Plastique : un traité mondial à Busan (Corée du Sud) ou un échec annoncé ?

Le traité mondial contre le plastique réussira-t-il à être signé lors des discussions en cours à Busan, en Corée du Sud ?

Rédigé par Paolo Garoscio, le 26 Nov 2024, à 9 h 36 min
Plastique : un traité mondial à Busan (Corée du Sud) ou un échec annoncé ?
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Depuis le 25 novembre 2024, à Busan, Corée du Sud, s’est ouvert un dernier cycle de négociations visant à établir un traité international pour lutter contre la pollution plastique. Pas moins de 175 nations discutent d’un texte juridiquement contraignant. Cependant, les désaccords sont profonds, opposant pays ambitieux et producteurs de plastique. Quel est l’enjeu de cet accord ?

Lutte contre la pollution plastique : les ambitions de la coalition

La France, alliée à une coalition de 75 pays, milite pour un traité strict qui inclurait :

  • Une réduction drastique de la production de plastique vierge.
  • L’instauration du principe du pollueur-payeur.
  • Des objectifs de recyclage ambitieux pour pallier un taux mondial actuel de seulement 9 %.

Ces pays, incluant l’Allemagne, le Sénégal et le Rwanda, s’appuient sur des études alarmantes. En 2020, la production plastique mondiale s’élevait à 460 millions de tonnes, un chiffre qui pourrait tripler d’ici 2060 si aucune action n’est entreprise.

Aspect Scénario Actuel Avec Réduction de la Production
Production plastique (2060) 1 milliard de tonnes Stabilisée à 460 millions de tonnes
Émissions de CO₂ 5 % des émissions globales Réduction significative
Coût pour la santé et l’environnement > 500 milliards d’euros/an Réduction par des mesures strictes

Les freins imposés par les producteurs de plastique et de pétrole

Face à cette coalition, un groupe de pays producteurs, dont l’Arabie Saoudite, le Brésil et la Russie, plaide pour un accord peu contraignant. Selon eux, limiter la production de plastique pourrait toucher leurs économies, fortement dépendantes des industries pétrochimiques. Les États-Unis, premiers consommateurs de plastique, adoptent une position ambivalente. Tout en reconnaissant la nécessité d’une action, ils rejettent un traité contraignant, craignant un impact sur leur industrie.

La pollution plastique dépasse aujourd’hui les limites de la surface de la planète en touchant les écosystèmes marins. Il détruit la biodiversité et s’infiltre jusque dans nos corps. De récentes études ont révélé des traces de microplastiques dans le lait maternel humain ou encore dans l’appareil reproducteur. En parallèle, les impacts climatiques sont indéniables : 5 % des émissions de CO₂ mondiales sont dues à la production plastique, soit deux fois celles du trafic aérien.

Lire aussi – Déchets plastiques : qui sont les principaux responsables ?

Perspectives : un traité en péril ?

À quelques jours de la fin des négociations, les chances de parvenir à un accord ambitieux restent incertaines. Le brouillon actuel de 70 pages ne satisfait ni la France ni ses partenaires. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a prévenu : « Nous n’accepterons pas un traité qui ne réduit pas la production de plastique. »

Cependant, un compromis pourrait repousser les décisions à des sessions futures, retardant l’action face à une crise mondiale. Si les nations ne parviennent pas à s’entendre, le coût de l’inaction sera bien plus lourd que celui des mesures nécessaires. La planète, la biodiversité et la santé humaine en dépendent.

En Corée du Sud, le succès de la K-pop contribue également à l’augmentation de la pollution plastique

La Corée du Sud où se déroulent les négociations internationales sur la lutte contre la pollution plastique n’est pas un exemple en matière de gestion du plastique, la faute à l’essor fulgurant de la K-pop. En effet, les labels de K-pop continuent de vendre massivement des CD en Corée du Sud grâce à des stratégies marketing attractives, telles que les cartes-photos et les bons pour des appels vidéo. Ces tactiques, décrites comme de l’« exploitation marketing » par certains fans, alimentent une consommation frénétique et soulèvent des préoccupations écologiques.
En 2023, les ventes ont dépassé pour la première fois les 100 millions d’exemplaires, malgré un impact environnemental important. Les albums, souvent fabriqués en polycarbonate et difficiles à recycler, génèrent une empreinte carbone significative. Bien que des efforts soient faits pour utiliser des matériaux plus respectueux de l’environnement, les pénalités imposées par le gouvernement sud-coréen restent insuffisantes pour freiner cette tendance. Les fans, attachés à leurs artistes, excluent cependant le boycott.

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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.

1 commentaire Donnez votre avis
  1. C’est marrant parce que le « principe pollueur-payeur » on n’en a pas du tout parlé à la COP29… peur de froisser Exxon, TotalEnergies et autres criminels du même accabit ?

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