L’argent fait-il vraiment le bonheur ?
C’est une question aussi vieille que l’abandon de l’économie du troc : être riche suffit-il pour se sentir véritablement heureux ?
Tout est sans doute question de définition, et de philosophie personnelle. Mais on entend souvent ce vieux dicton selon lequel l’argent ne fait pas le bonheur. Vraiment ?
Comment mesurer le bonheur ?
La question revient souvent, qui plus est en ces temps de surconsommation où l’on a tendance à mesurer le bonheur à l’aune des tickets de caisse de ce que l’on a acheté. Pourtant, on peut être riche et toujours frustré, et dans un dénuement quasi total et pourtant simplement heureux. Moralité : ce n’est pas les faits de posséder les dernières énièmes baskets à la mode ou des centaines de like sur un réseau social qui constitue la vraie mesure du bonheur.
La perception de l’importance de l’argent dans la définition personnelle du bonheur dépend tout autant de sa culture familiale sur le sujet que de son âge. Mais aussi du contexte, telle la crise du Covid, qui a amené nombre de salariés à revoir leur hiérarchie des priorités au quotidien. Pour autant, difficile – ou trop facile – de se dire que l’argent ne fait pas le bonheur. A contrario, dirait-on que manquer d’argent peut rendre heureux ? La richesse simplifie clairement la vie dans bien des facettes de notre vie quotidienne, et nombreux sont ceux qui aimeraient bien, tout simplement, parvenir à boucler les fin de mois entre inflation, revenus en berne et taxes omniprésentes.
Quand se juge-t-on riche ?
Mais qu’est-ce qu’être riche ? Là aussi, la définition varie du tout au tout. Si les études sociologiques fixent des seuils précis, ce n’est guère le cas de tout un chacun, en général. Ainsi, pour l’Insee, on parle de catégories aisées pour celles et ceux dont les revenus se situent au-dessus de 1,8 fois le niveau de vie médian. De son côté, l’Observatoire des inégalités estime qu’une personne est riche à partir du moment où elle touche deux fois le niveau de vie médian. Soit aujourd’hui des revenus minimums d’environ 4.100 euros par mois pour une personne seule.
Mais dans les esprits, être riche se situe à des altitudes bien plus élevées que cela. Avec en général la vision de ressources suffisamment larges pour ne jamais avoir à compter au quotidien. Mais aussi une impression de puissance et d’importance personnelle, faisant que l’on passe d’une vision utilitaire de l’argent à un usage superflu, tel celui que peuvent nous en donner stars et multimillionnaires.
Un « seuil de satiété »
À quel moment se dit-on content de ce que l’on a, ce que l’Insee qualifie avec élégance de « seuil de satiété » ? Selon une récente étude de l’Insee intitulée « Bien-être ressenti et revenu : l’argent fait-il le bonheur ? » menée dans différents pays, le niveau de revenu au-delà duquel l’argent n’améliore plus le bien-être ressenti se situerait en France autour d’un revenu annuel de 30.000 €. Soit un quart de moins qu’en Allemagne (40.000 €) et bien moins qu’en Angleterre (45.000 €), en Australie (60.000 €) ou aux États-Unis (80.000 €).
Ainsi, pour se considérer comme riches et heureux, les Français se contenteraient de gagner environ 2.500 € par mois. Une somme à laquelle il faut surtout ajouter tout ce que l’argent ne permet pas d’acheter, à commencer par des moments de bonheur aux côtés de ceux que l’on aime. Et si le bonheur supposait d’abord de ne pas oublier de se sentir heureux ?
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