Accord climat de Lima – Plus ça change…

Rédigé par Stephen Boucher, le 18 Dec 2014, à 15 h 13 min
Accord climat de Lima – Plus ça change…
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Après deux semaines ardues, les diplomates du climat du monde entier sont parvenus à un point d’étape, le samedi 13 décembre, avant la négociation internationale de décembre 2015, à Paris. Celle-ci, après l’échec de Copenhague en 2009, doit permettre de dégager les grandes lignes d’un accord et de mesures permettant de maintenir l’augmentation des températures en-dessous de 2°C d’ici la fin du siècle par rapport au début de l’ère industrielle. Les avancées de ce samedi augurent-elles d’un accord suffisant dans 12 mois ?

A Lima, accord a minima

Selon les ONGs environnementales, des « progrès limités » ont été réalisés au Pérou, « en particulier sur la fourniture d’un soutien financier aux pays pauvres à s’adapter au changement climatique, et sur la réparation des dommages causés par les phénomènes météorologiques extrêmes », estime ainsi Wendel Trio, directeur du Réseau Action Climate Europe. Toutefois, ceci est jugé « décevant après les signes positifs envoyés lors du sommet de New York et les récentes annonces concernant les réductions d’émissions et des engagements financiers ».

conférence de lima climat cop20 accordsDu côté du Ministère des Affaires Étrangères français, à la barre pour préparer Paris, l’appréciation est pour le moins… diplomatique : « une base de travail pour préparer Paris Climat 2015 » selon le communiqué officiel. « L’Appel de Lima pour l’Action sur le Climat précise le contour des contributions nationales que chaque pays devra communiquer au début de l’année prochaine. C’était un élément essentiel pour poursuivre la dynamique des récentes annonces de l’Union Européenne, des États-Unis et de la Chine sur la réduction de gaz à effet de serre. Il contient aussi les prémices de l’accord de Paris. Cet accord, qui demandera encore un travail important et délicat, devra apporter des réponses concrètes pour lutter contre le dérèglement climatique, notamment en faveur des pays les plus vulnérables. »

Premier enseignement de cet accord : les négociateurs semblent attendre que les Chefs d’État et de gouvernement des 195 pays participant aux tractations internationales soient physiquement réunis pour faire bouger les choses.

2°C d’augmentation des températures d’ici la fin du siècle, désormais un leurre ?

lac-bolboci-climat-banEn d’autres termes, la France, qui prendra les rênes des préparations à partir du 1er janvier, a beaucoup de travail devant elle pour combler l’écart des émissions en cours entre ce que les pays envisagent de faire d’ici à 2020, et ce qui est nécessaire pour maintenir la température en-deçà de 2°C et éviter un changement climatique catastrophique. Quelques 10 milliards de tonnes d’équivalent-CO2, selon l’estimation des Nations Unies.

De fait, les négociations ne semblent plus avoir cet objectif de 2°C que comme indicateur symbolique. Les engagements récents des États-Unis, de la Chine, de l’Europe sont encourageants pour un accord global, car impulsant une dynamique diplomatique forte.

beijing-pekin-chine-pollution-climat-00-banMais ils ne suffiront pas à inscrire le monde sur une trajectoire de limitation des températures en-dessous de 2°C. Selon le rapport du très réputé Climate Action Tracker, les engagements mis sur la table à ce jour dans le monde ne permettent de contenir l’élévation des températures qu’à +3.6°C à +4.2°C, contre une augmentation de +4.8°C si rien n’était fait. Donc entre ce qui est promis de faire et l’inaction, la différence est significative mais insuffisante.

Deuxième constat donc : ces négociations se font avec une apparence d’engagement sur un objectif de 2°C, mais qui dans la pratique est abandonné.

Les négociations reprendront dès le mois de février. Pour éviter que Paris ne soit le prochain Copenhague, il faudra donc aboutir à un accord coute que coute, mais pas à n’importe quel prix. Il reste donc 10 mois pour répondre à toutes les questions que le texte adopté à Lima, très ouvert, a laissées sans réponse. C’est encore possible, si la volonté politique est au rendez-vous fin 2015.

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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. Est-ce qu’on discute avec la mort? Un homme intelligent ou normal est capable de voir la mort de l’humanité s’approcher avec le réchauffement de la planète et se met en action pour la défendre. J’aimerais entendre d’ici peut que les USA ou la Chine ont trouvé le bouclier anti réchauffement climatique, inondation, tempête, volcan, …. Devant la révolte de la nature, il n’y a point de puissance ! Les nations doivent cesser avec leurs orgueils de puissance car ni la lune, ni mars et ni autre planète ne sauveront leurs générations. Nous félicitons quand même les efforts et le courage de l’UE dans les dossiers de l’environnement, qu’elle aille de l’avant.

  2. Tout le monde est d’accord, on ne peut plus continuer le bétonnage, on est arrivé à un stade où les catastrophes s’enchainent. Mais pourquoi les grands projets inutiles continuent-ils ? Les inondations dans le Sud Est sont une conséquence de l’urbanisation massive, alors si on ne veut pas voir la même chose à Nantes, ne construisons pas ce nouvel aéroport de N. D. des Landes qui supprimerait des hectares de zones humides essentielles en cas d’inondations et de sécheresse en plus de préserver une biodiversité très riche. Les ceintures maraichères autour des grandes villes sont à privilégier pour diminuer l’effet de serre. Les aéroports sont déjà trop nombreux et déficitaires mais les collectivités locales, donc nos impôts financent ces déficits au profit des grandes firmes. L’opinion publique doit dénoncer ces scandales écologiques, financiers, sociaux pour contrer les intérêts des lobbies qui dirigent nos politiques.

  3. Quelle déception encore une fois. Se réunir pour ne presque rien faire pendant que les dangers nous guettent tous.

  4. comme d’hab, on se réunit pour décider du programme de la prochaine réunion mais surtout sans avancer d’un pas. marre de ces politicards qui font dans leur froc devant les lobbies. marre de la présentation par les media des pseudo avancées genre « accord historique USA-CHINE »… qui s’engagent surtout à pouvoir émettre du CO2 jusqu’en 2030 avant d’arrêter et à prendre le niveau des émissions de 2030 comme base à ne pas dépasser. et les media gobent. cherchez l’erreur.

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