Corée du Sud : les ours-lune enfin protégés après des décennies d’exploitation
Après des décennies d’exploitation, les ours-lune de Corée voient enfin l’espoir renaître. Le pays met un terme à l’extraction de bile, une pratique douloureuse et lucrative, au profit d’une nouvelle ère de protection animale.

Longtemps réduits au rang de réservoirs vivants, ces ours emblématiques d’Asie ne seront plus sacrifiés pour une médecine traditionnelle aujourd’hui remise en cause. Leur protection ouvre une page nouvelle, où la compassion et la science remplacent le commerce cruel de la bile.
La fin d’une exploitation séculaire des ours-lune en Corée
Le 1er janvier 2026 marquera un tournant majeur : les ours-lune, longtemps captifs dans des fermes de Corée pour leur bile, seront protégés par la loi. Cette décision vient clore un pan controversé de la médecine traditionnelle, où la bile d’ours était réputée pour ses vertus thérapeutiques. Aujourd’hui, cette interdiction s’impose comme une victoire pour les défenseurs des animaux, mais aussi comme un défi pour gérer le sort des derniers spécimens en captivité.
En Corée, l’élevage d’ours pour la bile remonte à plusieurs décennies et a prospéré jusqu’à atteindre 1.400 individus dans les années 1990. Aujourd’hui, il ne reste qu’environ 250 ours répartis dans 16 fermes. À Hwacheon, sanctuaire emblématique du Project Moon Bear, treize ours rescapés trouvent déjà refuge, loin des cages et des aiguilles.
La bile, extraite à l’aide de cathéters servait dans la médecine traditionnelle asiatique à traiter les maladies du foie ou à renforcer la vitalité. Un foie pouvait atteindre jusqu’à 18.000 euros sur le marché noir, selon la Korea Animal Welfare. Cette valeur expliquait la persistance d’un commerce clandestin, malgré la cruauté dénoncée par les ONG. « La société coréenne les a contraints à la vie en captivité, et a utilisé leur corps. Nous avons presque provoqué leur extinction dans la péninsule », a rappelé Taegyu Choi, directeur du sanctuaire de Hwacheon, cité par Reporterre.
Un cadre légal renforcé pour protéger les ours-lune
Dès janvier 2026, les dispositions votées au parlement sud-coréen interdiront totalement l’élevage destiné à l’extraction de bile. La loi sur la protection de la vie sauvage a été modifiée afin d’imposer la fin de ces pratiques et de confier aux autorités locales la surveillance des sanctuaires. Les sanctions prévues sont dissuasives : une première infraction expose à une amende d’un million de won (environ 700 euros), tandis qu’une troisième récidive peut coûter deux millions de won (1.200 euros).
« Cet amendement jette les bases d’un arrêt complet de l’élevage d’ours. Nous collaborerons activement avec les parties prenantes pour garantir sa mise en oeuvre », a ainsi salué cette avancée Kim Tae-oh, directeur du bureau de la conservation de la nature au ministère de l’Environnement. Les euthanasies, autrefois autorisées après dix ans de captivité, sont désormais strictement encadrées par des vétérinaires et interdites à des fins commerciales. Les ours devront être confiés à des refuges ou sanctuaires reconnus, financés en partie par l’État et soutenus par des ONG.
Une reconnaissance internationale et un symbole de protection animale
Les ONG ont joué un rôle crucial dans cette évolution. World Animal Protection salue un « succès historique » obtenu après vingt ans de plaidoyers et de partenariats avec les autorités coréennes. L’organisation Animals Asia, également mobilisée, rappelle par la voix de Victor Bui que l’extraction de bile « n’est pas seulement une extraction d’un fluide ; c’est un système de torture profonde et prolongée ». Ce constat a renforcé la pression internationale sur Séoul.
Aujourd’hui, la Corée rejoint la liste des pays qui abandonnent cette pratique, encore répandue dans certaines régions d’Asie. Cette décision intervient dans un contexte où l’ours-lune est déjà classé comme espèce vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Elle représente donc une victoire pour la biodiversité et pour la cause animale. Mais la transition reste délicate : assurer la survie et le bien-être des 250 ours encore détenus nécessitera des ressources financières importantes et un accompagnement vétérinaire constant.
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