Si les humains vivaient comme des orangs-outans…

Des siècles d’observation de la Nature nous ont conduit à changer de regard sur elle. Mais le chemin est encore long, surtout pour casser les idées reçues sur le comportement animal. Et si on regardait les choses un peu dans l’autre sens comme ici en prenant l’exemple des orangs-outans ?

Rédigé par Julien Hoffmann, le 14 May 2020, à 8 h 00 min
Si les humains vivaient comme des orangs-outans…
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Les orangs-outans, nom qui signifie « homme de la forêt » en malais, sont des primates particulièrement étudiés qui (sur)vivent à Sumatra, Bornéo et Tanapuli en Indonésie formant 3 espèces distinctes, mais étaient autrefois étaient largement répartis dans l’ensemble de l’Asie du Sud-Est. Proches des autres grands singes, ils n’ont cependant pas du tout le même mode de fonctionnement et ont développé bien des comportements qui leurs sont tout à fait spécifiques.

Si on vivait comme ce grand singe le plus proche de l’Homme maintenant en grand danger d’extinction :

Nous serions nomades

Les orangs-outans vivent seuls pour les mâles et accompagnées de leurs petits pour les femelles, mais dans un cas comme dans l’autre, leur grande taille impose une recherche de nourriture en conséquence.
À la recherche permanente de fruits, de feuilles et même de quelques insectes pour se nourrir, ces grands mammifères arboricoles se déplacent continuellement ou presque pour trouver leur repas.

singe orang outan

un singe orang-outan en train de finaliser son nid du jour © sabine t

Mais « simplement » se déplacer au gré des ressources sans territoire précis, n’occupe pas toutes leurs journées, ils doivent également se soucier d’où ils vont passer la nuit. Ainsi, tous les soirs c’est le même rituel pour tous les orangs-outans de la planète : ils se fabriquent un nouveau lit douillet dans les arbres pour passer la nuit !

Nous communiquerions de manière à éviter les conflits

Dans une forêt primaire ou secondaire – les grands orang-outans fréquentent les deux -, la canopée est d’une telle densité, et les distances parcourues si importantes, que leur quotidien est jalonné d’obstacles et parfois de rencontres qui pourraient être sources de conflits. Bien que ces grands singes soient généralement passifs, les agressions entre ces primates sont monnaie courante.

C’est pour éviter cela que les orangs-outans émettent régulièrement des séries de cris puissants  : pour marquer leur territoire, appeler les femelles, mais aussi se faire entendre de leurs congénères des territoires voisins et leur signifier la direction qu’ils prendront le lendemain. Quelque chose du style : « j’irai au sud-ouest demain matin ».

La façon dont ils se font comprendre reste encore floue, mais ce type de communication semble très bien fonctionner au point que les conflits pour la recherche de nourriture sont très rares. Un mode de fonctionnement précieux pour limiter la dépense d’énergie dédiée à cet effet.

Ce que cela implique cependant d’autre, et c’est fascinant, c’est que, en planifiant leur déplacement un jour à l’avance, les orang-outans sont de fait capables de se projeter dans l’avenir…

Lire aussi : Si les Hommes vivaient comme des bonobos

Nous aurions aussi une culture et des savoirs à transmettre

La culture est considérée comme un ensemble de savoirs et de pratiques qui se partagent et se transmettent socialement sans considération génétique.

Partant de cette définition des chercheurs ont étudié 100.000 heures de données comportementales sur les orangs-outans qu’ils ont mis en parallèle de plus de 150 analyses génétiques pour définir d’où venaient les disparités de fonctionnement de certains spécimens par rapport à d’autres.

Ils ont pu alors relever que, par besoin d’adaptation à un milieu qui peut évoluer au cours de leur vie pouvant aller jusqu’à 40 ans, les orangs-outans assimilent des comportements propres à chaque individu qui les transmet à ses descendants à son tour !

singe ourang-outan

Une culture à assimiler et de longues années d’apprentissage pour ce jeune orang-outan © Don Mammoser

L’apprentissage des jeunes est d’ailleurs long aux côtés de sa mère, durant 7 à 8 ans en moyenne… Une fois formé aux rudiments de la vie en forêt, le jeune singe ourang-outan pourra partir à son tour vivre sa vie de solitaire.

Plus nous serions heureux, plus nous serions en bonne santé…

… ou inversement ! C’est ce qui ressort du suivi de plus de 200 orangs-outans en captivité pour lesquels la recherche se penche sur tous les mécanismes qui pourraient permettre de les relâcher plus efficacement dans la Nature(1).

Le suivi a été réalisé en observant le niveau de bonheur des orangs-outans pour définir un lien de cause à effet avec le niveau de santé des animaux ce qui pose la question de savoir si en réalité ce n’est pas le niveau de santé qui en réalité faisait le niveau de bonheur.

Une chose est cependant certaine, c’est que le phénomène n’est pas du tout anodin dans la mesure où les orangs-outans « heureux » ont une espérance de vie de 11 ans supérieure aux autres. Du grain à moudre pour un « Bonheur National Brut » comme au Bhoutan ? Mais pourtant…

Illustration bannière : Un regard peut vraiment en dire long © Sergey Uryadnikov
Références :
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