Les animaux d’Afrique, victimes collatérales des conflits

Une étude indique que les grands mammifères africains sont souvent les victimes collatérales des guerres. Mais malgré tout, les chercheurs soulignent l’importance du maintien des activités de conservation, même en temps de crise.

Rédigé par MEWJ79, le 21 Jan 2018, à 12 h 15 min
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Selon une étude menée par des chercheurs américains et publiée dans la revue Nature, les conflits armés en Afrique auraient de graves conséquences sur les populations de grands mammifères.

Les animaux d’Afrique, pris dans la guerre

L’étude, publiée le 10 janvier 2018 dans la revue scientifique Nature et menée par des chercheurs de l’université de Princeton, aux États-Unis, montre que les grands mammifères africains (éléphants, girafes…) frôlent régulièrement l’extinction dans les zones déchirées par la guerre. Pour les scientifiques, les conflits armés «compliquent les plannings de conservation».

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Des girafes © Volodymyr Burdiak

Selon cet article, 71 % des zones protégées africaines ont été touchées par des conflits entre 1946 à 2010, et ce, parfois pendant de longues années. Les combats ont entraîné le déclin de plusieurs populations de grands herbivores. Éléphants abattus pour l’ivoire afin de financer les combattants, antilopes chassées pour leur viande par des populations affamée… Les grands animaux d’Afrique sont de véritables victimes collatérales de ces conflits, durant lesquels certains périssent même directement sous les balles.

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L’augmentation des conflits entraîne le déclin des populations sauvages

L’étude s’est basée sur l’évolution de 253 populations de 36 espèces de grands mammifères herbivores, dans 126 zones protégées de 19 pays africains. Et le constat des chercheurs est terrible : « Les populations sauvages déclinent avec l’augmentation de la fréquence des conflits », affirment-ils. « Quelle que soit leur intensité (mesurée en nombre de morts humains), une augmentation même ‘minime’ de la fréquence des guerres conduit ces populations sauvages sous le seuil de remplacement », ajoutent les deux auteurs, qui n’ont pour autant pas d’estimation du nombre total d’animaux disparus à cause des conflits. 

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© Volodymyr Burdiak

Et toutes les espèces en sont victimes. Joshua Daskin, directeur de l’étude, explique ainsi : « on pourrait s’attendre à ce que les éléphants soient plus touchés en raison de la valeur au marché noir de leurs défenses, mais il s’avère que l’effet du conflit persiste pour les autres animaux, buffles, zèbres, gnous, girafes, et beaucoup d’espèces d’antilopes, quand on enlève les éléphants des données ».

Les activités de conservation sont maintenues malgré les guerres

D’autres recherches ont été effectuées sur divers indicateurs, connus pour leur impact sur la faune (fréquence des sécheresses, taille des zones protégées, densité de population humaine, présence d’industries d’extraction…), mais aucun n’a d’effet aussi déterminant que la fréquence des conflits. 

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Toutefois, l’espoir est permis. Joshua Daskin est en effet optimiste quant au sort des espèces menacées. L’étude souligne que malgré les conflits, les activités de conservation dans les zones préservées sont tout de même maintenues.

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© GuilhermeMesquita

Les chercheurs évoquent par exemple le cas du parc national de Gorongosa au Mozambique, où plus de 90 % des grands mammifères avaient disparu suite aux guerres qui ont ravagé le pays entre 1977 et 1992, mais depuis, « la faune sauvage est revenue à environ 80 % des niveaux pré-guerre. Un effondrement total des populations est rare, montrant que la faune ravagée par une guerre peut s’en remettre ».

Illustration bannière : Éléphants © Volodymyr Burdiak
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

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