement des techniques de pêche aussi destructrices. Elle alerte aussi sur les labels qui fleurissent sans aucune garantie et sans contrôle extérieur. Il est nécessaire d’avoir des labels indépendants certifiés et financés par organismes indépendants des grandes entreprises travaillant dans le secteur de la pêche.

Lire aussi : Pour l’association Bloom, le label MSC certifie une pêche destructrice

Un nouveau regard à porter pour stopper les pollutions

C’est aussi tout notre rapport à l’océan que nous devons changer. Chaque année 25.000 litres de crème solaire sont diffusés de l’océan dont 4.000 tonnes sont absorbées par des massifs coralliens. Or, la crème solaire tue le corail en 48h.

8 millions de tonnes de détritus sont jetés dans les mers et les océans et 120 millions de sacs plastiques échouent sur les côtes françaises soit 4 sacs à la seconde.

Toute pollution solide ou liquide que nous déversons dans les fleuves et les mers se retrouve dans l’océan et impacte la santé de l’ensemble du monde du vivant puisque la terre est constituée à plus de 90 % d’eau liquide.

Cette vaste étendue est loin encore d’avoir montré toutes ces merveilles et nous les détruisons avant même de les connaître. C’est donc aussi tout un travail de pédagogie et d’actions fortes pour stopper ces pollutions silencieuses. L’océan a trop longtemps été perçu trop comme un espace infiniment grand, sources de nourritures infinies et poubelles de notre monde industriel.

Toujours combative

En vrai combattante, Claire Nouvian, malgré les chiffres qui peuvent faire frémir n’imagine pas s’arrêter d’agir. Elle lance, comme les 15.000 scientifiques de 184 pays qui ont signé un appel contre la dégradation de l’environnement, un cri d’alarme. Il faut agir vite pour ne pas compromettre de façon irrémédiable la vie sur Terre d’un grand nombre d’espèces et la pénible survie d’autres. Pour elle, une poignée d’hommes et de femmes convaincus peut gagner de grands combats, la preuve en est avec BLOOM.

“bien“Qi-Gong yeuxAbysses De Claire Nouvian

Les abysses forment le plus grand habitat de La Terre. Or nous connaissons mieux certaines planètes du système solaire que les entrailles de la nôtre. L’exploration de ce royaume des ténèbres a révélé que la vie se développait jusqu’aux profondeurs les plus extrêmes de nos océans et sous les formes les plus surprenantes.

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Illustration bannière : Claire Nouvian – capture d’écran Youtube Actu Média

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Portée par un cadre familial m'ayant sensibilisée à une consommation responsable et en faveur d'une production énergétique renouvelable, je me suis...

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