Voitures sans conducteur = villes un jour sans voitures ?

Rédigé par Stephen Boucher, le 11 Jan 2015, à 15 h 41 min
Voitures sans conducteur = villes un jour sans voitures ?
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Imaginez une flotte de voitures à chaque instant disponible, qui, d’un clic sur votre téléphone se présenteront devant chez vous, vous amèneront où vous voulez, en toute sécurité, sans que vous ayez à faire autre chose que lire, travailler, jouer à des jeux vidéos ou bavarder avec vos amis… Le futur n’est plus si éloigné : les prototypes de voitures sans conducteur se multiplient.

Celles-ci sont-elles vouées à remplacer les véhicules traditionnels ? A quelle échéance ? Avec quels conséquences sur le parc existant et la pollution urbaine ? ConsoGlobe se penche sur la question.

Les voitures sans conducteur : une réalité

Les voitures sans conducteur arrivent plus vite que prévu. Au-delà de la très médiatisée « Googlecar », les constructeurs s’y mettent tous. Mercedes, Audi, BMW, Volkswagen et Volvo y travaillent déjà. Malgré le flop d’une e-Golf auto-pilotée pour cause de panne de batterie, le Consumer Electronics Show (CES) de janvier 2015 à Las Vegas les a mises à l’honneur.

Y était notamment présentée une Audi 7 qui a fait le trajet entre la Silicon Valley et Las Vegas, soit presque 900 kilomètres, sans pilote. Soit aussi la distance la plus longue jamais parcourue par une voiture de ce type.

audi-a7-CES-2015-voiture-sans-conducteur

BWM et Volkswagen développent des systèmes par lesquels les voitures se garent elles-mêmes, sans que vous soyez dans la voiture. Valeo a aussi développé le système ValetPark4U qui vous permet de fermer votre véhicule et de le laisser se garer pendant que vous allez tranquillement vaquer à vos occupations.[1]

La firme suédoise Volvo mettra quant à elle pas moins de 100 voitures auto-pilotées sur les routes de Gothenburg en 2017.

Pas de généralisation tant que la loi ne les autorisera pas

« La conduite du futur sera électrique, automatisée et connectée » prédit le PDG de Bosch Volkmar Denner au CES. Son point de vue est largement partagé. Les constructeurs annoncent ainsi une mise sur le marché de ces voitures d’ici 2025. Selon le magazine spécialisé dans les technologies automobiles de pointe TU-Update, « la date est contestée mais leur arrivée est inéluctable ».

Mais la technologie est déjà bien avancée. Les voitures déjà sur le marché qui peuvent se garer seules sont nombreuses. Et les tests de véhicules autonomes sont déjà probants. Ce qui freine, sans mauvais jeu de mot, c’est la réglementation qui oblige à ce que les véhicules sur la chaussée publique soient pilotés par un être humain.

picto_loupeL’administration britannique s’est déjà attelée à la question. UK Autodrive, un consortium d’autorités locales, d’entreprises automobiles et d’établissements universitaires est ainsi le vainqueur d’un projet de £10.000.000 (… millions d’euros) d’un concours du gouvernement pour l’introduction de voitures sans conducteur. L’objectif du projet est d’établir le Royaume-Uni en tant que plaque tournante mondiale pour le développement des technologies de véhicules autonomes et d’intégrer les véhicules sans conducteur dans des environnements urbains en les testant dans deux grandes villes.

La Californie a elle aussi pris les devants en introduisant de nouvelles règles pour les essais de ces véhicules automobiles, exigeant que les conducteurs soient en mesure de prendre le « contrôle physique immédiat » d’un véhicule en cas d’urgence. Des normes fédérales sont à l’étude pour l’utilisation de ces engins dans différentes conditions en fonction du climat, du terrain, de la densité de population ou d’autres facteurs.

Ces efforts publics préfigurent la compétition qu’anticipent entre Etats pour être en pointe sur ce marché émergent.

L’acception par les usagers sera décisive

D’autres questions pourraient toutefois freiner l’adoption par les consommateurs, notamment bien sûr la confiance en la fiabilité de la technologie, les questions d’assurance et de responsabilité associées, mais aussi la protection des données privées quant au déplacement des particuliers. Ceci étant dit, l’expérience des « Smartphones » montre que les bénéfices du service innovant sont parfois tels que les usagers sont prêts à « payer », d’une certaine manière, par un partage accru de leurs données.

Mirai (means future in Japanese) Toyota Fuel Cell vehicle (using hydrogen )

Par ailleurs, comme pour d’autres innovations, telles que la voiture électrique ou la voiture à hydrogène, ce sont probablement d’abord des flottes captives, le cas échéant sur des voies privées, qui permettront de tester et développer la technologie à plus grande échelle tout en faisant baisser les coûts et en accélérant la publicité, donc la demande, donc l’approbation réglementaire. Les services pouvant être utilisés sur les parkings – souvent voies privées – pour garer votre voiture automatiquement accéléreront aussi cette acceptation et donc attente du public.

Les voitures auto-pilotées : probablement une très bonne nouvelle pour l’environnement

Si les constructeurs y voient un nouveau potentiel de croissance, ce nouveau mode de déplacement aura-t-il un impact positif ou négatif pour l’environnement ? Ces voitures viendront-elles s’ajouter à un parc automobile déjà de plus d’un milliards dans le monde et croissant rapidement, ou permettra-t-il une réduction du nombre de véhicules en circulation ?

Sachant qu’une voiture personnelle classique reste immobilisée environ 90 % du temps, et du fait de la facilité d’utilisation de ces véhicules, on peut anticiper que la possession d’une voiture pour les usagers urbains deviendra largement moins attractive qu’aujourd’hui. Avec une voiture de ce type louée pour chaque usage ponctuel, plus de problème de parking en effet, plus d’attente oisive et frustrante dans la circulation… De même que les téléphones portables remplacent progressivement nos lignes fixes à la maison, on peut ainsi imaginer que la supériorité pratique des voitures auto-pilotées nous fera abandonner l’envie de posséder notre propre véhicule.

Ceci pourrait entraîner une diminution conséquente du nombre de voitures stationnées en ville. Cela pourrait aussi conduire à des formes de compétition avec les taxis et transports publics inattendues. Puisque sur votre parcours, le logiciel de la voiture pourrait vous proposer de partager la course avec l’un ou l’autre passager.

Ces véhicules, connectés, pourraient aussi aider à fluidifier la circulation automobile en ville par leur connexion aux données de circulation. Electriques, leur usage pourrait aussi diminuer les émissions polluantes en ville et optimiser la consommation d’énergie. Klas Bendrik, vice-président de Volvo, prédisait ainsi récemment que les voitures sans conducteurs conduiraient à une amélioration de la consommation d’énergie et de la congestion de 10 % à 20 %.

*
Je réagis

Lisez également sur la voiture sans conducteur et les transports du futur :

[1] http://www.gizmag.com/valeo-park4u-automated-parking-system/29315/

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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

8 commentaires Donnez votre avis
  1. Pour la suppression de tous les radars
    La cartographie de régulation de la vitesse automatique par statelite , comme un GPS, modulerait vôtre vitesse automatiquement suivant les zones 20-30–50-70-80-90 -110-130 klmh
    Ceci monté en série sur tous les véhicules ;le régime moteur étant bloqué à la vitesse autorisé (accélération bloqué
    Plus un seul PV
    Les propriétaires de voiture rapide ou mm les autres pouvant opter pour une régulation débridée à leur risques et péril
    A mon avis 80% des excès de vitesse supprimés
    Quelle perte pour L’ETAT, mais quelle sécurité pour l’automobiliste

    • Stephen Boucher

      Système envisagé par les autorités publiques dans plusieurs Etats. C’est l’acceptation publique qui coince le plus…

  2. Bonjour.
    Plus je lis ce genre d’article, plus je suis dubitatif.
    Toutes ces assistances, ça va finir par fabriquer des gens atrophiés.
    Je ne vois pas les constructeurs faire des voiture qui durent, il faut faire tourner les usines coûte que coûte et tant pis pour les ressources de la planète.
    L’électronique qui évolue tous les mois « pour notre bien » condamnera rapidement une voiture à la casse, même si elle a un potentiel de rouler des années encore en étant tout bêtement entretenue et réparée quand il le faut.
    Mais telle ou telle pièce, c’est du sasfépu, alors direction la casse qui est rarement un modèle de récupération intelligente.
    En ville la meilleure solution restera les transports en commun depuis que Blaise Pascal a imaginé le coche à cinq sols.
    Et en matière de transports en commun, il faut penser à la pertinence du réseau comme le fait remarquer si justement savonette !

    • Stephen Boucher

      Oui, 10 fois oui aux transports publics améliorés. Mais – cf Paris – on ne peut tout avoir, donc contraintes sur circulation automobile : il faut une meilleure politique d’acceptation sociétale, d’inclusion géographique, de transfert modal, de qualité à tous les niveaux… Il ne suffit pas de dire non plus « plus de transports publics ». Et d’accord avec la lutte contre l’obsolescence programmée. Mais des véhicules dont les individus n’auraient que l’usage et non la possession pourraient, conceptuellement, être beaucoup plus facilement orientés vers des modes plateforme / entretien.

  3. je pense qu’il vaut mieux amèliorer les transports publics, plus fréquents et création de lignes supplémentaires, et gratuité pour les habitants.
    pour Marseille un vrai défi, car il n’existe pas de lignes de bus transversales , qq soit le quartier les bus vous amènent au centre ville, pas moyen d’aller directement d’est en ouest, aussi beaucoup préfèrent prendre leur auto . Aux heures creuses c’est bien plus rapide.
    Faut dire que la politique municpale, préfère couvrir le stade à grand frais (impôts), pour faire plaisir à quelque uns, plutôt que terminer la fameuse L2 , dont on parle depuis 30 ou 40 ans. C’est 1 choix!

    • Stephen Boucher

      Les transports publics restent, je suis d’accord, une priorité. C’est certainement le plus efficace pour réduire le traffic urbain, et donc les nuisances associées. On ne peut de plus pas compter sur une technologie qui se déploiera progressivement pour des problèmes présents aujourd’hui.

  4. Autant je vois bien en quoi cela peut réduire les problèmes de parking, autant je ne comprends pas comment cela pourrait significativement résoudre ceux de circulation. S’il y a autant de trajets il y aura autant de bouchons. L’autopartage (qui ne nécessite d’ailleurs pas forcément de technologie ni de loi supplémentaires) permet certes de diminuer le nombre de véhicules sur la voie publique, mais pas sur la chaussée. Pour reprendre l’exemple des « téléphones portables [qui] remplacent progressivement nos lignes fixes à la maison » : y a-t-il pour autant moins d’appels passés ?

    • Stephen Boucher

      Tout à fait juste, cela ne réduira pas la demande de transport, voire, de manière similaire à l’effet rebond pour l’efficacité énergétique, facilitera les déplacements et en générera de nouveaux, marginalement.

      Toutefois, les effets bénéfiques en termes de consommation d’énergie d’un parc automobile réduit sont loin d’être négligeables. La production d’un véhicule représente, grosso modo, sur tout son cycle de vie, la moitié de l’énergie que ce véhicule exigera. Les gains en efficacité de carburant et de traffic, comme l’indique l’expert de Volvo, seraient, eux, plus limités, mais non négligeables « 10% à 20% ».

      L’un dans l’autre, en plus des améliorations que l’on doit faire (cf commentaire précédent sur les transports publics) de toute façon, ce peut être une réelle amélioration du paysage et de l’air urbain, sans oublier que la majorité de la population mondiale vit aujourd’hui dans les villes et que ce sera bientôt les trois quarts…

Moi aussi je donne mon avis