Le cinéma, une industrie qui pèse lourd sur l’environnement

L’industrie du film nous fait rêver, mais à quel prix ? Des images virtuelles, des supports dématérialisés… mais l’impact carbone du cinéma est loin d’être négligeable.

Rédigé par Pauline Petit, le 11 Mar 2023, à 11 h 00 min
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Lors de la dernière cérémonie des Césars, en février 2023, une jeune activiste de Dernière Rénovation a fait irruption sur le plateau. Le direct a été interrompu, et Nina a promptement été emmenée par le service de sécurité. Mais le message reste : « il nous reste 761 jours », (avant la catastrophe écologique) proclamait-elle sur son t-shirt. À l’approche de la cérémonie des Oscars 2023, on peut s’interroger sur le poids du cinéma face à l’urgence écologique.

L’impact carbone du cinéma, loin des paillettes

Après cette intervention aux Césars, certaines figures du cinéma français, comme Cyril Dion, ont dénoncé la timidité du cinéma français quant aux sujets écologiques. Le cinéma a en effet un rôle à jouer pour « participer à bouleverser les représentations du monde », mais également en tant qu’industrie.

Un timide bilan carbone des tournages de cinéma

En effet, le cinéma n’est pas qu’une image. Des tournages, à la promotion, puis au visionnage dans les salles ou à la maison, l’industrie du cinéma produit des émissions de gaz à effet de serre bien réelles. Le secteur du cinéma français émettrait 1,7 million de tonnes d’équivalent carbone par an, selon une étude d’Ecoprod(1) -soit l‘impact carbone de près de 200.000 Français !

cinema ecolo

L’urgence écologique s’immisce dans la cérémonie des Césars – capture d’écran Youtube

Qu’il s’agisse de longs-métrages, de séries, de fictions, de documentaires ou de films d’animation, tous les médias possèdent un impact carbone important. Ecoprod estime que le tournage d’un seul épisode d’une série à Paris émet en moyenne 35 tonnes d’équivalent carbone.

Le tournage d’un film ou d’une série représente un quart du total des émissions. Les plus gros postes ? Le transport et la logistique en général. S’ensuit la consommation d’énergie -la lumière notamment. Les décors de cinéma sont eux aussi très générateurs de pollution, et produisent surtout des déchets en masse, étant donné qu’ils ne sont généralement utilisés qu’une seule fois.

La promotion du film pose également des problématiques de transport : l’équipe du film doit se rendre aux festivals de cinéma, sur les plateaux télé… pour promouvoir le film : autant de déplacements coûteux en CO2. Et de robes, de maquillage, de coiffures, de paillettes… peu portés sur la sobriété environnementale.

Des alternatives existent pour diminuer cet impact carbone : limiter les grands déplacements lors des tournages, promouvoir, autant que possible, les déplacements en train plutôt qu’en avion, proposer des alternatives végétariennes lors des repas, privilégier les décors réutilisables, les interviews en visio lors de la promotion du film…

film ecolo

Un fond vert ne suffit pas à faire un tournage plus écolo ©Fulltimegipsy

Les lignes commencent à bouger timidement : à partir de la fin de ce mois de mars, un bilan carbone des oeuvres réalisées sera demandé aux équipes de production, qui déterminera les aides accordées par le CNC (Centre National du Cinéma). Une façon, d’ores et déjà, de chiffrer l‘impact carbone de la réalisation d’un film. Les aides pourront être, à terme, réduites si un film est considéré comme trop polluant.

Verdir les salles obscures

L’impact carbone du cinéma concerne également le visionnage dans les salles. Là, le chauffage, la ventilation et la climatisation sont les principaux postes de dépense d’énergie (près des 2/3). Ici aussi, les choses bougent doucement ; le plan Action ! du CNC vise à aider les salles de cinéma à réduire leurs consommations d’énergie. Des solutions (plus anecdotiques) peuvent être aussi mises en place, comme le tri des déchets, ou une offre de restauration plus écologique.

En tant que spectateurs, nous avons également notre rôle, en privilégiant par exemple les transports en commun pour nous rendre au cinéma. Et pas question de bouder les salles obscures pour autant : le visionnage en streaming, sur son écran d’ordinateur, est également important en termes d’émissions de CO2. D’après The Shift Project(2), la vidéo en ligne génère 300 millions de tonnes de C02 par an !

Il est donc temps de passer à un cinéma plus sobre : à la fois en termes de choix des sujets, de tournage, de promotion ; les acteurs et les réalisateurs ont une responsabilité à jouer, en tant qu’influenceurs, pour diminuer le bling et les paillettes. Et nous, spectateurs, nous pouvons également de choisir de visionner des films plus écolo, et de diminuer le binge watching (visionnage en masse), qu’il s’agisse de films ou de séries. On apprécie un bon film, une fois de temps en temps, au cinéma, et on évite de regarder des séries sur son ordi jusqu’à 4 heures du matin. Un cinéma plus écolo, ce n’est pas (seulement) choisir du pop-corn bio à la buvette !

Illustration bannière : une industrie du film plus écolo © kckate16
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