Les réseaux intelligents, 5ème pilier de la révolution énergétique

Rédigé par Jean-Marie, le 18 Nov 2012, à 19 h 42 min
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Suite de notre « revue » des défis auxquels nous confronte l’explosion de la demande énergétique  mondial : après le défi de l’habitat producteur d’énergie,  après le défie l’efficacité des énergies renouvelables visant à la parité réseau et celui, crucial du stockage de l’énergie, voici un enjeu énorme. Celui de la récupération de l’énergie et des réseaux de chaleur.

Si on stocke l’énergie, il faut aussi la transporter et la distribuer « à point »

Réseau électrique haute tension classique

Réseau électrique haute tension classique

Avec des millions d’habitations produisant et stockant de l’énergie, le réseau de distribution électrique se complexifie et doit proposer des fonctionnalités nouvelles. Tout d’abord, il faut transporter l’énergie de là où elle est en surplus là où on en a besoin et pour cela il faut une « intelligence » dans le réseau pour détecter et gérer les besoins qui fluctuent en permanence entre des millions de points.

Signalons au passage, que ce ne sont pas seulement les habitations (ou des grosses centrales de production) qu’on envisage de rendre « productrices » d’énergies renouvelables. Les recherches actuelles portent sur la production d’électricité par tous les objets possibles et imaginables : les planches d’un dancing[1], la veste que vous portez, les semelles de vos chaussures de sport[2], les roues de votre voiture[3], … la production électrique va être à l’oeuvre à des échelles parfois minuscules mais partout. Et il va bien falloir la canaliser, la stocker, la répartir en fonction des besoins.

L’enjeu des réseaux de distribution

Sans réseau efficace, pas la peine de produire comme le montre l’exemple chinois. En 2011,  16 % de l’énergie éolienne  ont été gaspillés selon la  très officielle Commission nationale de contrôle de l’électricité. La cause de ce gaspillage est simple : les investissements dans le réseau ne suivent pas ceux des centrales de production.

La Chine, plus gros producteur mondial d’énergie éolienne, peine à absorber ses watts produits par le vent. En 2011, c’est 6,6 milliards de yuans (environ 835 millions d’euros) qui n’ont pas pu être consommés à cause des faiblesses du réseau électrique. 12 300GW.h supplémentaires auraient pu être produits si le nombre et la qualité des lignes de transmission avaient été suffisants.

Les réseaux intelligents ou smart grids

Ce sont les réseaux intelligents, ou smart grids en anglais, qui vont s’en charger. Ceux-ci sont donc comme un système nerveux qui régule en permanence et en temps réel l’équilibre entre la demande et la production. Chaque habitation, chaque usine ou bâtiment peut déverser son surplus énergétique dans le réseau central intelligent ou bien lui en acheter. Le réseau recense ce qui est consommé et anticipe les besoins : l’électricité est éventuellement déstockée puis canalisée vers là où on en a besoin.

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Cette technologie qui existe bel et bien permet donc de rendre viable au niveau d’un marché, d’une économie globale, une production énergétique extrêmement localisée. Le réseau mémorise que telle usine débute sa production vers 6 heures le matin et que telle tour connait un pic de consommation vers 17 heures. Il sait que tel quartier résidentiel est en basse consommation de 9 à 17 heures. Ainsi, il peut « lisser » la production et limiter les pertes que connaissent les systèmes électriques classiques.  Sans ces réseaux, impossible de coordonner des centaines de milliers de producteurs d’énergie utilisant des sources intermittentes (solaire, éolien, …).

Les boîtiers intelligents chez le consommateur

Depuis 2010, le réseau de distribution ERDF teste un nouveau compteur « communiquant », baptisé Linky. C’est ce genre de compteurs dont a besoin un réseau électrique intelligent pour collecter puis transmettre les informations de chaque unité d’habitation en termes de consommation ou de production.  Pas de smart grid sans compteur intelligents.
linky compteur intelligent Le Linky a pour particularité d’être pilotable à distance par ERDF au niveau des relevés de compteur, des changements de puissance ou (re)mises en service, via notamment un système d’alarme qui prévient de toute anomalie.

Transmettant ainsi l’évolution de notre consommation en temps quasi réel, Linky permettrait également d’éviter une sur-production au niveau des centrales thermiques, engendrant ainsi une pollution moindre. Après une phase d’expérimentation sur l’agglomération lyonnaise et en Indre-et-Loire, le compteur Linky pourrait être généralisé  sur toute la France, remplaçant ainsi près de 35 millions de compteurs pour un montant de 4 milliards d’euro d’ici 2020.[4]

Les gains à attendre de cette intelligence de gestion énergétique sont énormes.

Aux Etats-Unis, le Département de l’énergie est bien conscient que les enjeux sont majeurs et estime que les smart grids pourraient améliorer l’efficacité du réseau électrique de 5 %.

Or, 5 % aux USA, cela représente un gain de 46 à 117 milliards de dollars d’ici à 2023 et l’équivalent de 53 millions de voitures ( !) en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

Le projet européen Supergrid

Le projet supergrid est soutenu par l’Etat français à hauteur de 86 millions d’euros.

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

5 commentaires Donnez votre avis
  1. Pour ma part, qu’ERDF connaisse ma consommation instantanée ne me gène pas du tout. Ils le savent déjà (à moindre détail) puisqu’il me facture ;). La question que je me pose est celle-ci.
    Que Linky mesure les entrées/sorties soit, chacun décide de produire ou pas
    . Mais qui va payer ce compteur intelligent? Le particulier qui n’en tirera aucun avantage ou l’entreprise productrice qui pourra en tirer de subtentielles économies (voire profits) en lissant sa production? Le progrés est soit tourné vers le bien-être de la planête, mais aussi vers celui du producteur.

  2. Merci pour votre article qui est très illustré (d’exemples chiffrés notamment). Sur le plan technique, c’est parfois un peu simplifié, mais le but étant d’être pédagogique, c’est super !
    Pour compléter sous un autre angle les 3 commentaires précédents au sujet du Linky : le monde de l’énergie est en train de vivre avec quelques 20 ans de décalage ce que les industries de la téléphonie (mobile et fixe) et de l’informatique ont vécu : développements des normes GSM, UMTS, LTE, des réseaux IP, des terminaux de plus en plus mobiles, légers, puissants. Il en est exactement de même depuis 5 ans avec l’énergie : explosion (relative) des énergies renouvelables, explosion (relative et absolue) des besoins mondiaux en énergie et électricité et en particulier des besoins en puissance à la pointe, véhicules électriques, etc. La « crainte » du Linky est respectable puisqu’elle est un sentiment bien réel, mais elle pourrait se comparer à la crainte que l’on pourrait avoir de notre box internet. Or cette dernière ne nous fait pas peur. Pourtant elle aussi coûte presque aussi cher et surtout elle est largement plus intrusive en terme de source potentielle de données personnelles, voire très privées… Compte-tenu des recherches appliquées en cours aujourd’hui, dites-vous une seule chose : ce que vous refusez aujourd’hui au Linky, vous finirez par l’accepter dans quelques années par d’autres moyens (notamment via votre box, encore elle).

  3. Je suis très surprise de votre publicité pour Linky qui n’est pas fiable et revient très cher au consommateur à qui il n’apportera rien de positif, d’autant plus que ce n’est pas lui qui pourra surveiller directement sa consommation mais ERDF. Comme toujours, les profits pour très peu de personnes et les inconvénient pour tous les autres.

  4. Pour ma part, je ne souhaite pas ce « Linky » chez moi.Je suis dans un secteur privé entre une église et un château,je n’ai pas le droit au photovoltaïque.Les beaux arts devraient me donner une prime pour manque à gagner.

  5. Article intéressant.
    Il manque juste un petit descriptif technique de comment fonctionne ces réseaux « Smart Grid ». Parceque pour le moment, je n’ai encore jamais vu de lignes haute tension se déplacer toutes seul …
    Concernant les compteurs intelligent « Linky », mon problème c’est de voir encore une industrie privé ou public s’immiscer dans nos vies privé en collectant des données sur nos consommation énergétique! Faudra faire un choix. Pour ma part, je ne souhaite pas ce « Linky » chez moi.

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