L’économie positive réinvente le capitalisme à long terme

Rédigé par Jean-Marie, le 17 Oct 2014, à 16 h 04 min
L’économie positive réinvente le capitalisme à long terme
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Bien des analystes considèrent que la crise que nous traversons offre une dimension systémique qui justifie une réponse globale. Pour répondre à la crise économique et la crise écologique, il faut donc se doter d’un cadre théorique qui permet d’avoir une vision d’ensemble. Seul un plan d’action d’ensemble est susceptible d’être à la hauteur d’une mutation systémique qui s’inscrit dans la durée.

C’est cette volonté de synthèse et d’approche globale sortie des contraintes du seul court terme, qui a donné naissance à la notion d’économie positive. Un peu lâche, cette concept a toutefois la qualité de nous donner un prisme de lecture auquel on peut rattacher à peu près toutes les initiatives qui bouillonnent un peu partout dans le monde.

Qu’est-ce qu’une économie positive ?

économie positiveUn économie « positive » est une économie dont l’ensemble du fonctionnement contribue à préserver les intérêts de l’environnement et des générations futures.

Tout, ses institutions, son système éducatif,  ses structures économiques dominantes, … sa culture ont le souci de ne pas obérer le futur des générations qui vont nous succéder.

Pour quantifier cette économie positive, le Mouvement pour une économie positive, lancé par Jacques Attali [1] a élaboré un indice qui mélange 29 indicateurs pour déterminer le degré de « positivité » d’un pays et de son économie. [2]. En somme l’économie positive tente une synthèse de toutes ces approches que nous avons mentionnées (RSE, développement durable, Jugaad, économie bleue, l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité, inclusive business, …)

energie-renouvelable-villes

Trois indicateurs particuliers ont été créés spécifiquement pour cette indice de l’économie positive :

1 – la mesure le niveau de reproduction des inégalités par le système éducatif,

2 – la représentativité du Parlement (diversité des âges des parlementaires,…),

3 – le degré de tolérance aux autres (acceptabilité des pratiques sexuelles ou religieuses différentes des pratiques dominantes, acceptabilité des personnes d’origines différentes).

Ces trois critères sont peu présents dans les autres visions, plus économiques, de cette nouvelle société. L’économie positive accorde ainsi une grande importance au facteur éducatif et humain.

économie positive

Et une de ses contributions majeures, en tout cas un de ses objectifs centraux, est de développer l’emploi en développant l’employabilité des gens. Ce sont les systèmes éducatifs et de formation permanente qui sont les rouages essentiels de cette approche. Cette approche, fort logiquement, tient compte de l’allongement de la durée de vie et propose aux seniors de continuer à travailler après 50 ans après s’être formés tout le long de leur carrière.

Comment est construit l’indice de « positivité » :

indice-économie-positive-construction

En France, on a forcément en tête l’absurdité d’un système d’obsolescence programmée des « seniors » qui ne sont plus employables à partir de 50 voir 45 ans avec, en parallèle,  80 % des chômeurs qui ont un niveau de revenu inférieur à 1,5 smic avant de perdre leur emploi.

pays-economie-positive

La France est en 18ème position de ce palmarès des pays positifs

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« L’économie positive considère le monde comme une entité vivante, qu’il convient de protéger et de valoriser et dont l’humanité n’est qu’une des dimensions ». 

Jacques-Attali-économie-positiveInvité à parler de l’éthique dans le monde de l’entreprise en sept. 2014 lors du LH Forum (créé par Jacques Attali (photo)), Claude Bébéar, Président de l’Institut Montaigne, un ancien grand patron, considère que « l’éthique de l’entreprise ne doit pas rester un concept mais constituer un réel engagement ».

Face à la mondialisation et à la nécessité d’être performant, compétitivité et recherche du profit sont des facteurs jugés souvent trop essentiels par les entreprises, « l’enjeu est aujourd’hui de travailler en intégrer un sens moral à toutes activités, pour le bien général, aussi bien pour celui de l’entreprise que pour l’ensemble de ses fidèles collaborateurs ».

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

8 commentaires Donnez votre avis
  1. le concept de l’économie positive est nouveau mais reste très encourageant par rapport a la préservation de l’environnement a condition que les états l’intègrent dans leur politique de développement. On a le cas des EIE ( etudes d’impacts environnementale ) intégré dans la réalisation des projets structurants par la banque mondiale qui a donné un coup de pousse dans la préservation de l’environnement lors de la réalisation des grands projets.Si le concept de l’économie positive est intégré dans le financement de tous les projets dans les états, alors le monde préservera plus facilement les intérêt des générations présents et futurs donc consolider le concept de développement durable

  2. Quand je vous les commentaires ci dessous, je m’aperçois qu’on est bien en France.C’est sur qu’avec des avis aussi négatifs contre tous ceux qui essaient de faire bien, on va pas aller très loin.C ‘est typiquement français.Un beau pays mais des gens overdosés par le pessimisme véhiculé par les médias.

  3. vue très optimiste et je trouve un peu naïve.ceux qui dirigent le monde:politiques;lobbys ,justice ; médecine,.tous cherchent à s’enrichir et « utilisent »le soit disant long terme,soit disant équitable mais tiennent bon contre tt changement qui leur enlèverai qq privilèges.un exemple:on sait que la cigarette détruit la santé;on la taxe;on l’interdit(aux jeunes),on vapotte…alors qu’il suffirait d’interdir les produits dangereux ajoutés au tabac,et surtout les produits qui rendent addict.
    la voiture électrique est prônée,cachant la possibilité de voiture à eau .on n’incite pas à freiner nos consommations (essence,electricité;electronique,piles,lumière;chauffage et clim;bains et piscines…) ,or ce sont elles qui coutent cher en énergie couteuse.
    on fait semblant de penser aux générations futures,mais on les élève dans des envies,des modes et des caprices.peu d’enfants se contentent jouer sans artifice électrique ou electronique.Plus tard ils consommeront plus que leurs parents et seront plus sensibles aux publicités .Je ne veux pas dire qu’on est foutu,mais je pense qu’on fait semblant ,au fond,tous les décideurs veulent que la consommation augmente;

  4. Quand je lis cet article, j’ai l’impression qu’on essaye de nous faire croire qu’on vit au pays des Bisounours ! la réalité est (hélas !) tout autre !!! Les entreprises ont changé ces 30 dernières années : vrai, en pire !!! Des grands patrons qui ne pensent pas uniquement à l’accroissement des dividendes de leurs actionnaires, je n’en connais guère et les entreprises qui délocalisent pour ne plus payer d’impôts et faire encore plus de bénéfices sont légions, sans parler de celles, tout aussi nombreuses, qui licencient alors qu’elles font des bénéfices somptueux !!! Même si certaines personnes sèment des « graines » d’économie positive, ma génération n’en verra pas les fruits, c’est certain, et même pas sûre que celle de mes fils en voie non plus…

  5. L’économie positive est liée à la technologie positiveLa technologie nécessaire doit se développer pour chérir, pour choisir, pour nourrir….. et pas pour salir, pour souffrir, pour mourir……. Nourrir à toute la population et pas mourir de faim aux victimes de l’industrialisation. Mais, dans un pari suicidaire, on décante pour utiliser cette technologie pour nourrir les privilèges d’un petit pourcentage de cette population. L’image que l’on se fait du « développement technologique » doit changer. Face à des évolutions qui leur dépassent, les pays développés doivent réajuster leur action. Le principe c’est d’abord de ne pas nuire et détruire car la science sans conscience peut conduire à la famine et à la violence.

  6. Méfions-nous : les prophètes de « l’économie » positive d’aujourd’hui se prélassaient hier dans l’économie négative.

  7. Je pense que c’est un concept normal pour tout être humain qui jouit de son bon sens qui, n’est d’ailleurs pas nouveau si on s’en tien à la structure actuelle de l’univers et des réalités circonstancielles de la vie quotienne

  8. Je viens de lire (certains passages en diagonale) le document du groupe de travail dirigé par Attali. Il est librement consultable ici : ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000625/0000.pdf

    Qu’en dire ? Rien de vraiment neuf, juste une compilation des actions actuelles réalisées à une échelle limitée. Et là se trouve l’intérêt du document qui, enfin, compile des actions éparpillées pour les faire interagir.

    Certes, l’idée de cette « économie positive » est louable, puisque dirigée sur le long terme et orientée vers la préservation de l’environnement social et naturel pour les générations futures tout en tentant de le faire sans « sacrifice » pour les générations actuelles.

    Hélas, elle ne remet en question ni le capitalisme ni les inégalités sociales. En clair, en lisant la quarantaine de propositions, on est devant un ensemble d’idées de lois pour « forcer » les entreprises à devenir « responsables ». Quid des différences de salaire ? Une maigre ligne sur une indexation du salaire du dirigeant (qui devra avoir un « diplôme ») en fonction des résultats positifs de son entreprise… Il peut garder un x20, ça, Attali n’en a cure (et ça s’explique).

    De plus c’est encore une fois orienté production (privée) qui se doit d’être propre et sociale et non une réponse à des besoins populaires de consommation devant s’adapter à l’écosystème planétaire. Après le capitalisme terrien (de l’Antiquité au Moyen-Age), après le capitalisme industriel (du XVIIIème au XXème siècle), après le capitalisme financier (de la seconde guerre mondiale à aujourd’hui), il nous dirige vers le capitalisme « positif », c’est à dire augmenter la production pour augmenter la richesse (de certains surtout) et non augmenter la production pour répondre à des besoins démographique et culturels…

    J’ai même bondi sur une phrase pour m’apercevoir que Jean-Marie l’avait mise hors de son contexte dans son article :

    « L’économie positive considère le monde comme une entité vivante, qu’il convient de protéger et de valoriser et dont l’humanité n’est qu’une des dimensions »

    Remise dans son contexte, « valoriser » est bien dans le sens donner de la valeur financière… Je me suis pris pour un avaleur de sabre pour faire passer le truc…

    Je ne peux pas être contre l’idée fondamentale d’Attali et j’irai jusqu’à le remercier d’avoir organiser cet énorme travail de synthèse. Dans le système actuel, une personne avec son poids politique aura plus d’influence que toutes les « grande gueule » des forums internet.

    Sauf que, pour moi, je ne peux adhérer à ses solutions qui ne changeront rien fondamentalement. Tant que la notion de propriété privée de la production existera, quelque soit le cadre législatif, tout sera fait pour le profit d’une minorité volontairement inconsciente au détriment de tous les autres, de la biosphère et des générations futures.

Moi aussi je donne mon avis