Moins de sardines et plus petites : quand le climat bouscule nos conserves
Les pêcheurs bretons le constataient depuis des années, désormais c’est un institut scientifique qui le dit : la taille moyenne des sardines a chuté de 50% en quinze ans.

L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (l’Ifremer) le confirme : la taille moyenne des sardines a diminué de moitié en quinze ans.
L’eau se réchauffe, la sardine se rapetisse
Les conserves de sardines, très appréciées des Français puisqu’il s’en consomme 16.000 tonnes par an. En revanche, elles risquent de se faire plus rares dans les rayons des supermarchés. Et le réchauffement climatique y est décidément pour quelque chose : une eau plus chaude altère en effet la base de la chaîne alimentaire. Dans sa dernière communication sur l’évolution des stocks de « petits poissons pélagiques » comme la sardine et l’anchois, le 14 avril 2025, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) alertait sur une baisse drastique du zooplancton en Atlantique : les gros copépodes, énergétiquement riches, laissent place à des proies plus petites, moins nourrissantes. Résultat ? Des sardines qui grandissent moins, se reproduisent plus tôt, mais restent chétives. Depuis 15 ans, les sardines ont ainsi vu leur taille moyenne passer d’environ 15 cm à 11 cm.
En Bretagne et en Méditerranée, les conserveries peinent à trouver des sardines « calibrées ». Il faut savoir que le cahier des charges exige un certain gabarit. Et lorsque le poisson n’atteint plus ce seuil, il devient invendable. Le recours à des importations du Maroc, d’Espagne ou du Portugal s’est généralisé.
La France n’est pas le seul pays européen concerné. Au Portugal aussi, le stock s’est effondré. De plus de 1,3 million de tonnes en 1984, il est tombé à 130.000 tonnes en 2015. Si les captures ont timidement repris, la confiance, elle, ne s’est pas rétablie. Face à cette spirale, les mesures de gestion durable se multiplient. Le dernier règlement européen (UE) 2024/259 réduit les captures autorisées de sardines de 9 %, étend les périodes de repos biologique et interdit la pêche récréative dans certaines zones. Trop tard ? Trop peu ? En tout cas, insuffisant pour l’instant pour restaurer une biomasse solide.
Dérèglement climatique oblige, l’habitat des sardines n’est plus ce qu’il était
Le devenir des sardines inquiète aux quatre coins du monde. Au Maroc, la biomasse de sardines a chuté de 29 % entre 2021 et 2023, avec une baisse nette de la taille moyenne des captures. Et en Namibie, la sardine est désormais classée comme une espèce « effondrée » par la FAO. En Inde, dans l’État du Kerala, les sardines ont fui les eaux littorales devenues trop chaudes, franchissant le seuil critique de 26°C nécessaire à leur reproduction. La nécessité de s’aventurer dans de nouveaux territoires a donné lieu à des conflits violents entre pêcheurs artisanaux et chalutiers industriels.
Le monde scientifique, lui aussi, se saisit du problème. Au Japon, un modèle prédictif développé par des scientifiques montre que la sardine japonaise réagit à quatre paramètres majeurs : température, salinité, oxygène et profondeur de la couche de mélange. Une équation fragile, qui rend la population vulnérable aux moindres dérèglements.
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