Färm, la coopérative alimentaire qui réconcilie Bruxelles et les supermarchés

Bruxellois, Bruxelloises, renouez avec les supermarchés grâce à färm, la coopérative locale pour une alimentation durable, saine et de qualité. Comparable aux Biocoop français, färm compte déjà trois magasins dans la région, et ne va pas s’arrêter là.

Rédigé par Romane Dubrulle, le 12 Feb 2016, à 8 h 05 min
Färm, la coopérative alimentaire qui réconcilie Bruxelles et les supermarchés
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Le 9 janvier dernier, färm a ouvert les portes du dernier-né de ses supermarchés à Auderghem : 500m² et 4.000 références de produits bio, locaux et de saison, en circuits courts. Selon Baptiste Bataille, « la coopérative se situe entre le magasin bio et la grande surface. Le magasin bio pour la connaissance du produit et les valeurs humaines et la grande surface, pour l’efficacité et la rentabilité ». Lui et son associé, Alexis Descampe, ont tous deux étudié l’environnement avant de se lancer dans cette aventure : « La recherche et l’université c’est bien, mais nous souhaitions autre chose. Nous voulions créer une entreprise avec des valeurs et faire qu’elle soit rentable, donc durable. ».

Des paniers bio ‘The Peas’ au supermarché en coopérative ‘färm’ :

En 2009, Baptiste et Alexis développent The Peas, une entreprise spécialisée dans la distribution des paniers bios. The Peas (les poix) propose une large gamme de produits mais très vite, ils se rendent compte que les invendus sont nombreux et décident de créer un magasin en complément, afin de les écouler : un nouveau genre de point de vente qui semblait vraiment manquer tant la réaction des clients est positive.

Assez vite, les deux associés s’aperçoivent que leurs paniers entrent en concurrence avec les producteurs, qui pourraient les vendre eux-mêmes directement. Ils décident donc de se focaliser sur le magasin, s’agrandissent, arrêtent la distribution des paniers et travaillent sur un projet d’envergure : la création d’une chaîne de supermarchés bio, coopératifs et urbains. C’est ainsi que nait färm, en 2013.

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Un fonctionnement collaboratif

Färm embauche 42 personnes, que l’on ne désigne pas comme employés mais plutôt comme « cofärmers », ou collaborateurs. Ensemble, ils participent activement aux groupes de travail et de réflexion de la coopérative liés à son fonctionnement et à ses projets.

Les consommateurs aussi ont leur mot à dire. L’offre du premier magasin a d’ailleurs été établi par les clients eux-mêmes : lorsqu’un produit spécifique était réclamé au moins deux fois en une même semaine, il se devait d’être proposé en magasin aussi vite que possible.

Dans l’avenir, färm aimerait même proposer à ses clients de passer quelques heures de leur temps pour prendre une part active au sein de la coopérative : élaboration de messages de sensibilisation, aide graphique, rédaction d’articles pour le blog, organisation d’événements et d’actions, etc. On imagine même par exemple, la possibilité pour les personnes intéressées d’aider le boulanger dans ses fonctions. À condition qu’elles se lèvent tôt…

Le fonctionnement même de la coopérative se veut au coeur du changement des rapports humains, avec une volonté de transparence et d’intégration de tous les acteurs lors des prises de décision. Le conseil d’administration compte des représentants des investisseurs bien sûr, mais aussi des employés, des consommateurs et des producteurs, chacun ayant la même représentation, qui n’est pas proportionnelle à l’argent investi : une sorte de mini démocratie qui recherche avant tout le consensus entre les quatre parties.

Les objectifs de färm

La coopérative s’attribue trois métiers : la distribution, la (co)production et la sensibilisation.

Faciliter la consommation responsable

L’objectif de la coopérative est très simple : rendre plus facile la vie des habitants de la région Bruxelles-Capitale qui souhaitent consommer responsable. Ils peuvent trouver grâce à färm, un maximum de produits de qualité en un lieu unique et convivial, bien desservi par les transports en commun.

La distribution représente donc la plus grande part de l’activité de la coopérative d’autant plus que  les filières courtes utilisant au maximum un intermédiaire, et locales dans un périmètre de 80 km, sont systématiquement privilégiées. Elle se fait donc moins orientée vers la rentabilité et prend en compte l’aspect humain et social de la consommation la rendant plus responsable.

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Collaborer durablement

En règle générale, il n’est pas toujours évident de proposer des aliments à la fois bio, locaux et en filière directe. Chez färm, les produits rassemblant ces trois critères constituent la gamme « hëro » qui porte d’ailleurs bien son nom.

Pour que cette nouvelle gamme évolue de manière constante, färm se doit d’aider à la production ou du moins de collaborer durablement avec les producteurs. La coopérative s’investit donc perpétuellement dans des projets de développement : aide aux premiers cultivateurs de quinoa belge, partenariat avec une biscuiterie pour écouler les spéculoos cassés, pour ne citer que quelques exemples.
Dans le même élan, en collaboration avec la coopérative Agribio, une boulangerie sera aménagée très prochainement dans le nouveau supermarché färm à Auderghem.

De plus, ce développement d’une véritable chaîne de supermarchés peut offrir aux exploitants souhaitant passer au mode bio, les débouchés nécessaires pour franchir le pas. À terme, färm voudrait créer une centrale d’achat permettant la commande de produits en quantités beaucoup plus importantes : une manière de réaliser des économies d’échelle se répercutant sur des prix à la baisse.

Mener des campagnes de sensibilisation

Par ses actions de sensibilisation, färm souhaite (re)créer des liens entre des voisins qui ne se connaissent plus en ville. Un effort qui passe bien-sûr par la convivialité et l’échange, comme c’est le cas lors des ateliers potager.

Changeons les liens des hommes à leur alimentation pour changer les liens entre les hommes.

 

Pour Baptiste Bataille qui pense que « l’alimentation est la base du social », l’endroit privilégié pour échanger et créer des liens reste la table. Un projet de cantine pourrait ainsi être mis en place une fois par mois.

Et, comme on ne peut pas parler de bio et de développement durable sans penser à l’environnement, färm a doté tous ses supermarchés d’équipements écologiques : isolation, LED pour éclairer les rayons, etc.

Enfin, pour éviter tout gaspillage, les déchets sont triés, le « vert » transformé en compost et les invendus, comme le pain, les fruits et légumes, donnés à des associations.

À venir chez färm

D’ici 2019, deux nouveaux magasins devraient voir le jour et onze franchises ouvrir leurs portes, dont une prochaine en 2016. Toujours dans la capitale belge, même si l’ambition est à l’échelle nationale.
En fédérant les intérêts et en mobilisant les énergies, färm montre la voie du succès d’une entreprise humaine et écologique à la recherche de partenariats efficients, conviviaux et équitables, afin d’offrir au plus grand nombre, un accès à une alimentation durable et saine avant tout.

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J'ai toujours été passionnée par l'écriture, la politique et le développement durable. Il est, selon moi, urgent de changer notre façon de consommer et...

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