Réchauffement climatique : cacao, café, vin… ces produits du quotidien bientôt hors de prix ?

Le changement climatique redessine déjà les cartes agricoles et, selon plusieurs chercheurs, certains produits du quotidien pourraient bientôt basculer dans la catégorie des produits de luxe.

Rédigé par , le 24 Nov 2025, à 11 h 27 min
Réchauffement climatique : cacao, café, vin… ces produits du quotidien bientôt hors de prix ?
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Tandis que les modèles climatiques montrent une déstabilisation rapide des conditions de culture, les scientifiques s’alarment : cacao, café et raisins deviennent plus difficiles à produire, malgré les tentatives d’atténuation, ce qui pourrait transformer durablement les habitudes de consommation.

Des produits menacés malgré les technologies climatiques

Une inquiétude grandissante traverse les filières : les produits emblématiques que sont le chocolat, le café et le vin voient leur avenir menacé. En raison du réchauffement climatique, ces produits pourraient connaître une raréfaction, alors même qu’ils structurent l’économie agricole de nombreuses régions. En effet, les produits à base de cacao, de café ou de raisins dépendent d’un équilibre climatique délicat qui se dérègle rapidement. Selon une étude parue dans Environmental Research Letters, qui passe en revue les prévisions des conditions macroclimatiques sur la période de 2036 à 2045 dans 18 régions clés productrices, les stratégies avancées d’ingénierie climatique ne suffisent pas. Les chercheurs ont évalué notamment l’injection d’aérosols stratosphériques, censée compenser une partie du réchauffement. Toutefois, même si cette technologie réduit la température, elle ne stabilise ni les précipitations ni l’humidité, deux variables essentielles pour la croissance de ces produits. De plus, les données indiquent que seuls 6 territoires sur les 18 étudiés bénéficieraient réellement d’une amélioration.

Ce constat fait peser une pression supplémentaire sur des produits déjà fragilisés par le changement climatique. Les plantations de cacao se situent majoritairement dans des zones tropicales sensibles où l’humidité, lorsqu’elle chute, provoque une baisse de rendement. Le café Arabica réagit fortement aux hausses de température, ce qui menace sa qualité, tandis que les vignes, déjà soumises à des épisodes extrêmes, voient leurs cycles modifiés. Aussi, les chercheurs notent que malgré des tentatives innovantes pour contenir le réchauffement, la complexité des phénomènes atmosphériques rend ces interventions insuffisantes. Ainsi, les produits concernés pourraient devenir plus rares, alors que les consommateurs en dépendent quotidiennement. De plus, l’incertitude climatique renforce la nécessité d’adapter les cultures, car certaines régions autrefois idéales subissent désormais une instabilité chronique.

Quand le réchauffement redessine les terroirs

Les produits qui dépendent des terroirs traditionnels, comme les raisins destinés au vin, sont particulièrement vulnérables aux dérèglements climatiques. Par exemple, l’étude montre que la stabilité nécessaire à la viticulture disparaît progressivement sous l’effet du changement climatique, puisque la température moyenne augmente et que les épisodes de sécheresse s’intensifient. En conséquence, les zones viticoles historiques voient leurs équilibres bouleversés, ce qui déplace les frontières de production vers des latitudes plus élevées. Ainsi, les produits phares comme les vins de régions chaudes pourraient perdre leurs caractéristiques actuelles, car la vigueur des ceps diminue lorsque la chaleur excède certains seuils. Par ailleurs, la variabilité accrue des précipitations menace la régularité des vendanges, malgré les efforts des producteurs pour s’adapter.

Dans les zones tropicales, ce sont plutôt le cacao et le café qui souffrent directement du réchauffement. Tandis que les plantations cherchent à résister, l’humidité du sol se réduit, et les températures maximales augmentent, deux facteurs qui compromettent fortement la productivité. L’étude citée rappelle que la technique d’injection statosphérique d’aérosols ne parvient pas à stabiliser ces variables essentielles, ce qui rend son efficacité limitée pour ces produits. En outre, les variations climatiques accentuent les risques phytosanitaires, puisque certaines maladies fongiques se développent plus rapidement dans des environnements instables. Ainsi, les produits issus de ces cultures deviennent plus difficiles à produire, car les conditions optimales se raréfient. Cette conjonction de pressions climatiques menace donc directement l’accès futur à des denrées considérées comme essentielles dans de nombreux pays.

Vers une hausse durable des prix de certains produits

Pour les économistes de l’agriculture, la raréfaction probable de ces produits implique une hausse continue et durable de leurs prix. Il faut savoir que le nombre de régions où les conditions resteront (ou deviendront) adaptées sera réduit de 18 à seulement 6. Dès lors, les chaînes d’approvisionnement deviendront plus vulnérables, car moins diversifiées. Cela signifie que les fluctuations climatiques locales peuvent affecter l’ensemble du marché des produits concernés. Par ailleurs, les coûts de production augmenteront en lien avec l’augmentation des efforts nécessaires pour maintenir les cultures, qu’il s’agisse d’irrigation accrue ou de nouveaux systèmes d’ombrage. En conséquence, les produits traditionnels pourraient être perçus comme des produits de luxe, notamment dans les pays où le pouvoir d’achat est déjà sous pression.

Si cette dynamique se confirme, les consommateurs devront ajuster leurs habitudes, car les produits comme le chocolat, le café ou le vin feront l’objet de tensions régulières sur les marchés. En outre, les producteurs devront repenser leurs stratégies de culture en cherchant des variétés plus résistantes, ce qui nécessitera du temps et des investissements importants. L’intégration de ces paramètres dans les systèmes alimentaires pourrait donc modifier profondément la place qu’occupent ces produits dans la société. Ainsi, la dimension culturelle associée à ces denrées pourrait elle-même changer, car se les procurer deviendra plus difficile pour une partie des consommateurs.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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