Knacki et santé : ce que cachent 50 années de saucisses industrielles

La fameuse saucisse Knacki, qui fête ses 50 ans cette année, reste un symbole du rayon charcuterie. Mais derrière son succès se cachent des ingrédients complexes, des additifs controversés et des apports nutritionnels insuffisants.

Rédigé par , le 26 Sep 2025, à 9 h 48 min
Knacki et santé : ce que cachent 50 années de saucisses industrielles
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Depuis 1975, la saucisse Knacki s’invite dans les foyers français comme un aliment pratique et populaire. Or, derrière son image conviviale se dissimule une composition industrielle qui n’est pas exempte de critiques.

Les Knacki, un produit ultra-transformé

Les saucisses Knacki sont généralement classées parmi les produits ultra-transformés, comme l’indique la présence d’une quinzaine d’ingrédients dans leur version classique, comme l’a remarqué BFM RMC Conso. Selon la fiche produit officielle, dans la version « Knacki Original 100 % Pur Porc », la composition détaillée inclut : viande de porc 73 %, eau, gras de porc, sel, sucre, protéines de lait, isolat de protéines de pois, fibre de blé, extrait de levure, arômes, antioxydant (isoascorbate de sodium), conservateur (nitrite de sodium), ferments et fumage. La présence d’additifs apparaît clairement dans les formulations : le nitrite de sodium (E250) est utilisé comme agent de conservation, tandis que l’érythorbate de sodium (E316) joue un rôle antioxydant.

Par ailleurs, certaines versions « sans nitrite » revendiquent une formulation allégée en additifs : par exemple, la version sans nitrite mentionne 12 ingrédients et 77,9 % de viande de porc comme premier élément. La marque Herta signale par ailleurs que les Knacki contiennent colorants naturels (extraits végétaux) et conservateurs « en faible quantité ».

Les valeurs nutritionnelles disponibles confirment que les Knacki restent un produit à densité calorique élevée : pour 100 g, on compte environ 260 kcal, 23 g de lipides (dont 8,7 g d’acides gras saturés), 12 g de protéines et 1,8 g de sel. En proportion, cela fait un ratio lipides/protéines < 2, ce qui indique que la saucisse est surtout une source de graisses supplémentaires. Le sel constitue un point critique : 1,8 g pour 100 g représente près d’un tiers à la moitié de l’apport quotidien maximal recommandé (5 g de sel/jour). Interviewée par RMC, la diététicienne Catherine Poggi constate que « les matières grasses, tout comme les acides gras saturés, sont en quantité trop élevée », et que « le sel […] est un autre souci ».

Les nitrites, l’autre problème majeur des Knacki

Le recours aux nitrites dans les saucisses pose un enjeu sanitaire bien documenté. Les nitrites assurent la conservation, l’inhibition de Clostridium botulinum et la coloration de la viande. Toutefois, leur rôle est controversé car ils peuvent conduire à la formation de nitrosamines, substances potentiellement cancérogènes. Catherine Poggi avertit : « le nitrite est un additif cancérogène, … associé à un risque accru de cancer colorectal ». La nouvelle réglementation européenne (Règlement UE 2023/2108) va d’ailleurs renforcer les contraintes : dès le 9 octobre 2025, le maximum autorisé de nitrites ajoutés sera réduit à 80 mg/kg pour les produits carnés, avec un niveau résiduel surveillé.

Par ailleurs, l’exposition cumulative aux nitrates et nitrites dans l’alimentation est en cours de réévaluation par les agences sanitaires (l’ANSES en France et l’EFSA au niveau européen), ce qui témoigne de la vigilance actuelle sur ce sujet. Ainsi, les Knacki s’inscrivent dans la problématique plus large des produits carnés transformés et de leur impact potentiel sur la santé à long terme.

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Privilégier d’autres sources de protéines moins transformées

Même si les Knacki sont pratiques, elles présentent des limites importantes du point de vue nutritionnel. Leur statut de produit ultra-transformé les rend moins favorables à une consommation régulière. En effet, la diététicienne estime que ce produit « doit rester très ponctuel et à titre de solution de dépannage ». En pratique, cela suggère de privilégier d’autres sources de protéines moins transformées — viandes maigres, oeufs, légumineuses, poisson — et de réserver la Knacki à un usage occasionnel. Il est également possible de regarder vers les versions « sans nitrite » ou « réduites en sel » proposées par certaines marques, en comparant les étiquetages.

Du point de vue réglementaire, les fabricants devront s’adapter aux nouvelles limites sur les nitrites. Cela pourrait pousser les industriels à innover — recours à des cultures protectrices, réduction d’additifs, formulation plus simple. Par ailleurs, le développement de substituts végétariens ou hybrides est déjà visible : la gamme Knacki Veggie contient des ingrédients végétaux (protéines de blé, isolat de pois) et ne repose pas sur la viande ni les nitrites classiques.

Enfin, une bonne pratique consiste à lire attentivement les étiquettes — notamment la liste d’ingrédients et le niveau de sel — et à composer des repas variés pour limiter l’exposition aux composants les plus problématiques (sel, nitrites, acides gras saturés).

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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