La crise de l’eau aggravée par les piscines et les jardins des riches urbains

Selon une récente étude, l’eau consommée pour remplir les piscines, pour laver les voitures ou arroser les jardins en ville fait autant de dommages que la croissance démographique ou l’urgence climatique.

Rédigé par Paul Malo, le 16 Apr 2023, à 17 h 45 min
La crise de l’eau aggravée par les piscines et les jardins des riches urbains
Précédent
Suivant

C’est en soi un exemple parlant : les auteurs d’une étude parue le 10 avril 2023 dans la revue Nature Sustainability(1) se sont penchés sur la consommation d’eau dans la ville du Cap, en Afrique du Sud.

Les riches gâchent l’eau consommée dans les villes

Leur constat est tout simplement effrayant : dans cette capitale, frappée par une grave crise de l’eau en 2018, les riches – soit 14 % de la population – utilisaient 51 % de l’eau consommée dans la ville. Les plus pauvres, qui eux représentent 62 % de la population, en consommaient seulement 27 %. Mais c’est en fait le cas dans la plupart des grandes villes à travers la planète. « La zone métropolitaine très inégalitaire du Cap sert d’exemple pour illustrer comment l’utilisation non durable de l’eau par l’élite peut exacerber les crises de l’eau urbaine au moins autant que le changement climatique ou la croissance démographique », explique cette étude.

Or, durant les vingt dernières années, ce sont plus de 80 de ces grandes villes (Miami, Melbourne, Londres, Barcelone, São Paulo, Pékin, Bangalore, Harare….) qui ont été confrontées à de graves pénuries d’eau en raison de sécheresses et d’une utilisation non durable de l’eau.

Les projections futures sont encore plus alarmantes, car les crises de l’eau en milieu urbain devraient s’aggraver et toucher plus durement les personnes socialement, économiquement et politiquement défavorisées.
soulignent les chercheurs
 

Sondage – La tarification progressive de l’eau pour responsabiliser les consommateurs : pour ou contre  ?

Les inégalités sociales, clés des crises de l’eau

Alors que l’urgence climatique et la croissance démographique posent constamment la question de l’utilisation faite de l’eau, aujourd’hui et demain, ce sont aussi les inégalités sociales qui jouent un rôle majeur dans l’émergence de telles crises de l’eau. « Les élites urbaines sont capables de surconsommer l’eau tout en excluant les populations moins privilégiées de l’accès de base », précise cette étude.

Ainsi, l’arrosage des jardins, le fait de remplir sa piscine ou de laver sa voiture constituent en réalité trois facteurs essentiels de la crise de l’eau. Alors que, selon la Commission mondiale sur l’économie de l’eau, la demande d’eau devrait dépasser l’offre de 40 % d’ici à 2030. Ce sont ainsi plus d’un milliard de citadins qui devraient être confrontés à une pénurie d’eau dans un proche avenir.

L’inégalité sociale, le plus gros problème

La seule façon de protéger l’approvisionnement en eau serait, selon les chercheurs, de redistribuer les ressources en eau de manière plus équitable. Selon le professeur Hannah Cloke, de l’Université de Reading, au Royaume-Uni, co-auteure de cette étude, « le changement climatique et la croissance démographique signifient que l’eau devient une ressource plus précieuse dans les grandes villes. Mais nous avons démontré que, pour les personnes les plus pauvres, l’inégalité sociale est le plus gros problème pour avoir accès à l’eau pour leurs besoins quotidiens. »

Alors que la plupart de l’eau utilisée par le groupe le plus riche était pour des besoins non essentiels, « il est temps de s’entendre sur la manière dont la société devrait partager la ressource naturelle la plus essentielle de la vie, insistent ces chercheurs. Ce n’est pas seulement un problème technologique ou financier. Nous devons mettre la justice et l’équité au centre de ce sujet. »

Références :
Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...




Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis