Comment on vous fait acheter plus en vous vendant moins !

Rédigé par Jean-Marie, le 21 Aug 2014, à 14 h 38 min
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Suite du voyage dans les coulisses du marketing  avec une des techniques favorites de la distribution et des fabricants pour vous faire acheter plus tout en vous vendant moins. Cette technique qui consiste à changer les emballages et conditionnements des produits, appelée « dégrader le produit »  par les professionnels, va parfois un peu loin.

Dégrader le produit pour vendre plus cher

jeunes et la consommation

Une des questions clés  que se pose un fabricant pour améliorer ses marges est « comment réduire les coûts et vendre plus cher » ?

Comment vous faire acheter plus ?

Modifier conditionnement et recette

Pour économiser sur les matières premières sans modifier le prix de vente d’un produit, il faut changer sans en avoir l’air, une technique particulièrement prisée de l’industrie agroalimentaire. Comment s’y prend-on ?

En changeant la composition d’un produit, par exemple en remplaçant les ingrédients les plus coûteux par d’autres qui le sont moins, en changeant de matières premières pour des produits moins nobles, en changeant le dosage des ingrédients de manière à avoir un « mix » moins onéreux à fabriquer. Évidemment, cela va rarement dans le sens d’une amélioration de la qualité du produit qu’on nous vend.

Eh bien au contraire, on va plutôt diminuer la quantité de l’ingrédient phare au fil du temps : imaginez un produit vaisselle dont l’ingrédient détergent phare (qui dégraisse bien) va être diminué tout doucement et remplacé par un agent moussant peu cher (qui donne l’impression de propre). Le lancement d’une nouvelle formule « encore plus efficace » permettra de vendre (plus cher) aux fidèles du produit d’origine.

Voyez l’exemple de l’analogue, typique d’un produit bas de gamme qui a réussi à s’imposer du seul fait de son prix très bas… et malgré sa médiocrité intrinsèque : Avec l’Analogue, le vrai fromage sur les pizzas, c’est râpé.

Mais ce qui vaut pour le fromage est tout aussi valable de bien d’autres ingrédients, on va ainsi :

  • remplacer les bonnes graisses  (de bons lipides) par des huiles végétales hydrogénées,
  • remplacer du saccharose par du sirop de glucose, de l’amidon, de la gomme de guar

decision-acheter plus

Des produits de substitution industriels

Des cabinets conseil sont spécialisés dans ce type « d’optimisation » produit, ainsi la société Chamtor, qui propose différentes astuces aux industriels sur son site Internet

  • Pour le glucose : « Les sirops de glucose employés en biscuiterie permettent de fabriquer des biscuits secs de qualité tout à fait comparable à celle des produits à base de saccharose. L’utilisation de sirops riches en maltose permet d’améliorer la qualité des biscuits tout en augmentant le taux de substitution du saccharose (gain économique) sans risque de coloration excessive. Le H-MALTOR 70/80 donne des biscuits très lisses et brillants.« 
  • Pour remplacer les protéines du gluten : « L’intérêt de GBS-P51 dans la fabrication des biscuits réside dans le fait que, pour une matière sèche identique, il réduit la viscosité. Ceci permet de réduire la quantité d’eau incorporée et par là même, de diminuer les coûts énergétiques.

Selon la farine utilisée, une addition comprise entre 0,6 et 1 % par rapport au poids de farine permet de maintenir une viscosité équivalente avec 10 % d’eau en moins.

L’addition de GBS-P51 à 0,1 – 0,6 % permet également de réduire le retreint et l’ovalisation. L’incorporation de gluten hydrolysé GBS-P51 favorise le crémage des matières grasses et assure un meilleur développement des cakes, quatre-quarts ou génoises lors de la cuisson.

Le gluten vital de blé possède des propriétés viscoélastiques unique (…). Sa capacité de rétention gazeuse permet une expansion du volume contrôlée et une amélioration de la texture. Ses propriétés de coagulation lors de la cuisson contribuent à la rigidité de la structure du produit fini et à une meilleure sensation en bouche.

Le gluten de blé hydrolysé GBS-P51 favorise l’hydratation, la souplesse et la machinabilité des pâtes, et permet une diminution du temps de repos. Il facilite également le feuilletage et apporte un caractère moelleux aux produits finis.« 

  •  Pour remplacer la farine par l’amidon : « L’amidon natif de blé est utilisé en pâtisserie comme agent de texture et support de poudres levantes. Ses propriétés sont particulièrement appréciées dans la formulation de cakes, muffins, gâteaux, et crêpes. L’utilisation d’amidon de blé permet la réduction de la force des farines biscuitières et améliore la texture du produit fini.« 

Jouer avec les mots

picto-bien-mangerÉvidemment pour passer inaperçu sans mentir, il faut faire quelques contorsions sémantiques et jouer avec les mots. Pour reprendre l’exemple du (faux) fromage, on va parler de « spécialité fromagère » et pas utiliser le mot « fromage » tout court. Pour faire passer l’adjonction d’huile de palme, on va parler de « nouvelle recette encore plus onctueuse » ou encore une « recette d’antan comme chez Grand-mère ».

Et puis on va mettre en avant des arguments de vente secondaires : on va mentionner que le produit offre « moins de calories, moins de graisses, pas de graisses saturées » tout en oubliant d’indiquer qu’il n’y a aussi… aucun intérêt nutritionnel et un goût dégradé !

yaourts-packs-promo

Car enjoliver les mots, ça paie. Une étude sur une purée montre que les ventes ont augmenté de  27 % par rapport à la même purée mais avec un nom classique moins évocateur de qualité.

Une expérience réalisée dans un self-service avec des produits portant un label « classique » et d’autres avec des labels « enjolivés » avec exactement la même recette, a montré que les étudiants sont non seulement prêts à les payer 7 % plus cher mais les trouvent meilleurs !

Aussi, il est fréquent de voir apparaître un label, un pseudo label, une allégation santé, un nouveau nom (bulle de yaourt, crème de lait, …), un nouveau slogan (mouliné à l’ancienne), etc. pour masquer une manipulation sur le grammage ou le rapport poids / prix.

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

14 commentaires Donnez votre avis
  1. Moi c’en est fini des supermarchés, quasiment, le but est de se rapprocher d’une consommation de plus en plus autonome. Et nos filles ados suivent leurs parents sur ce point car c’est un sujet qui nous préoccupe et dont nous discutons. Cela veut dire aussi plus de temps à cuisiner et à chercher de bons produits. Le changement viendra de nous, Ne comptons pas sur les gouvernements qui sont à la botte des industriels.
    La fin de cette société est en marche, même si cela prendra du temps (bcp?. C’est par notre comportement engagé et non soumis que d’autres nous suivront.

  2. Ce sujet m’agace profondément depuis bien longtemps. Et les changements ne passent inaperçus qu’auprès des consommateurs gloutons ou sans palais. Parce que sincèrement « l’évolution » des chocolats devenant des plaquettes de beurre dans le meilleur des cas, les yaourts toujours plus enrichis, écœurent et saturent les papilles.

    Peut être ai-je un palais « sur développé » ..? Mais je ne le crois pas. Juste attentive et curieuse. Peut-être aussi mon répertoire alimentaire est-il plus étendus. Par exemple, il y a 10 ans, j’ai constaté le changement de nourriture qu’ont connus les ruminants laitiers grâce à mon sens gustatif.

    En effet, le goût de l’ensilage dans le lait, les yaourts et fromages est désormais très présent en arrière bouche. Mais bien sur pour le sentir encore faut-il prendre le temps de garder la bouche vide un moment. Et accepter de le ressentir.
    Ne serait-ce pas pour l’éviter que certains se resservent systématiquement ?
    Quant aux étiquettes et listes d’ingrédients obligatoires, avez-vous constaté la réduction de taille ? Faut-il se promener avec une loupe désormais pour savoir ce que l’on achète ?

    Ces dernières années, excédée, et n’ayant plus envie de vivre cette impression « d’être prise pour une imbécile », j’ai cessé d’acheter de nombreuses « marques » simplement lorsque que l’emballage annonçait un changement qualitatif soit disant supérieur.
    Que néni…. soit-il sot celui qui y croit désormais!

    L’évitement tranquille, des produits de l’industrie agro-alimentaire m’a permise de revenir à une qualité qui réjouit mes papilles, fait chanter mes repas et pétiller mes cellules. 🙂

    Pas de preuve, mais je dirais que ma santé et donc mon portefeuille s’en portent mieux également … Quel meilleur placement retraite que de revenir à une nourriture et une vie simple.

    Merci pour cet article !
    Je me sentais un peu seule 🙂
    Au plaisir de se nourrir pour vivre !
    Danielle

  3. c’est bien joli tous ces conseils (je partage pleinenemt ces démarches), mais ceux qui les lisent sont déjà convaincus. il faut les faire lire autour de nous à ceux qui remplissent leurs caddy avec des produits cuisinés industriels…. et après ils se plaignent d’être malades, allergiques et bien d’autres choses encore.
    alors militez pour que ces personnes changent pour eux, pour leurs générations futures et pour la planète.

  4. Dans la même logique, cette vidéo, qui tourne pas mal en ce moment sur les réseaux sociaux, explique très bien comment tous ces changements sont possibles : youtube.com/watch?v=NwMVVaygH7U

    … ça fonctionne parce qu’on le veut bien, et plus nous en aurons conscience, plus faible sera la force de ces méthodes.

  5. Quelque part un jour j’ai lu que la télé n’avait que pour seul but d’apporter la pub chez vous. J’ai vécu quelques années sans télé; c’est fou ce qu’on a comme temps en plus ! Je sais ce sont des choix ! Ensuite faire ses courses cela prends du temps, et de plus en plus j’achète en vrac et pour le reste je jette tout les emballages que je peux au moment de charger la voiture. Cela veut dire avoir quelques sacs de course dans le coffre, mais au moins ma poubelle ne déborde pas. Je cuisine aussi ( j’ai le temps, je regarde pas la télé…) et la aussi, quand je goute de l’industriel, bof, de l’air, du vent et des scandales à répétition. Il suffit d’un peu de volonté de tout le monde et le changement arrivera. Pour terminer en achetant directement chez les producteurs, cela aussi va faire bouger, courage allons y continuons !

  6. ha! oui l’école de la République et maintenant les émissions a la télè comme bourrage de crane et autre lavage de cerveau nos trés chers gouvernements rivalisent de crapulerie a travers les siècles et des siècles AMEN !!!!!

  7. Ces pratiques ont lieues surtout sur les produits de grandes marques qui passent leur temps à nous truander.
    Ce genre de pratiques a lieu moins souvent avec les produits de marques distributeurs et les premiers qui changent rarement leurs recettes et ont des prix plus stables que les grandes marques.
    Et même si on se rend compte de cette pratique en rayon, le supermarché ne nous donne pas le choix d’acheter un produit équivalent:
    astuce-conso.over-blog.com/2014/08/ces-supermarches-qui-ne-nous-donnent-pas-le-choix.html

  8. mes enfants ont 30 ans,j’m toujours les dessins animés et sur la chaine Disney je suis étonnée de voir tant de pub en direction des enfants qui restent souvent seuls et s’imbibent.on les déforme pour un avenir de consommateur hystérique.Bien sur il ya qq parents qui ont plus de temps et mettent de belles vidéo ,discutent des spots et aiguisent l’esprit critique de leur progéniture , ce ne sont pas ces enfants là qui m’inquiètent.

  9. Votre démonstration est tout à fait édifiante , mais vrai .J’en veux pour preuve « l’indétronable » NUTELLA qui ne correspond plus vraiment à la mémoire du goût que mon cerveau avait mémorisé il y a 40 ans , alors vue de l’esprit ou réalité?
    Et que dire de la diminution de taille des éponges ménagères et de la longueur des rouleaux de papier WC , etc,etc….

  10. c connu faut acheter en connaissances de causes

  11. Ces manipulations scandaleuses n’existent ce que parce que chaque consommateur permet à cette industrie de mentir sans être sanctionnée. Boycottons ces produits et revenons à des pratiques seines, simples, et responsables. Consommons local. Consommons vrac. Faisons la cuisine… Et en prime diminuons nos dépenses, diminuons les déchets, et diminuons le temps passé à gober les campagnes marketing à la Tv. Une autre vie est possible.

  12. Au niveau dégradation des produits, ce sont les ravioli Buitoni qui me viennent à l’esprit; je suis resté quelques années sans en manger, et quand j’en ai mangé récemment, je me suis demandé ce qu’on avait mis comme viande à l’intérieur. Alors, j’ai repensé à ces méthodes pour racler les os et je me suis dit que ce devait être ces sous-produit qu’on avait mis dedans. Depuis lors, je n’en achète plus.

  13. Passionnant
    bravo

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