Précarité énergétique : les Français vivent des températures extrêmes dans leur logement

Des millions de nos concitoyens subissent régulièrement le froid l’hiver et des chaleurs intenables l’été, faute de logements capables de maintenir une température correcte.

Rédigé par , le 19 Nov 2025, à 9 h 59 min
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Le problème de précarité énergétique se résume désormais à une évidence : une grande partie des Français n’arrive plus à maintenir une température acceptable dans leur logement, trop froid l’hiver, trop chaud l’été, malgré les aides publiques et les dispositifs de protection.

Trop froid en hiver, trop chaud en été : un tiers des ménages souffrent de températures inadaptées chez eux

C’est un chiffre marquant : ce sont désormais 35 % des ménages français qui déclarent avoir eu froid dans leur logement pendant au moins 24 heures durant l’hiver 2024-2025 . Ce chiffre déjà haut, que révèle l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE), masque des disparités profondes. Le froid touche beaucoup plus fortement certains groupes : 63 % des agriculteurs, 55 % des artisans et commerçants, 48 % des personnes de moins de 35 ans et 45 % des locataires disent avoir enduré des températures insuffisantes dans leur logement. Toujours d’après l’ONPE, 37 % des ménages ayant eu froid déclarent avoir modéré le chauffage pour des raisons financières. Cette auto-restriction, révélatrice d’un arbitrage imposé, s’inscrit dans une tendance inquiétante : 11,5 % des ménages considèrent ne pas pouvoir chauffer leur logement suffisamment pour des raisons strictement financières, contre seulement 5 % en 2018.

L’été non plus n’offre désormais aucun répit aux ménages les plus fragiles. Toujours d’après cette publication de l’ONPE, 30 % des ménages déclarent avoir souffert d’un excès de chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures à l’été 2024, soit 7 points de plus qu’en 2023. Les plus touchés sont les ménages modestes, les personnes qui habitent en appartement, les locataires et les 18-34 ans, ce qui met en lumière la vulnérabilité des logements collectifs et souvent anciens. Interrogés sur les raisons perçues de cet inconfort thermique, 79 % des ménages l’attribuent à la canicule, mais 29 % pointent une mauvaise isolation, et 15 % estiment que c’est dû à une ventilation insuffisante. Ces données montrent que la hausse des températures n’explique pas tout : le bâti français ne suit pas le rythme du changement climatique. Plus largement, 26 % des ménages considèrent ne pas avoir de logement suffisamment préparé aux fortes chaleurs, une proportion révélatrice de l’inadaptation massive du parc résidentiel face aux vagues de chaleur récurrentes.

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Un inconfort thermique qui reflète une crise structurelle du logement

Au-delà du froid et du chaud, l’ONPE met en évidence des indicateurs plus larges d’inconfort. Ainsi, 28 % signalent des problèmes d’humidité, ce qui aggrave les effets du froid l’hiver, tandis que 21 % affirment subir des déperditions thermiques importantes dues à des fenêtres et murs mal isolés. L’inconfort thermique ne relève donc pas seulement des aléas météorologiques, mais aussi d’un aménagement architectural largement défaillant.

Ces défaillances se traduisent aussi par des arbitrages financiers sévères. D’après l’ONPE, 22 % des ménages ont retardé le paiement d’une facture d’énergie en 2024, et 14 % ont dû réduire leur chauffage au-delà de leur confort, faute de moyens suffisants. Dans un contexte d’augmentation des charges, ces chiffres traduisent une incapacité croissante des ménages à maintenir un niveau de confort thermique élémentaire. Enfin, près d’un quart des ménages déclarent ne pas pouvoir engager les travaux nécessaires pour améliorer l’isolation, faute de moyens financiers suffisants.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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