La vision qu’ont Google et Uber des véhicules autonomes signe la fin des centre villes – Interview, Ross Douglas

Les véhicules autonomes, voitures, bus ou autres, attirent de plus en plus d’attention. C’est l’objet du salon Autonomy, qui se tiendra à la Villette, à Paris, du 19 au 21 octobre 2017. C’est l’occasion de faire le point avec son fondateur, Ross Douglas : où en est cette autonomie dont on parle tant et va-t-elle vraiment changer nos vies ? Il livre une vision empreinte d’optimisme mais nuancée de messages d’avertissement quant aux impacts sociaux et économiques pour les villes européennes.

Rédigé par Stephen Boucher, le 3 Oct 2017, à 7 h 15 min
La vision qu’ont Google et Uber des véhicules autonomes signe la fin des centre villes – Interview, Ross Douglas
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consoGlobe.com – Quelles villes sont pionnières en la matière ?

Ross Douglas – Paris est clairement leader. Le maire de Londres, Sadiq Kahn pousse à la mobilité active, qui répond aux besoins de mobilité et de lutte contre l’obésité. En Allemagne, il y a moins de congestion et donc moins de pression. Les villes américaines sont très centrées sur la voiture, mais San Francisco regarde la question. Donc la tendance sera tiré par les villes européennes et chinoises. Il y a une variété de solutions chinoises. Les Chinois auront la mobilité électrique autonome et partagée avant tous les autres. Ils seront leaders.

consoGlobe.com – L’Europe va donc perdre cette course-là contre la Chine ?

Ross Douglas – Ce qu’a fait la Chine a été très malin. Ils ne se sont pas embêtés à essayer de pénétrer le marché des véhicules à combustion, ils ont commencé à investir directement dans les véhicules électriques. Au début, les Européens pensaient que la production chinoise était de mauvaise qualité, mais aujourd’hui la Chine est le plus grand fabricant de bus électriques au monde. Personne en Europe ne peut construire des bus électriques comme les Chinois.

Les Chinois sont en avance. Ils vont lâcher 50 millions de vélos électriques flottants en deux années ! Et maintenant ils arrivent en Europe. Vous avez trois firmes de partage de vélos chinoises qui sont en concurrence dans les villes européennes, contre une société européenne en Asie.

Ross Douglas, mobilité en Chine

Dans les rues de Kunming en Chine, on roule déjà à l’électrique © TonyV311 Shutterstock

consoGlobe.com – Cette révolution de la mobilité va-t-elle être bénéfique pour notre qualité de vie ?

Ross Douglas – Mon message clé, c’est que la nouvelle mobilité améliorera la vie des citadins, réduira le coût de la pollution, le bruit, et le temps pour aller de A à B, tout cela sera une vraie avancée. Parallèlement, il y a un vrai risque de pertes d’emplois dans l’industrie, de chauffeurs, de mécaniciens. Les urbains doivent penser aux moyens de compenser les pertes pour les perdants de ces changements. Il faut former à ces nouvelles technologies électriques.

Une ville en bonne santé est une ville dans laquelle les gens sont dans les rues, pas assis dans des véhicules autonomes.

 

Les véhicules autonomes ont un autre côté obscur : en allant vers l’autonomie selon le scénario américain, vous ouvrez la porte à Facebook, Netflix et d’autres et vous allez dans le sens de la culture du centre commercial américain, avec son parking souterrain, ses marques standardisées. Être confortablement assis dans des véhicules autonomes, en route vers votre centre commercial, pourrait être très dommageable aux centres-villes à l’européenne.

C’est pourquoi je soutiens les villes comme Paris qui poussent les gens à sortir de leur voiture et encouragent la mobilité active. Plus vous encouragez les gens à marcher, mieux se portent les villes.

Dans votre véhicule autonome, vous pourrez faire du shopping, par le biais d’achats sponsorisés. Si vous optez pour de la publicité sur les écrans, le prix de votre trajet sera réduit. Si vous achetez sur Amazon, aussi… Ce qui pourrait alors se passer, c’est que les plateformes d’e-commerce commenceront à faire de la publicité activement auprès des passagers. La mobilité peut devenir extrêmement peu coûteuse, si vous prenez l’argent des commerces des rues, nos villes en souffriront. Une ville en bonne santé est une ville dans laquelle les gens sont dans les rues, pas assis dans des véhicules autonomes.

Salon Autonomy

Autonomy et le sommet international de la mobilité urbaine, rassemblent citadins, entreprises et décideurs publics du 19 au 21 octobre à Paris pour accélérer la transition du tout-voiture vers une mobilité urbaine intelligente et durable.

Ce sommet est la vitrine des dernières innovations en matière de déplacements urbains. Il combine à la fois un salon, un cycle de conférences et d’ateliers, une plateforme d’échanges dédiée aux professionnels, et des animations grand public. L’édition 2016 a réuni plus de 13.000 visiteurs et 155 exposants avec 22 pays représentés.

Plus sur le salon sur le site d’Autonomy.

Ouverture au professionnels : jeudi 19 octobre.

Ouverture au grand public : samedi 21 octobre, 10h00-19h00.

Vous pouvez y découvrir et tester les toutes dernières nouveautés en matière de mobilité urbaine : vélos et trottinettes électriques, skate-board dernière génération, e-scooter et produits connectés…

Illustration bannière : Véhicules autonomes : à quoi pourrait ressembler l’intérieur en mode travail © Chesky
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

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