‘Cheapflation’ : encore une tromperie des industriels de l’agroalimentaire

L’ONG Foodwatch sonne l’alarme sur une pratique insidieuse : la « cheapflation ». En d’autres mots, la dégradation de la qualité d’un produit alimentaire, alors même que son prix grimpe.

Rédigé par Anton Kunin, le 8 Feb 2024, à 11 h 00 min
‘Cheapflation’ : encore une tromperie des industriels de l’agroalimentaire
Précédent
Suivant

Pour Foodwatch, le consommateur est doublement perdant : non seulement il se retrouve avec un produit de moindre qualité qu’avant, mais il le paie aussi plus cher.

La « cheapflation », késako ?

Vous connaissiez la « shrinkflation », voici un nouvel anglicisme pour désigner une pratique somme toute similaire mais légèrement différente dans l’univers de la grande distribution : la « cheapflation ». Ce terme, inventé par l’ONG Foodwatch, désigne une forme d’inflation masquée où les produits subissent une baisse de qualité tout en voyant leur prix augmenter. Ce phénomène peu connu du grand public représente une double peine pour les consommateurs : payer plus pour moins de qualité.

Concrètement, cette pratique se caractérise par une modification des recettes où des ingrédients de moindre qualité sont utilisés ou des composants essentiels sont réduits, souvent sans information claire pour le consommateur. Cette stratégie permet aux fabricants de maintenir ou d’augmenter leurs marges dans un contexte d’inflation des matières premières, au détriment de la transparence et de la qualité nutritionnelle. Foodwatch souligne aussi que ces changements ne sont pas toujours justifiés par les fluctuations des coûts des ingrédients mais résultent parfois de choix délibérés visant à accroître les profits, indépendamment des impacts sur la santé et le portefeuille des consommateurs.

« Cheapflation » : Foodwatch appelle à la transparence

Des exemples ? Foodwatch épingle six produits, dont un surgelé, le Colin d’Alaska à la bordelaise de Findus : le poids de la chair de poisson dans ce produit a diminué de 5 % au profit d’autres ingrédients, tandis que son prix au kilo a augmenté de 47 % entre avril et novembre 2023. Autre exemple : la barre Milka Choco sensations : entre 2022 et 2024, l’huile de tournesol a été remplacée par de l’huile de palme, tandis que le prix au kilo a augmenté de 27 %. Ou encore la mayonnaise Maille Fins Gourmets : la nouvelle recette compte 24,7 % de jaune d’oeuf en moins, alors même que le prix de ce produit au kilo a augmenté de 12,1 % entre novembre 2023 et janvier 2024.

Pour démasquer la cheapflation, Foodwatch s’est appuyé sur des outils comme Open Food Facts pour tracer l’évolution des recettes de produits de grande consommation au fil du temps. Cette démarche, bien que complexe faute de bases de données centralisées sur les prix et compositions antérieurs, a permis de mettre en évidence des modifications discrètes mais importantes. En comparant les prix historiques ajustés à l’inflation avec ceux pratiqués aujourd’hui, l’ONG a pu quantifier l’impact réel de la cheapflation sur le pouvoir d’achat.

Face à ces constats, Foodwatch appelle à une plus grande transparence de la part des industriels de l’agroalimentaire. Selon l’ONG, il est crucial que les modifications de produits soient clairement communiquées aux consommateurs, leur permettant de faire des choix éclairés. L’ONG insiste également sur la nécessité d’une régulation plus stricte pour protéger les droits des consommateurs et garantir l’accès à une alimentation de qualité à un prix juste.

Lire aussi
Alimentation : gare aux étiquettes trompeuses !

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !
Illustration bannière : @foodwatch
Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...



Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis