TAFTA : la mobilisation citoyenne fait avancer le dossier

Rédigé par Alan Van Brackel, le 17 Jun 2015, à 14 h 27 min
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Le Parlement européen ne parvient pas à s’imposer sur le dossier controversé d’un accord commercial transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, dit « TAFTA ». Suite à la décision du président du Parlement Européen le 10 juin de reporter le vote consultatif des eurodéputés sur le sujet, il faut se rendre à l’évidence : c’est la mobilisation citoyenne qui fait actuellement avancer le dossier.

Les citoyens européens contre TAFTA

Les remous autour de TAFTA (ou TTIP dans son acronyme anglophone) ne datent pas d’hier et plusieurs collectifs ont été rapidement montés pour contrarier les actions possibles de la Commission européenne. En décembre 2014, celle-ci invalidait l’initiative citoyenne de Stop TTIP contre le projet de traité transatlantique, qui avait pourtant rassemblé plus d’un million de signatures. De quoi compliquer les revendications citoyennes. Aux deux millions de signatures finalement rassemblées par l’initiative citoyenne s’ajoutaient des milliers d’e-mails envoyés aux députés européens par des citoyens s’opposant aux pouvoirs renforcés de multinationales.

Les raisons de la gronde

Pour mieux comprendre la gronde, revenons brièvement sur les arguments des opposants et notamment la vidéo du collectif #DATAGUEULE :

Ce que les différents collectifs dénoncent, c’est l’harmonisation induite par TAFTA, soit la possible remise en cause de réglementations européennes protectrices, notamment dans le domaine agro-alimentaire, comme le rappelle l’association France Nature Environnement.

TAFTA-differences-etats-unis-europe-agro-alimentaire

Aux Etats-Unis, bon nombre de pratiques sont permises à l’inverse de l’Europe, et notamment une part plus grande pour les OGM bien entendu, mais également les farines animales, les hormones de croissance et les antibiotiques pour l’élevage des bovins, le chlore et assimilés pour rincer la viande, ainsi que la ractopamine pour les animaux d’élevage et notamment les porcs, interdite dans plus de 160 pays, que les producteurs de porcs américains veulent imposer.

Autre différence : la traçabilité de la viande, obligatoire en Europe et parfaitement facultative aux Etats-Unis, ou encore le nombre d’additifs alimentaires autorisés.

TAFTA : des craintes partagées

Ces revendications ne sont pas le fait des seules organisations de la société civile. Jean Arthuis, eurodéputé centriste, voit ainsi dans le projet de traité 7 risques majeurs :

  1. L’arbitrage privé des litiges entre Etats et entreprises, qui remet en cause la souveraineté des Etats.
  2. La remise en cause du système européen des appellations d’origine.
  3. L’espionnage des particuliers, comme révélé par l’affaire Snowden.
  4. La création d’un espace financier commun transatlantique, sans régulation commune de la finance.
  5. La remise en cause de la protection sanitaire européenne.
  6. La remise en cause du dumping monétaire pratiqué par les Etats-Unis.
  7. L’insuffisante protection de l’exception culturelle.

Des risques pour la justice et les normes européennes

Outre ces différences, le partenariat transatlantique concerne également la justice : à l’image de ce que Bayer avait déjà tenté concernant les abeilles, les firmes internationales auraient la possibilité de poursuivre un ou plusieurs gouvernement devant des tribunaux privés. Les décisions locales ou plutôt nationales sur les plans sanitaire, alimentaire, social et environnemental, sont concernés, comme l’explique une vidéo de SumOfUs :

Cela concerne également l’agroécologie, la fracturation hydraulique, et même la protection sociale ou les salaires, si les mesures prises par les Etats contrarient le profit des entreprises.

Le Parlement européen n’a pas dit son dernier mot sur TAFTA

Le projet de résolution sur le traité transatlantique TAFTA avait été adopté le 28 mai par la commission Commerce international du Parlement européen (INTA) et devait être voté en séance plénière par la Commision le mercredi 10 juin, une action reportée par le Président du Parlement Martin Schulz et le rapporteur Bernd Lange, avec l’approbation du groupe conservateur PPE.

En cause : pas d’accord politique, une première historique pour la Commission, signe également de la faiblesse de la mandature actuelle face au Conseil (les gouvernements) et à la Commission européenne. Et de la division des eurodéputés devant le manque de transparence des négociations et leur complexité.

Le texte de résolution sur TAFTA sera désormais probablement réexaminé par le Parlement européen en juillet.

Illustration bannière : Protestation dans la rue – © Dariush M Shutterstock
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Chercheur dans l'âme, partagé entre l'Europe et les Etats-Unis. Parmi ses passions la musique, la photographie, et les différentes cultures du monde, Alan...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. Il y a de très bonnes raisons d’être attentif.
    Il y a de très bonnes raisons de défendre notre vision du monde.
    Il y a de très bonnes raisons de défendre notre sens de l’hygiène alimentaire.
    Il y a de très bonnes raisons de défendre la cause animale.
    Il y a de très bonnes raisons de défendre notre vision de l’environnement.
    Mais il n’y a aucune raison de ne pas négocier, nous avons tant à leur vendre, et certains de leurs états sont en capacité de nous apprendre des bonnes choses.

  2. faut arreter toutes demarches d’accords avec les americains qui sont a tous
    niveaux le cancer planetaire ,criminels en puissance partout ou ils sont..
    DE GAULLE avait raison..revenons a notre sagesse et souveraineté :avec ces gens = guerres espionnages ,divisions,menaces :d’abord sur les etats d’ameriques ou ils ont volé et exterminé les peuples indiens…puis les seuls
    a avoir fait explosér 2 bombes nucleaires sur des populations ..puis afganistant..,tous les pays du golf, sans oublier le vietnam et maintenant
    l’europe avec leurs menaces bidons concernant la russie en creant la destabilisation ukraine…macedoine etc..etc.. puis tafta ..tisa puis
    en imposant l’installation d’armes lourdes en europe etc..etc..
    bref c’est la pire racaille de la planete et dire qu’il y a des faibles
    d’esprit qui engage des pays avec ces gens ; ca fait vomir !

    • Que dire de plus que ce qu’Albert à écrit ?
      Ce traité est un véritable poison non seulement pour l’économie mais aussi et peut être surtout parce qu’il s’oppose en englobant tout ce qui fait de notre intention démocratique.
      Ce traité va à l’encontre des Droits de l’Homme, mais aussi de notre constitution. Qui prévoit que l’on ne peut porter atteinte à la dignité humaine.
      La dignité ce n’est pas l’Honneur aristocratique, ou encore Mafieux avec leur notion de sacrée sainte famille.
      NON, la DIGNITE c’est restituer à l’humanité sa part d’humanité perdue.
      Et non l’INVERSE.

    • Les Américains dont vous parlez sont de souche européenne, et de nombreux Européens ont contribué aux méfaits dont vous les accusez.
      Je passerai sur la phobie qui considérerait que les USA sont fauteurs de trouble en Ukraine, il n’y a pas le début d’un commencement de preuve. Par contre, la Russie et Poutine ont bien décidé que l’Ukraine de devait pas se rapprocher de démocraties de l’Europe de l’ouest… Et n’oublions pas de la Crimée est Ukrainiennes et occupée/envahie/annexée par les Russes.
      Bref, totalement hors sujet.

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