Piégeage d’animaux sauvages : et si on arrêtait de faire n’importe quoi ?

Le piégeage d’animaux sauvages dits ‘nuisibles’ continue à être pratiqué via de nombreuses techniques, les humains étant très inventifs en la matière comme nous allons le voir. Mais est-ce que tant de cruauté a encore du sens ? Décryptage.

Rédigé par Julien Hoffmann, le 3 Feb 2019, à 13 h 10 min
Piégeage d’animaux sauvages : et si on arrêtait de faire n’importe quoi ?
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Jadis, le piégeage des animaux sauvages était un moyen de chasse comme un autre. Aujourd’hui, il est censé être orienté pour la régulation des « nuisibles ». Mais cela a un réel coût pour la faune sauvage…

Pourquoi le piégeage d’animaux sauvages ?

Parce que, dans certains cas, les animaux sauvages sont trop malins pour que l’on arrive à les chasser autrement.

Renard piégé dans un piège à cage © Ihor Hvozdetskyi

Qu’est-ce qu’un nuisible ?

Un « nuisible » est un organisme dont les activités ont un effet négatif sur les activités humaines allant de l’agriculture à la santé publique en passant par la sécurité et autres.

Sur les 19 espèces classées nuisibles (« susceptibles d’occasionner des dégâts »), 16 peuvent être piégées. il s’agit du ragondin, du rat musqué, du chien viverrin, du vison d’Amérique, du raton laveur, de la belette, de la fouine, du putois, de la martre, du renard, du freux, de la corneille noire, de l’étourneau sansonnet, de la pie bavarde, du geai des chênes, et du lapin de garenne.

C’est une vision très anthropomorphique de la nature qui est de plus en plus montrée du doigt pour son incohérence avec les politiques environnementales à mener.

Mais la raison évoquée pour les piégeages rend délicat les débats sur le sujet, quoi que ce n’est pas autant le fait de réguler certaines populations d’animaux qui pose problème, que le fait que les techniques utilisées ne tiennent pas compte ni des dégâts collatéraux (autres espèces tuées), ni des souffrances que ces « moyens de lutte » engendrent.

On piège donc – comme on chasse – des animaux :

  • qui dégradent les installations humaines (comme le ragondin)
  • qui sont considérés comme des espèces envahissantes et concurrencent les espèces indigènes (comme la tortue de Floride)
  • qui peuvent véhiculer des maladies transmissibles à l’humain ou au bétail

Mais aussi pas mal d’animaux dont il est difficile de comprendre pourquoi on les piège (comme le renard par exemple).

À qui la responsabilité du piégeage ?

Si on peut critiquer le fait de piéger ou de chasser des animaux, parfois la responsabilité est aussi partagée.

Si certains piègent des ragondins qui prolifèrent, c’est aussi parce que trop de gens leur donnent à manger sans aucune raison ni cohérence écologique.

Si les tortues de Floride ont envahi bien des milieux préservés et doivent être régulées, c’est aussi parce que trop d’inconscients les ont relâchés dans la nature.

Si des renards sont piégés c’est bien souvent parce que les propriétaires de poulaillers ne les équipent pas correctement.

Les exemples sont aussi nombreux que les responsabilités partagées.

Quelques types de pièges

Passons en revue les différentes façons de piéger un animal sauvage dit nuisible.

Les piégeages à détente

Il existe beaucoup de pièges à détente de types différents. Ce sont des pièges qui sont déclenchés par le passage d’un animal dessus, le plus souvent attiré par de la nourriture quelle qu’elle soit, et qui ont pour objectif de tuer.

Les pièges à mâchoires, interdits en France, sont pourtant encore très utilisées © Constantin Iosif

Les pièges à détente sont effectivement efficaces, quoi que pas dans tous les cas comme pour le rat par exemple, mais ils ont l’incroyable défaut de tuer n’importe quel animal sans distinction. Les utiliser c’est accepter de prendre le risque de tuer d’autres animaux que ceux visés, mais aussi de tuer des animaux d’une mort lente (exemple : un renard mourant de faim, une patte bloquée dans un piège).

Les piégeages par noyade

Le nom parle de lui-même. Désormais très peu utilisé, il en est encore pour en placer dans la nature. Ces pièges immergent leur captif afin de les asphyxier ce qui n’est autre qu’une mort lente, angoissante et tout aussi douloureuse.

Comme pour les pièges à détente, les pièges par noyade ne sélectionnent en rien les animaux attrapés et peuvent donc causer du tort à des espèces qui ont bien d’autres problèmes, comme les loutres par exemple.

Tous ces pièges non sélectifs attrapent donc aussi des animaux d’espèces en danger ou des animaux domestiques.

L’exemple de la Gironde, mis en avant par l’association Animal Cross, dépeint bien la situation à travers les chiffres publiés en 2016 :

  • 151 genettes
  • 17 buses
  • 5 écureuils
  • 108 hérissons
  • 380 pigeons biset
  • 26 poules d’eau
  • 11 canards col vert
  • 15 merles noirs
  • 201 chats
  • 23 chiens

Les piégeages à lacet

Ces pièges se déclenchent au passage d’un animal sur une palette qui actionne un câble / filin qui enserre un membre de la bête. L’objectif n’est pas de tuer, mais ce type de piège n’étant pas sélectif non plus, cause surtout une angoisse énorme aux animaux capturés.

Ces derniers peuvent passer des heures ou bien plus selon l’éthique de la personne qui l’a posée, pouvant amener l’animal à se mutiler lui-même pour sa survie.

Les pièges à cages

Ce sont différents types de cages, allant de la petite à la très grande, qui enferment les animaux qui y entrent. Une fois piégés, les animaux attendent des heures voir des jours que le piégeur vienne les tuer.

piégeage

La peur se lit dans les yeux de ce raton laveur pris au piège © SAJE

Non sélectifs, ces pièges engendrent un stress énormes, notamment dans les cas où les animaux doivent attendre longtemps dedans ou dans ceux où plusieurs animaux se retrouvent piégés en même temps.

Comme souvent dans le domaine de la chasse, la France est malheureusement leader dans le piégeage, puisqu’avec 150.000 piégeurs, c’est le pays européen qui en compte le plus ; avec 50 piégeurs la Bulgarie est le pays en compte le moins(1) !

Illustration bannière : Écureuil pris dans un piège à cage © KellyNelson
Références :
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5 commentaires Donnez votre avis
  1. Depuis quelques mois, c’est les fouines qui me tuent mes poules, j’en ai attrapé une, car elle a décidé de se reposer après le carnage infligé à mes poules soie.
    Mais depuis 2 semaines c’est le renard, il a décimé les volailles de tous mes voisins! Maintenant il s’attaque aux miennes, ce sont des poules de race et ça me fait vraiment … ch… j’ai décidé de le piéger, cages évidemment! Mais comme il est malin, rien n’y fait, il est la toutes les nuits à faire des trous pour rentrer dans les poulaillers! Vous pensez que les poules tuées par ces nuisibles, ne souffrent pas, elles? Sans rire!!!

  2. Salut les chasseurs !
    Allez, je vais me faire quelques ennemis de plus 🙂
    D’abord, arrêtez s’il vous plait d’employer les mots « régulation » et « prélèvement ». Si les chasseurs étaient des régulateurs ils n’auraient pas besoin d’élever des animaux pour les lâcher le jour de l’ouverture !
    Quant aux prélèvements, j’ai vu assez de chasseurs tirer des rouges-gorges, des éperviers, chouettes, buses, grands-ducs et même aigles de Bonelli pour savoir que vous tirez dans tout ce qui vous dérange ou pourrait vous déranger.
    Et malgré ça je ne suis pas un anti-chasse forcené.
    Je suis par contre anti-pièges.
    Que diriez vous si j’allais poser quelques mines anti-personnels (les trucs qui vous arrachent un pied quand vous marchez dessus)sur vos terrains de chasse ? Mine ou piège, où est la différence ? Le dispositif est là, silencieux, patient et effectuera sa besogne sans se soucier de qui il va mutiler.
    Je termine avec une réflexion-question :
    vous les chasseurs qui parlez constamment d’amour de la nature, qu’attendez-vous pour passer de la grenaille de plomb (8000tonnes par an) à la grenaille de fer et ce quel que soit le terrain (humide ou pas, je ne connais pas d’endroit où il ne pleut pas en France).
    Cela redorerait surement vos blasons.

  3. Excusez moi, Mr Hoffmann pour la syntaxe de votre nom de famille, pour le reste, je vous signale quand même que la prolifération des ragondins et les rats musqués depuis plus d’une décennies en France est directement imputable en bonne partie à la stigmatisation constante infligée aux chasseurs de gibiers d’eau depuis une vingtaine d’année, conséquence d’une directive européenne qui n’est appliquée aussi strictement qu’en France sans oublier les bâtons mis dans les roues des chasseurs et des piégeurs et pas parce que certains les nourrissent (à part en ville), dans les nombreux marais normands que je fréquente, les ragondins prolifèrent par manque de chasse et de piégeage, c’est aussi simple que cela. D’autre part, vous pensez qu’une vache de marais (ou un chien de chasse) agonisant à cause de la contamination de l’herbe par la leptospirose issue de l’urine de ragondin ne souffre pas? depuis quelques années j’ai décidé de limiter fortement le tir des rats musqués et des ragondins… tout d’abord pour des raisons idéologiques (pourquoi devrais-je réparer les âneries d’idéologues forcenés et irresponsables?) et d’autre part économique, les munitions au tungstène que j’utilise pour chasser les oies et canards sauvages, et les seules efficaces sur des ragondins de plus de 10kg, sont 3 à 4 fois plus chères que les cartouches au plomb. Je connais malgré tout des chasseurs qui tuent à leurs frais plus de 200 ragondins et rats musqués chaque saison. Mais à quoi bon quand la réserve ornithologique à quelques km est laissée à l’abandon faute d’entretien (la « nature » s’entretient toute seule) et est devenu en quelques années une saulaie et une aulnaie, paradis à sangliers et à ragondins… et après ces mêmes ornithologues s’étonnent de ne plus y voir de bécassines des marais nicheuses sur ce secteur autrefois entretenu bénévolement et par des siècles par des agriculteurs, pécheurs et chasseurs. Pour voir des bécassines des marais nicheuses, je vous conseille de visiter les zones aménagées et entretenues par les chasseurs.

  4. Mr Hoffman, quand vous vous serez fait ravagé votre élevage avicole, même bien protégé par des grillages enterrés, 2 ou 3 fois par des renards, vous comprendrez l’intérêt du piégeage…

    Et pour les espèces invasives, c’est un »e excellente méthode pour réguler vos âneries et incohérences: la prolifération des ragondins et des rats musqués est essentiellement à mettre au débit des ONGs dites de protection de l’environnement… 2 mois de chasse au gibier d’eau en moins, en 20 ans, cela compte énormément pour la maitrise de ces envahisseurs

    • Julien Hoffmann

      Monsieur Lefoulon (vous noterez que j’ai pris la peine de ne pas écorcher votre nom), si vous voulez bien prendre la peine de relire l’article posément, vous comprendrez que ce n’est pas là le propos.
      Si, à ma stupéfaction, il s’avère que votre réponse reste inchangée, alors oui nous ne pourrons guère trouver de terrain de discussion et je vous laisserais déverser votre fiel sans plus vous en empêcher. Car cela reviendrait à dire que, pour vous, la souffrance animale n’a pas lieu d’être prise en considération dans les actions de piégeages. La justifier par une quelconque nécessité n’a malheureusement plus de sens au 21è siècle.

Moi aussi je donne mon avis