L’Europe s’engage (enfin) pour rendre les appareils plus durables

Obsolescence programmée, produits non réparables, gaspillages de matière… De nombreuses pratiques de fabricants continuent à aller à l’encontre du développement durable. Epinglées par les médias et les ONG, ces pratiques nous indignent. Mais que font les pouvoirs publics ?

Rédigé par Guide TopTen, le 18 Jan 2018, à 7 h 40 min
L’Europe s’engage (enfin) pour rendre les appareils plus durables
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Marché commun oblige, les normes portant sur les produits sont souvent de la responsabilité des autorités européennes. Ça tombe bien, car depuis 2005 l’Union Européenne dispose justement d’une Directive portant sur l’éco-conception des produits. Elle permet d’obliger les fabricants à respecter certaines règles et prescriptions écologiques pour tous les produits qu’ils mettent sur le marché.

Jusqu’à présent, cette Directive avait été essentiellement utilisée pour faire baisser la consommation d’énergie et d’eau des appareils électroménagers et informatiques. C’est de bon augure, mais insuffisant. Il est temps de s’attaquer au gaspillage des autres ressources : métaux, plastiques, terres rares, etc.

Des prescriptions sur la durabilité

Concrètement, comment contraindre les fabricants à s’améliorer et à rendre leurs produits plus durables ? Il s’agit de fixer des obligations suffisamment précises et contrôlables. Car on sait que quand les règles sont trop générales ou trop floues, les industriels finissent par trouver des échappatoires.

appareils plus durables

© fizkes

Des travaux ont donc été menés à différents niveaux pour définir de telles règles. On peut citer en France un rapport de l’ADEME sur l’allongement de la durée de vie des produits(1).

Parmi les mesures fréquemment discutées, on trouve par exemple : une information plus claire sur la durée de vie des modèles, des garanties légales plus longues, des prescriptions techniques pour rendre les appareils plus facilement réparables et réutilisables, ou encore le marquage et la réduction de certains matériaux critiques.

Lire aussi : Obsolescence programmée : quand la loi ne suffit pas, c’est aux citoyens d’agir

Une route encore longue vers des appareils plus durables

Si la sensibilité à ces questions s’accroît, on constate que les avancées sont encore lentes et que des résistances s’organisent. Les fabricants d’appareils électroniques font particulièrement obstacle lors des consultations à Bruxelles. Ils mettent en avant, pêle-mêle, les contraintes à l’innovation, ou le risque d’augmenter les coûts de fabrication. La route vers la durabilité, ou mieux l’économie totalement circulaire, est donc encore longue.

Les premières mesures très concrètes devraient entrer en vigueur vers 2020 sur une première série de produits. Elles n’ont pas été définitivement votées, mais pourraient inclure par exemple :

  • Pour les gros appareils électroménager, obligation pour les fabricants de stocker des pièces détachées pendant un temps suffisant, de fournir les documents nécessaires aux centres de réparation agréés, ou encore de prévoir une conception qui rende possible l’extraction de certains composants comme les circuits électroniques.
  • Pour les téléviseurs, l’interdiction de coller ensemble les composants électroniques (rendant leur changement impossible), l’obligation de marquage des plastiques, et une indication obligatoire de la présence de mercure ou cadmium.

En revanche, pour un produit emblématique comme le smartphone, il faudra attendre encore plus longtemps puisque les études préparatoires n’ont même pas encore été lancées !

Si l’on peut donc s’attendre à ce que les fabricants soient de plus en plus contraints réglementairement, il ne faut pas non plus en attendre des miracles. Car la Commission européenne devra faire des compromis avec les industriels, et certaines avancées n’auront d’effet que si les consommateurs y mettent aussi du leur.

appareils plus durables

Évitons la surconsommation © fotoinfot

En effet, une plus grande durabilité et un gaspillage moins important peuvent aussi passer par une évolution de nos comportements.

Premier exemple : un appareil parfaitement conçu pour être recyclé ou réutilisable ne le sera certainement pas si nous ne le trions pas correctement et qu’il ne se retrouve pas au bon endroit. Évitons donc de jeter n’importe comment, notamment les petits appareils électriques et électroniques. Haro sur la poubelle grise ! En quelques minutes, on peut tout comprendre en consultant par exemple le site d’Eco-systèmes.

Autre illustration : la tendance à vouloir changer de téléphone portable tous les deux ans ne va certainement pas dans le bon sens. Les fabricants en sont en partie responsables (par l’obsolescence rapide des matériels, et leur marketing agressif). Mais, avouons-le, nous sommes aussi un peu moteurs dans cette quête irrépressible de la nouveauté et de la performance. Une plus grande modération aurait des conséquences bénéfiques immédiates.

Accueillons donc positivement la prise en compte de ces préoccupations au niveau des instances européennes, sans oublier que nous avons aussi un rôle à jouer…

Illustration bannière : déchets électriques et électroniques – © Africa Studio
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