Alimentation des bébés : alerte sur les nouveaux ‘apéros’ ultra-transformés

Ils s’affichent comme ludiques, pratiques et adaptés aux bébés, pourtant les « apéro-snacks » pour tout-petits constituent l’essence de la malbouffe moderne.

Rédigé par Anton Kunin, le 23 Dec 2025, à 9 h 45 min
Alimentation des bébés : alerte sur les nouveaux ‘apéros’ ultra-transformés
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Le magazine 60 millions de consommateurs a enquêté sur des produits ultra-transformés qui, sous couvert de naturalité, installent très tôt des habitudes alimentaires discutables chez les bébés.

Bébés et malbouffe : des produits pensés comme des « apéro-snacks »

Les bébés sont désormais une cible marketing à part entière pour l’industrie alimentaire. D’abord cantonnée aux petits pots et aux laits infantiles, l’offre s’est élargie, progressivement puis massivement, à des biscuits, soufflés, sticks ou céréales soufflées à consommer à la main. Or, 58 % des 165 aliments pour bébés analysés par 60 millions de consommateurs relèvent de l’ultra-transformation. Ce basculement concerne directement les produits dits « d’apéritif », souvent présentés comme éducatifs ou sensoriels pour les bébés, mais qui empruntent en réalité les codes de la malbouffe adulte.

Dans le détail, certains segments atteignent des niveaux particulièrement élevés. Toujours d’après 60 millions de consommateurs, 96,9 % des desserts lactés pour bébés et 92,9 % des biscuits infantiles sont classés ultra-transformés, une proportion qui interroge sur la banalisation de ces aliments dans le quotidien des bébés. Ces produits intègrent fréquemment amidons modifiés, lécithine de soja, arômes ajoutés, jus de fruits concentrés ou émulsifiants, autant d’ingrédients absents d’une cuisine domestique classique. Ainsi, même lorsqu’ils affichent des mentions rassurantes, ces aliments restent éloignés d’une alimentation brute pour bébés.

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Aliments ultra-transformés pour bébés : que contiennent réellement ces produits ?

L’analyse des compositions révèle une standardisation des recettes pour bébés, dictée par des contraintes industrielles plutôt que nutritionnelles. Les fabricants ajoutent régulièrement des épaississants comme la pectine ou l’amidon afin d’obtenir une texture homogène et stable. Ces procédés, s’ils ne sont pas illégaux, traduisent néanmoins une transformation poussée des aliments destinés aux bébés. Les desserts lactés, par exemple, contiennent souvent peu de lait réel mais une combinaison de poudres, de sucres naturellement présents mais concentrés, et d’additifs de texture.

Cette logique atteint son paroxysme avec les « baby snacks ». Ces produits, extrudés à haute température, affichent parfois une densité énergétique élevée. Une étude réalisée en 2021, commanditée par la Commission européenne, indique que certains snacks infantiles atteignent environ 391 kilocalories pour 100 grammes, avec des teneurs importantes en glucides et sucres. Même si les portions recommandées sont faibles, l’exposition répétée des bébés à ce type d’aliments façonne précocement leurs préférences gustatives.

Des risques nutritionnels à long terme

La question centrale n’est pas celle de la toxicité immédiate, mais bien celle de l’apprentissage alimentaire des bébés. Comme le rappelle 60 millions de consommateurs, les produits ultra-transformés pour bébés peuvent favoriser une accoutumance au goût sucré et au grignotage en dehors des repas. Or, cette exposition précoce s’inscrit dans une période clé du développement sensoriel. De plus, ces aliments industriels sont souvent pauvres en protéines, vitamines et minéraux essentiels, tout en étant plus riches en sel, sucres et matières grasses que des préparations maison simples.

Par ailleurs, la communication des marques entretient une certaine confusion. Des mentions telles que « sans sucres ajoutés » ou « riche en légumes » ne signifient pas l’absence de malbouffe pour bébés. Un produit peut être ultra-transformé tout en respectant ces allégations réglementaires. Ainsi, les bébés consomment des aliments techniquement conformes mais nutritionnellement discutables, ce qui interroge sur la responsabilité collective dans la construction des habitudes alimentaires dès le plus jeune âge.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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