Quelle doit être la priorité de l’État face aux revendications régionales ?

Rédigé par , le 9 Sep 2025, à 9 h 31 min
Quelle doit être la priorité de l’État face aux revendications régionales ?
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Cinquante ans après les événements d’Aléria qui avaient marqué la naissance du nationalisme corse et ouvert la voie à la décentralisation, une enquête Ifop révèle une progression nette du soutien des Français à davantage de pouvoirs pour les régions et à la reconnaissance des identités locales.

Décentralisation : un tournant historique dans le rapport des Français à leurs régions

Réalisée pour le mouvement Régions et Peuples Solidaires (R&PS), l’étude compare près de trente ans d’opinion publique et met en lumière une transformation profonde du rapport des citoyens à l’organisation territoriale.

Selon l’Ifop, 68 % des Français estiment aujourd’hui que les collectivités locales manquent de pouvoir, contre seulement 50 % en 2012. Ce désir de décentralisation traverse toutes les catégories sociales et politiques, avec des taux particulièrement élevés chez les seniors (73 %), les habitants des zones rurales (75 %) ou les électeurs de Marine Le Pen (79 %). Parallèlement, 73 % des personnes interrogées soutiennent l’adaptation des lois aux réalités locales et 71 % se déclarent favorables au fédéralisme, une proportion jugée « inimaginable il y a encore quelques décennies ».

Le rejet du découpage régional de 2015, initié sous François Hollande, apparaît également marqué : 68 % souhaitent une réforme prenant en compte les spécificités historiques et culturelles. En Alsace, 80 % des habitants réclament la sortie du Grand Est, contre 68 % en 2019. En Bretagne, 72 % rejettent la réforme et 48 % soutiennent le rattachement de la Loire-Atlantique. En Corse, trois quarts des habitants approuvent le projet de loi d’autonomie actuellement en discussion, un chiffre atteignant 87 % chez les jeunes.

Identité et culture : un socle stable

Les revendications culturelles connaissent par ailleurs un soutien constant. La reconnaissance officielle des langues régionales rassemble 77 % des Français, un niveau stable depuis 1999, avec des pointes à 93 % en Corse, 91 % au Pays basque et 90 % en Alsace. L’enseignement joue un rôle central dans cette dynamique : 84 % souhaitent un renforcement de l’histoire régionale à l’école et 81 % se disent favorables à l’apprentissage des langues régionales. Dans les régions concernées, l’idée d’un enseignement obligatoire recueille jusqu’à 78 % d’opinions favorables.

Une défiance vis-à-vis du centralisme

Cette montée en puissance du régionalisme s’accompagne d’une défiance croissante vis-à-vis du centralisme. Neuf Français sur dix jugent l’État trop éloigné des réalités locales, et seuls 35 % estiment que le gouvernement prend en compte les besoins spécifiques de leur territoire. En Catalogne nord, ce taux tombe à 24 %, et à 30 % en Corse.

L’enquête révèle enfin une affirmation identitaire accrue. 27 % des Français se disent principalement attachés à leur région, contre 23 % en 2011. En Corse, 57 % des habitants se définissent avant tout comme Corses, tandis qu’en Bretagne ce sentiment atteint 47 %.

Pour François Kraus, directeur du pôle politique de l’Ifop, « la demande de décentralisation dépasse désormais les cercles militants et traverse toutes les générations ainsi que tous les courants politiques ». Selon lui, ces évolutions « esquissent les contours d’une France plurielle où la diversité culturelle et territoriale est perçue comme une richesse à valoriser »

Selon vous, quelle doit être la priorité de l’État face aux revendications régionales ?



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