La filière viticole en crise : l’arrachage des vignes, la bonne solution dans le bordelais ?

C’était longtemps un tabou au sein de la filière viticole, mais voilà que l’idée fait surface : face à la crise de la filière, l’arrachage de pieds de vigne pourrait bien être une option dans le bordelais.

Rédigé par Anton Kunin, le 17 Jul 2020, à 12 h 10 min
La filière viticole en crise : l’arrachage des vignes, la bonne solution dans le bordelais ?
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L’arrachage des vignes, « s’il est pensé, accompagné, organisé, peut être utile à l’ensemble de la filière », a déclaré Bernard Farges, selon les informations de l’AFP.

L’arrachage des vignes, un gage de compétitivité ?

La filière vinicole se porte mal. La baisse de la consommation de vins qui s’observe en France est conjuguée aux difficultés d’exportation à l’étranger (Brexit, instabilité du marché chinois et hong-kongais, taxation alourdie des vins français par les États-Unis…).
Dans ce contexte défavorable à la filière, Bernard Farges, le président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), n’hésite plus à évoquer des solutions radicales. « Osons parler d’arrachage ! », a-t-il lancé lors de l’assemblée générale de ce Conseil interprofessionnel qu’il préside, rapporte l’AFP.

arrachage des vignes

Les vigneron·nes peuvent arracher une vigne pour répondre à des objectifs qualitatifs © FreeProd33

Selon Bernard Farges, l’arrachage a jusque-là été abordé « frileusement ou timidement », mais il faut désormais le « mettre sur la table ». L’arrachage, « s’il est pensé, accompagné, organisé, peut être utile à l’ensemble de la filière, à Bordeaux comme ailleurs en France ou en Europe », rapporte l’AFP.
Il pourrait « accompagner des entreprises vers la cessation, le recentrage ou la diversification de leur activité, pour redonner aussi de la compétitivité en relevant les rendements à l’hectare », a-t-il déclaré.

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La filière viti-vinicole demande des compensations à l’État

Selon les estimations de la FNSEA, le principal syndicat agricole, la filière viti-vinicole enregistre aujourd’hui un manque à gagner de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, résultat de la fermeture administrative des restaurants, de la mise à l’arrêt du tourisme, de la fermeture des salons et l’annulation d’événements (mariages…).
En même temps, la filière (qui représente 600.000 emplois directs et indirects) a continué à fonctionner pendant la crise sanitaire et a versé 4,5 milliards d’euros de salaires sur 4 mois. Ses représentants estiment aujourd’hui très insuffisantes les mesures de soutien décrétées par l’exécutif : les exonérations de charges sociales ne seraient accordées qu’aux seules entreprises qui ont subi une perte de chiffre d’affaires d’au moins 80 % entre le 15 mars et le 15 mai 2020.

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Arracher des vignes pour faire face à une réalité économique et s’adapter à l’évolution du marché ? © goodluz

Si l’État ne se montre pas généreux avec les viticulteurs concernant les impacts de la crise sanitaire, il fait en revanche preuve de générosité face à l’alourdissement des taxes américaines à l’import. « Je vais redemander à nos partenaires européens qu’un fonds de compensation soit mis en place pour les viticulteurs français. Il peut être de l’ordre de 300 millions d’euros », a promis Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances.

L’arrachage des vignes, l’unique solution pour faire face à la crise ?

Selon Julien Hoffmann, fondateur du bureau d’étude DEFI-Écologique et auteur expert pour consoGlobe : « En temps de crise le vignoble français a toujours réagi par l’arrachage de pieds de vigne pour maintenir les prix. Mais le monde a changé et les contraintes environnementales sont désormais inévitablement à prendre en considération ».

Il interroge : « S’il s’agit de diminuer le volume de production pour maintenir les prix, pourquoi ne pas penser à passer tout le vignoble bordelais sous le cahier des charges AB puisque cela induirait de fait une baisse des rendements ? »

« Et si, tant qu’à parler d’arrachage de pieds de vigne malgré tout, plutôt que de penser à faire disparaître des parcelles entières pour favoriser des cessations d’activité, pourquoi ne pas penser à arracher un pourcentage dans chaque parcelle pour mettre en place plus d’IAE (Infrastructures Agro-Écologiques) telles que des haies, des arbres champêtres, des murs en pierres sèches, etc. ? ».

Illustration bannière : Les vignes du bordelais sont en difficulté – © FreeProd33
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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