Sécheresse, inondations : 7 sites UNESCO sur 10 menacés
73% des sites du patrimoine mondial non marins de l’UNESCO sont désormais soumis à un risque hydrique élevé. Cette menace, liée au manque ou à l’excès d’eau, s’intensifie sous l’effet du changement climatique et des pressions humaines.

D’après un rapport publié par l’UNESCO et le World Resources Institute (WRI), 73 % des 1.172 sites du patrimoine mondial étudiés sont confrontés à au moins une menace liée à l’eau : stress hydrique, sécheresse, inondation fluviale ou côtière.
L’eau, nouveau péril pour le patrimoine de l’UNESCO
Le 1er juillet 2025, l’UNESCO publiait un constat inquiétant : les trois quarts de ses sites non marins du patrimoine mondial sont aujourd’hui menacés par l’eau. Pas par sa pureté. Par sa violence. Par son absence. Trop d’eau ou pas assez — il n’y a plus d’entre-deux.
Les temples, cathédrales, cités millénaires, sanctuaires naturels, chefs-d’oeuvre d’humanité s’effritent ou s’enfoncent. Selon une étude menée avec le World Resources Institute, 73 % des 1.172 sites analysés sont exposés à au moins un risque hydrique sévère : sécheresse, stress hydrique, inondation fluviale ou marine. Et 21 % cumulent les deux extrêmes : le manque et la furie.
UNESCO : patrimoine sous tension, planète en crise
Le Taj Mahal ? Victime d’une raréfaction dramatique des nappes phréatiques. L’eau s’évapore, les sols s’affaissent. À Yellowstone, aux États-Unis, une crue historique a tout ravagé en juin 2022, forçant la fermeture du parc pendant des mois, pour un coût de 20 millions de dollars en réparations. Selon la plateforme Aqueduct, plus de 430 sites sont en alerte sécheresse. Parmi eux : le sanctuaire de Machu Picchu au Pérou, Petra en Jordanie, ou encore le parc national de Sagarmatha, fief de l’Everest.

Sanctuaire historique de Machu Picchu, patrimoine culturel de l’humanité de la citadelle Inca, merveille du monde à Cusco, Pérou.
À l’opposé, près de 400 sites font face à des risques extrêmes d’inondations fluviales — comme la cité pré-inca de Chan Chan au Pérou. Le phénomène El Niño, dopé par le réchauffement climatique, transforme les Andes en toboggan boueux, emportant murs d’adobe, routes, maisons. Et les pluies diluviennes n’épargnent ni l’Asie ni l’Afrique.
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Des lieux en sursis
Dans le sud de l’Irak, les Ahwar, ce delta nourri par le Tigre et l’Euphrate, résistent comme ils peuvent. Les buffles pataugent dans des marais en sursis. Les Ma’dan, peuple des marais, perpétuent leur mode de vie millénaire sur des maisons de roseaux, malgré les sécheresses et les barrages en amont qui leur coupent l’eau.
Au Zimbabwe, Mosi-oa-Tunya — plus connue sous le nom de Victoria Falls — n’est plus que l’ombre de ses cascades. En 2019, elle s’est presque tarie. Résultat : des coupures d’électricité jusqu’à 18 heures par jour et une faune déboussolée. Des éléphants assoiffés ont attaqué les villages.
En Chine, les sanctuaires des oiseaux migrateurs de la mer Jaune — escale vitale pour 50 millions de volatiles — sont grignotés par la montée du niveau marin. Les digues empêchent les zones humides de se déplacer vers l’intérieur des terres. Résultat : des espèces entières risquent l’extinction.
À Téhéran, les grands monuments iraniens s’inclinent. Littéralement. Les sols s’affaissent jusqu’à 31 centimètres par an. Persépolis, joyau archéologique de l’UNESCO, est miné de fissures, conséquence directe de l’épuisement des nappes phréatiques. Même scénario en Mauritanie. La cité bibliothécaire de Chinguetti disparaît lentement sous le sable. Moins d’eau, plus de désert. Le Sahara avance, les manuscrits du Moyen Âge reculent.
Réagir avant l’irréparable
Le diagnostic est posé. Il est clair. Il est global. Les réponses, elles, tâtonnent encore. L’UNESCO plaide pour des politiques hydriques adaptées, une surveillance renforcée et une gestion partagée. Des projets pilotes montrent la voie : en Chine, depuis l’interdiction des remblaiements en 2018, certains marais revivent. À Nandagang, 20.000 oiseaux observés en 2019… 100.000 en 2023. Mais cela reste insuffisant. La majorité des sites n’ont ni plan d’adaptation, ni financement dédié. L’eau n’est pas seulement un bien commun. Elle est désormais une ligne de front pour le patrimoine mondial.
L’eau sculpte. Elle façonne. Mais mal maîtrisée, elle détruit. La bataille pour les sites de l’UNESCO se joue autant dans les rivières que dans les ministères. Dans les bassins versants que dans les budgets. Et si rien ne bouge, ce ne sont pas que des murs qui tomberont. Ce sont des siècles de mémoire qui s’effaceront.
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