Kiruna, la ville suédoise qui déménage avant d’être engloutie

Sous l’effet de l’exploitation de son sous-sol riche en minerai de fer, Kiruna, ville de 18.000 habitants au Nord de la Suède, menace de s’effondrer. Il a été décidé de la déplacer de trois kilomètres.

Rédigé par MEWJ79, le 25 Dec 2017, à 10 h 15 min
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À Kiruna, ville suédoise de 18.000 habitants, impossible de manquer la mine de fer : c’est le plus grand gisement de fer du monde. Mais l’exploitation du minerai a peu à peu grignoté le sous-sol et pour parer au risque d’effondrement, les bâtiments et habitations vont être déplacés 3 km plus loin.

Une ville de 18.000 habitants déplacée pour continuer d’extraire du fer

Dans le nord de la Suède, et plus précisément en Laponie, Kiruna n’est pas une cité ordinaire. Si en surface, elle affiche jusqu’à - 22 °C en hiver, elle ressemble pourtant à n’importe quelle petite ville de province suédoise, avec ses rues, ses maisons, ses immeubles et ses édifices publics.

Mais à plus de 1.000  mètres sous terre, l’activité est intense. Et, la ville menace de s’effondrer sous l’effet de l’exploitation de son sous-sol, riche en minerai de fer. Pourtant pas question pour autant de stopper l’activité minière. Et pour cause, il s’agit d’une véritable manne financière, avec un chiffre d’affaires de 1,7  milliard d’euros en 2016. Et chaque jour, 80.000 tonnes de minerai de fer en sortent… Une solution simple a donc été trouvée : déplacer la ville !

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Kiruna © 360b / Shutterstock

Le chômage ou le déménagement

Le sous-sol de la région présente en effet une concentration exceptionnelle en fer, surnommé l’or noir suédois. Une ressource naturelle qui a entraîné la création même de Kiruna, à la fin du XIXe  siècle, afin de loger les mineurs à proximité du gisement. 

Exploitée à ses débuts à ciel ouvert, la mine est à présent devenue la plus grande mine souterraine du monde. Mais qui aurait soupçonné que ce dernier s’étendrait autant sous la ville ? Aujourd’hui, l’extension est devenue inévitable, et c’est la compagnie qui l’exploite qui passe logiquement à la caisse. Elle a mis 400 millions d’euros sur la table pour sauver à la fois la ville et son activité minière.

En effet, la compagnie minière emploie aujourd’hui près de 2.100 personnes à Kiruna. « Soit les mineurs arrêtent de creuser, et la ville sera frappée par un chômage de masse, soit la ville se déplace, ou du moins, subit d’importantes dégradations », explique au Guardian l’architecte Krisfer Lindstedt, dont le cabinet est chargé de ce chantier.

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La mine et la ville sous la neige © Gints Ivuskans

Un chantier de déplacement qui devrait coûter près de 3 milliards et demi d’euros

Au fil des années, le site d’extraction s’est donc considérablement étendu, tout d’abord à ciel ouvert, puis dans les entrailles de la terre à partir des années 1960, fragilisant les fondations de la ville. En 2004, la menace réelle d’effondrement a contraint la municipalité et LKAB, l’exploitant de la mine, à intervenir pour éviter un drame.

Mais plutôt que de purement et simplement rayer Kiruna de la carte, il a été choisi de déplacer la ville. Difficile d’estimer le coût exact de ce déplacement, mais plus d’un milliard d’euros a déjà été déboursé par la société minière LKAB. Et au total, la facture devrait s’élever aux alentours de 3 milliards et demi d’euros. Malgré le coût, ce projet pharaonique a ainsi débuté. 

Le vaste plan de transformation urbaine a été mis sur pied en concertation avec la population, pour relocaliser un tiers du centre-ville 3  kilomètres plus à l’est. Confiés à l’agence White Arkitekter, les travaux ont démarré en 2014.

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Kiruna : une ville à déménager © Michael715

Au total, 21 édifices historiques, symboles de la ville, seront déplacés tandis que les autres seront détruits ou démantelés. Les matériaux issus de la démolition seront recyclés pour bâtir la nouvelle cité, moderne et écologique. Les réseaux de canalisation et les voies de circulation seront repensés. Objectif : ériger Kiruna en un modèle de ville durable et sociale à l’horizon 2035.

Illustration bannière : La cathédrale de Kiruna aussi va déménager – © vichie81
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

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