Nitrites : Yuka muselé par les industriels de la charcuterie

Le charcutier Auvernou, basé à Mont de la Coste (Corrèze) vient de gagner son procès contre l’application Yuka : cette dernière devra supprimer ces fiches produits où les produits Auvernou sont mal notés à cause de la présence de nitrites, reconnus cancérogènes.

Rédigé par Anton Kunin, le 28 Jun 2021, à 10 h 15 min
Nitrites : Yuka muselé par les industriels de la charcuterie
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Selon les termes utilisés dans la décision de justice, Yuka devra arrêter le « dénigrement » des produits de charcuterie afin de ne pas provoquer un « mouvement d’opinion défavorable pouvant aller jusqu’à infléchir la règlementation applicable ».

Yuka doit retirer ses notations désavantageuses des charcuteries contenant des nitrites

Après le procès opposant la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (FICT) et Yuka, fin mai 2021, voici qu’un charcutier attaque de nouveau l’application en justice. Et cette fois-ci encore, ce sont les charcutiers qui gagnent : Yuka devra bien supprimer son incitation à signer la pétition de Foodwatch avec La Ligue contre le cancer (qui a déjà mobilisé plus de 340.000 personnes) et arrêter de « dénigrer » les produits de charcuterie.
Si Yuka compte faire appel, cette décision est néanmoins exécutoire : l’affichage de la pétition incitant les industriels à se passer de nitrites lors de la fabrication de leurs charcuteries devra cesser le 29 juin 2021.
C’est également à partir de cette date que Yuka devra retirer ses fiches produits (qui s’affichent lors de la lecture des codes-barres des produits de charcuterie) où les produits sont mal notés à cause de la présence dans la recette de nitrites.

Comme ont pu vérifier les journalistes de France Info, aussitôt les codes-barres des saucissons Auvernou scannés, l’application Yuka affiche des scores très bas : entre 8 et 10/100 selon les produits.
L’application préconise d’éviter de consommer ce produit en raison de la présence d’additif E250 (qui est le nom de code des sels nitrités).

Lire aussi : Nitrites : la fédération des charcutiers menace les lanceurs d’alerte

Pour Foodwatch, les charcutiers essaient de museler le débat public sur le danger des nitrites

Pour Auvernou, cela est inacceptable dans la mesure où l’entreprise utilise ces substances dans le cadre de la réglementation actuelle. Rien d’illégal donc, fait valoir l’industriel, qui s’estime lésé par une note aussi basse.
L’entreprise, qui réclamait 430.000 euros de préjudice et le retrait de la mention « génotoxique » sur l’application, peut aujourd’hui se satisfaire d’avoir remporté le procès (même s’il ne s’agit que de la première instance).

Une fois la décision de justice prononcée, l’ONG Foodwatch, à l’origine de la pétition que Yuka incitait les consommateurs à signer, s’est fendue d’un communiqué : « les industriels nitriteurs de la FICT préfèrent tenter de museler le débat public pour une alimentation saine, plutôt que de reconnaître leur responsabilité et de s’engager à la suppression de ces additifs. […] Aucun parmi Herta, Fleury Michon, Cochonou… ne veut assumer ce procès fait à Yuka au détriment de l’information des consommateurs. Ils veulent juste que vous continuiez d’acheter leurs produits les yeux fermés et bloquer la proposition de loi pour interdire ces additifs. C’est inacceptable ».

Pour signer la pétition contre les sels nitrités dans les charcuteries, rendez-vous ici

Illustration bannière : Les sels nitrités rendent la charcuterie bien rose – © eldar nurkovic
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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