Les grandes figures de la transition écologique – Dominique Bourg, un philosophe pour comprendre notre rapport au vivant

Intéressé par l’écologie et la philosophie depuis sa jeunesse Dominique Bourg se questionne sur l’éthique du développement durable, la construction sociale des risques, le principe de précaution, l’Économie de fonctionnalité et la démocratie participative. Il vient de faire son entrée en politique en se présentant comme candidat aux élections européennes 2019 pour Urgence écologie. Portrait.

Rédigé par Camille Peschet, le 7 Jul 2019, à 15 h 35 min
Les grandes figures de la transition écologique – Dominique Bourg, un philosophe pour comprendre notre rapport au vivant
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Né en 1953, Dominique Bourg est philosophe qui s’est très vite intéressé aux bouleversements environnementaux que les humains produisent. Il enseigne à l’Université de Lausanne et dirige la revue La pensée écologique. Il a également été vice-président de la Fondation Nicolas Hulot aujourd’hui Fondation pour la Nature et l’Homme. Enfin, il s’est présenté aux dernières élections européennes (mai 2019) sur la liste Urgence Écologique à côté de Delphine Batho.

Comprendre les racines de la crise écologique

Dominique Bourg cherche, par ses travaux de recherches, comprendre comment l’humain avait pu arriver à un tel niveau de destruction par rapport au vivant. Plusieurs scientifiques, tout particulièrement le chimiste Prix Nobel Paul J.Crutzen, n’hésitent pas à dire que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de l’« anthropocène » (même si officiellement nous sommes dans l’Holocène) où l’action de l’homme modifie les deux grands équilibres terrestres :

  • le fonctionnement des écosystèmes
  • la modification du climat

Mettant en péril les conditions de vie sur terre.

L’éloignement et le saccage de la nature vu comme le progrès

Pour Dominique Bourg, ce pouvoir et cette soif de dominer la nature vient de notre rapport à elle dans les derniers siècle. En effet, portée par la révolution scientifique du XVI et XVIIe siècles, la nature a été longtemps perçue comme un agrégat de matière. Pour Descartes et ses semblables, le progrès était alors de « s’éloigner au maximum de la nature, de l’artificialiser, de la détruire ».

La notion de modernité porte la volonté de se détacher de la nature, de s’éloigner d’elle pour s’accomplir en tant qu’homme.

Ce n’est qu’avec la révolution Darwinienne (XIXe siècle) que cette vision change et que l’Homme est reconnu progressivement dans le milieu scientifique, puis par la société, comme appartenant au vivant. Au XXe siècle, les avancées en biologie démontrent que la différence entre l’humain et les autres animaux est infime. On confère même une sensibilité aux espèces animales.

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Les dernières recherches en biologie des plantes ont elles démontrées qu’au-delà des animaux, les plantes sont aussi capables de communiquer entre elles, de s’adapter ou de leurrer leurs proies et prédateurs. De plus en plus, nous comprenons qu’il y a unité du vivant et que nous, êtres humains, faisons partie de ce phénomène qui est la vie, mais que nous sommes entrain de détruire.

Dominique Bourg et la notion d’écologie intégrale

Dominique Bourg est une voix forte de la notion d’écologie intégrale qui défend l’idée que la transition écologique passera par une révolution intérieure de chacun.
En effet, pour Dominique Bourg, les enjeux écologiques sont systémiques et se retrouvent à tous les échelons de la société… De l’ordre de l’intime aux décisions politiques locales, nationales et internationales. Mais la plus grande révolution a opéré est bien pour chaque individu.

Si nous voulons maintenir la température au-dessous de 2°C, c’est l’ensemble de nos modes de vie qu’il faut modifier, et c’est également une nouvelle recherche de notre accomplissement qui ne passerait plus par l’acte de consommer et de posséder.

Un réchauffement climatique devenu palpable

Aujourd’hui nous sommes encore en partie prisonnier de ce courant de pensée dit moderne, qui voit la nature comme inerte. Cependant pour Dominique Bourg, les derniers phénomènes climatiques rendent perceptible le dérèglement climatique, et nous font comprendre que nous sommes vulnérables.

Cependant ce réveil de plus en plus massif, tardif mais salutaire, ne pourrait mais ne doit pas se faire écraser par la montée de chefs d’États climatosceptiques, tel Donald Trump ou Jair Bolsonaro.

Pour Dominique Bourg, face à ces changements massives dans les phénomènes climatiques et à une croissance économique qui ne tient pas ses promesses à savoir l’augmentation du bien-être, la diminution des inégalités et le plein emploi, deux forces s’affrontent : avec d’un côté la montée des populismes et le retour vers des régimes autoritaires, et de l’autre une volonté de plus de démocratie avec une meilleure prise en compte des initiatives locales pour lutter contre le réchauffement climatique.

L’état, un rôle majeur pour une meilleure cohésion pour agir à limiter le réchauffement climatique

Dominique Bourg, ne voit cependant pas les pouvoirs politiques comme simples spectateurs de ces changements personnels. Ils ont un rôle à jouer pour fixer un objectif commun dont les actions et les lois découleront. Par exemple pour la France revenir à l’équivalent d’une planète Terre pour notre empreinte carbone.

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Pour cela Dominique Bourg milite pour la création d’une 3e chambre qui aurait la possibilité d’interpeller les élus et le conseil constitutionnel si les lois votées ont un impact négatif pour la viabilité de la planète.
Il milite également pour une meilleure prise en compte des initiatives locales.

Il faut agir maintenant et à grande échelle

Sans être béat, Dominique Bourg reste confiant sur les capacités de notre civilisation à se réveiller. Tout particulièrement les jeunes générations qui prennent conscience qu’il s’agit de leurs propres conditions de vie dans les décennies à venir.

Cependant, il est maintenant urgent que les actions ne soient pas entravées et que l’ensemble des décisions politiques aillent dans le bon sens, car la fenêtre de tir n’est que de d’une dizaine d’année. Après, du fait de l’effet d’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, même si nous arrêtons d’en émettre, nous ne pourrons pas stopper l’augmentation de la température à la surface du globe.

Illustration bannière : Dominique Bourg en entretien avec François Ruffin – Capture d’écran YouTube
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Portée par un cadre familial m'ayant sensibilisée à une consommation responsable et en faveur d'une production énergétique renouvelable, je me suis...

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