Quand les espèces rares se serrent les coudes dans des ghettos

Les espèces rares ou en voie de disparition ne sont pas ce qui manque le plus comme sujet d’étude en ce moment. C’est en se penchant sur cette matière première d’étude que des scientifiques ont pu faire une découverte plutôt exceptionnelle !

Rédigé par Julien Hoffmann, le 30 Dec 2019, à 8 h 00 min
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Étudier les espèces en danger critique d’extinction est essentiel non seulement pour mieux comprendre leur fonctionnement général, mais aussi et surtout pour saisir et accompagner leurs stratégies de survie quand il y en a. C’est d’ailleurs une de ces stratégies, très étonnante, qu’une équipe scientifique internationale a percé à jour.

Le monde change, les espèces rares se rassemblent

En règle générale, les espèces qui coexistent dans une même niche écologique ne le font que de manière exceptionnelle et limitée dans le temps. Arrive toujours un moment – assez rapide – où un avantage évolutif, ou même le simple hasard, fait qu’une espèce « repousse » l’autre ailleurs ou la détruit (sans arrière-pensée).

Les lichens, comme ici un lichen arctique, sont concernés par le phénomène © Russell Tur

Mais la multiplication des espèces en danger critique d’extinction est telle que les situations où ces espèces doivent cohabiter se multiplient. Ceci nous a permis d’étudier les stratégies de survie de plus près et de découvrir que ces espèces arrivent à se serrer les coudes !

Une étude d’ampleur, des résultats étonnants

300 milieux et leurs espèces ont été étudiés pour mieux en comprendre les interactions notamment pour ce qui concerne les espèces rares au sein de niches écologiques. Lichens, plantes, insectes et bien d’autres ont ainsi été passés à la loupe grâce, notamment, à des extrapolations mathématiques.

L’équipe internationale de recherche qui y a travaillé, pilotée par des universités de Suède et de Suisse ont ainsi découvert que les espèces rares se retirent pour vivre en marge, cherchant des milieux abandonnés, des « ghettos » que les autres espèces ne colonisent pas(1).

Mais non contentes de se chercher des endroits à l’abri des regards pour mieux survivre, elles se sont également mises à coopérer alors qu’elles ne le faisaient pas avant.

Lire aussi : Protection des espèces, où en est-on ?

Pourquoi ce genre de découvertes est-il utile ?

Inutile de lancer un sempiternelle « l’humain détruit tout », « c’est horrible d’en arriver à étudier ce genre de chose » etc. Le constat est fait, tout ça nous le savons, mais c’est ce que nous ne savons pas encore qui pourra peut-être nous sauver.

En matière de conservation et pour aider la Nature à se régénérer, il existe bien des choses à faire… Une multitude en réalité. Ce genre d’étude donne des pistes intéressantes à suivre comme notamment identifier quelles espèces sont capables de s’entraider.

Une fois le milieu restauré et durablement protégé, ce sont là des leviers qui pourraient nous permettre d’aider ces espèces devenues rares à redynamiser leurs effectifs plus rapidement et donc leur donner plus de chances de survie.

Connaissances, innovations et techniques sont de plus en plus nombreuses et la France n’est pas en reste sur le sujet. En réalité, nous arrivons à un moment pivot où ne manquera plus qu’une réelle volonté politique et des fonds suffisants.

Illustration bannière : Les récifs coralliens, partout à travers le monde, sont concernés par le phénomène – Montipora digitata © Vojce

Références :
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