On dit de la sauge qu’elle est l’une des herbes les plus anciennement cultivées. Depuis longtemps, sa réputation en Chine et en Europe lui confère le don de préserver la santé et de prolonger la vie. Jadis nommée « salvia salvatrix », cette appellation en dit long sur les pouvoirs qu’on lui attribuait. Pourtant, elle reste encore peu utilisée dans nos contrées. Alors, quels sont ses atouts santé ? Zoom sur une herbe aux pouvoirs hallucinants !
Sauge : des origines ancestrales
La sauge est une plante médicinale utilisée depuis l’Antiquité, la sauge tient son nom scientifique, Salvia, du latin salvare, qui signifie « guérir ». Le genre Salvia comprend environ 700 espèces, réparties dans le bassin méditerranéen, le sud de l’Europe, l’Asie Mineure, l’Amérique centrale et du Sud.
Sauge au jardin © Hirundo
Selon l’espèce et le pays, la sauge est utilisée en cuisine, mais aussi dans les médecines traditionnelles ou encore comme herbe de purification. Ainsi, les Amérindiens se servent de la sauge blanche comme encens et de la sauge divinatoire, aux propriétés hallucinogènes, dans divers rituels.
Les Mexicains, quant à eux, consomment, sous le nom de chia, les graines mucilagineuses de certaines espèces sud-américaines de sauge. Avec l’amarante et le maïs, elles constituaient jadis les « céréales » des Aztèques.
Sauge : ses effets santé
Plante digestive par excellence, la sauge officinale possède également de multiples vertus médicinales comme réguler la transpiration excessive, et combattre les bouffées de chaleur au moment de la ménopause. Mais ce n’est pas tout !
Elle est aussi un excellent remède contre les maux de gorge, la gingivite et la désinfection des plaies. En gargarismes, la sauge apaise les maux de gorge et la toux du fumeur. Avec des propriétés anti-inflammatoires, elle est aussi utilisée en cas de gingivite, de pharyngite, d’amygdalite ou d’aphte.
Attention toutefois : ne la consommez pas en traitement de fond toute l’année. La plante est loin d’être anodine et est contre-indiquée pour les enfants, qui peuvent être pris de convulsions.
Elle est également fébrifuge (elle aide à faire baisser la fièvre), digestive et aide à soulager les vomissements, diarrhées ainsi que les douleurs abdominales. Stimulant les hormones, la sauge aide à réguler les cycles menstruels ainsi qu’à calmer les douleurs des règles.
Sauge en fleurs © wenzlerdesign
Les feuilles de sauge peuvent également servir de soin de premier secours en cas de morsure ou de piqûre. La sauge désinfecte les plaies et aide à la cicatrisation.
La sauge : un excellent apport en nutriments
La sauge est une source de vitamine K. Cette vitamine est nécessaire pour la synthèse de protéines qui participent à la coagulation du sang. Et cela, autant dans la stimulation que dans l’inhibition de la coagulation sanguine.
Cette dernière joue également un rôle dans la formation des os. En plus de se trouver dans l’alimentation, la vitamine K est fabriquée par les bactéries présentes dans l’intestin, d’où la rareté de carence en cette vitamine.
La sauge est également une source de fer. Contenu dans chaque cellule du corps, ce minéral est essentiel au transport de l’oxygène et à la formation des globules rouges dans le sang. Il joue aussi un rôle dans la fabrication de nouvelles cellules, hormones et neurotransmetteurs.
La sauge : plusieurs études confirment ses bienfaits
La sauge fait l’objet de plusieurs études. L’une d’entre elles souligne que la consommation d’un extrait de feuilles de sauge diminuerait les triglycérides chez l’animal(2).
À noter que les triglycérides sont des lipides en circulation dans le sang et qu’ils peuvent devenir un facteur prédisposant aux maladies cardiovasculaires lorsqu’ils sont présents en grande quantité.
Les auteurs de cette étude ont identifié plusieurs composés actifs dans la sauge, mais seul l’acide carnosique a démontré un effet hypotriglycéridémiant. Des résultats qui devront être validés chez l’humain.
Infusion de sauge © amberto4ka
Pour aider les malades d’Alzheimer
Une autre étude a montré que des extraits de sauge administrés pendant 4 mois à des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer améliorait les fonctions cognitives et diminuait l’agitation, comparativement aux personnes ayant reçu le placebo(3). La sauge serait efficace pour le traitement des cas légers et modérés de cette maladie.
Pour les malades du diabète
Enfin, dans le cadre d’une étude exploratoire effectuée chez l’animal, l’administration d’un extrait de sauge a diminué jusqu’à 30 % la glycémie (taux de glucose dans le sang) de souris modérément diabétiques et non-diabétiques.
Des brins de sauge © Jiri Hera
Chez les souris ayant un diabète grave, la sauge n’a pas eu d’effet hypoglycémiant significatif, démontrant ainsi que l’extrait de sauge requiert la présence d’insuline pour exercer une régulation à la baisse du glucose sanguin.
Il n’est pas possible, dans les limites de cette étude, d’identifier les composés actifs responsables des effets observés et encore moins de transposer les résultats chez l’humain.
Sauge : comment l’utiliser ?
Il existe plusieurs façons d’utiliser la sauge. Vous pouvez par exemple, l’ajouter en petite quantité dans les vinaigrettes, l’utiliser pour rehausser la saveur de la fougasse, du pain et de la polenta, ainsi que des légumes plutôt fades, comme l’aubergine ou la pomme de terre.
Elle peut aussi assaisonner des plats tels qu’un pâté végétarien fait de lentilles, boulgour et de graines de sésame grillées.
Elle est également un bon allié pour faciliter la digestion des viandes grasses, telles que l’oie, le canard ou le porc ou pour préparer une farce à la sauge et à l’oignon.
La sauge, excellente dans la ratatouille © hlphoto
En infusion, elle peut remplacer le thé ou le café : feuilles de sauge, miel, et jus et zeste d’un citron. Il suffit de l’infuser une demi-heure dans de l’eau bouillante.
Comment la conserver ?
Quand elle est fraîche, placez-là dans un tissu ou un papier tissu humide au réfrigérateur pendant quelques jours. Vous pouvez aussi la conserver au congélateur : ciselez finement les feuilles puis les verser dans un moule à glaçons que vous remplirez d’eau pour éviter que la sauge noircisse et perde sa saveur.
Le séchage de la sauge
Pour la conserver plus longtemps, mettez les feuilles à sécher au déshydrateur voire dans un four réglé à basse température. Vous pouvez aussi laisser sécher les tiges à l’ombre par temps sec et chaud. Détachez ensuite les feuilles et stockez-les pendant 6 mois environ dans des sacs en papier ou des bocaux en terre cuite dans un local sec, à l’abri de la lumière et à température ambiante.
Sauge : l’herbe a-t-elle des contre-indications ?
En raison de la quantité de vitamine K contenue dans la sauge et de son action anticoagulante, la sauge doit être utilisée avec précaution chez les personnes se trouvant sous traitement médicamenteux pour fluidifier le sang.
Il est conseillé aux personnes sous anticoagulants de consulter un diététiste-nutritionniste ou un médecin afin de connaître les sources alimentaires de vitamine K et de s’assurer d’un apport quotidien le plus stable possible.
La sauge est également susceptible d’interagir avec des médicaments contre l’anxiété (les benzodiazépines), les troubles psychiques (neuroleptiques) et l’épilepsie.
À noter que l’Agence européenne du médicament recommande de ne pas utiliser la sauge plus de 2 semaines en usage interne et 1 semaine en application locale.
Comme le disait le dicton populaire au XIIIe siècle « Pour quelle raison un homme devrait-il mourir alors que de la sauge pousse dans son jardin ? ».
En respectant les doses, la sauge ne provoque que très rarement des effets indésirables. Ces derniers se traduisent dans ce cas par des nausées ou des vomissements.
En revanche, au-delà de 15 g par jour, elle est susceptible de causer des palpitations, des bouffées de chaleur, des convulsions et des vertiges.
Illustration bannière : Bouquet de sauvage – © Olesya Baron