L’empreinte carbone du numérique multipliée par 3 d’ici 2050

Si rien n’est fait pour limiter l’empreinte carbone du numérique, elle pourrait tripler à l’horizon 2050, met en garde un rapport présenté au gouvernement en janvier 2023.

Rédigé par Anton Kunin, le 9 Mar 2023, à 10 h 45 min
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En même temps, si notre société réduit au minimum les loisirs numériques et fait un usage très limité des communications mobiles au profit de la fibre, l’empreinte carbone du numérique peut être diminuée de 45 %.

La fabrication d’équipements numériques est très consommatrice en ressources naturelles

Le numérique est fortement générateur d’émissions de CO2. Si 5 % des émissions sont occasionnées par le fonctionnement des réseaux et 16 % par les centres de données, 79 % de l’empreinte carbone du numérique provient de nos équipements. Et ce n’est pas l’utilisation de ces équipements (et donc leur consommation d’électricité) qui est la principale responsable : 80 % du CO2 est en réalité émis lors de la phase de fabrication. Autrement dit, avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant son cycle de vie.

Si l’on prend en compte la fabrication, le bilan carbone de nos équipements numériques est catastrophique : dans un rapport co-signé par l’ADEME (l’Agence de la transition énergétique) et l’Arcep (l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), remis au gouvernement en janvier 2023, on lit qu’une personne vivant en France génère, pour ses seuls usages numériques, près de 300 kg de déchets par an. Ce chiffre comprend non seulement les déchets électriques et électroniques (correspondant aux appareils en fin de vie) mais aussi les déchets liés à l’extraction de matières premières (lors de leur fabrication). Et si l’on comptabilise les ressources utilisées pour leur fabrication, on arrive à un poids faramineux de 949 kg/an.

L’empreinte carbone du numérique pourrait augmenter de 45 % en une décennie

Alors, à quoi peut-on s’attendre à l’avenir ? Les auteurs du rapport ont calculé qu’à l’horizon 2030, si rien n’est fait pour réduire l’empreinte environnementale du numérique et que les usages continuent de progresser au rythme actuel, le trafic de données serait multiplié par 6, et le nombre d’équipements serait supérieur de près de 65 % en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés. Ainsi, entre 2020 et 2030, l’empreinte carbone du numérique augmentera d’environ 45 % (pour atteindre 25 Mt CO2eq), la consommation de métaux et minéraux augmentera de 14 %, et la consommation électrique finale en phase d’usage augmentera de 5 % (pour atteindre 54 TWh par an).

Pour tenter de faire diminuer cet impact environnemental, les auteurs du rapport préconisent de généraliser l’éco-conception, la réparation, ainsi qu’un usage plus sobre du numérique. Ces leviers d’action pourraient allonger la durée de vie des équipements d’1 ou 2 ans. L’ADEME et l’Arcep recommandent ensuite de limiter le nombre d’équipements, l’utilisation de produits reconditionnés ou à la mutualisation des équipements. Enfin, ils recommandent le remplacement progressif des équipements les plus gourmands en ressources, notamment par la baisse du parc des téléviseurs au profit des vidéoprojecteurs.


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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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