Beyrouth : la catastrophe peut-elle se produire en France ?

Après l’explosion monstre d’un silo de stockage de nitrate d’ammonium à Beyrouth (135 personnes tuées et plus de 4.000 blessés au dernier décompte), la question se pose : une telle catastrophe, peut-elle se produire en France ?

Rédigé par Anton Kunin, le 6 Aug 2020, à 11 h 45 min
Beyrouth : la catastrophe peut-elle se produire en France ?
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Au tout début du siècle, en 2001, la France avait elle aussi connu une catastrophe industrielle liée à l’explosion de stocks d’ammonium dans l’usine AZF, à Toulouse.

Le nitrate d’ammonium responsable de la double explosion à Beyrouth

La catastrophe survenue à Beyrouth était due à l’explosion de stocks de nitrate d’ammonium. Ce redoutable composé chimique est principalement utilisé dans l’agriculture comme engrais azoté, mais il entre aussi dans la composition de certains explosifs (utilisés dans les carrières par exemple). En effet, au-dessus de 170°C, l’ammonium devient instable, et au-dessus de 300°C il se décompose de façon parfois explosive en dégageant beaucoup de gaz et de chaleur. C’est d’ailleurs pour cela que le chimiste allemand Hans Rudolf Glauber, qui l’avait découvert en 1659, l’avait surnommé « nitrum flammans ».

Autre propriété utile de l’ammonium : sa dissolution dans l’eau s’accompagne d’une forte absorption de chaleur. Cela permet de l’utiliser dans des mélanges réfrigérants, la température pouvant baisser jusqu’à -17°C sous son action. Enfin, l’ammonium a aussi un pouvoir dissolvant : il est capable de dissoudre le zinc et le plomb. Tout cela, alors même qu’il est insensible aux chocs et aux frottements. Par le passé, le monde avait déjà connu plusieurs catastrophes industrielles liées aux explosions d’ammonium : celle de l’usine BASF en Allemagne en 1921, celle d’AZF à Toulouse en 2001 et celle de l’usine West Fertilizer aux États-Unis en 2013.

nitrate ammonium france beyrouth

561 morts déjà à Oppau en Allemagne en 1921 – © photo publiée dans Popular Mechanics, domaine public

Comment la France surveille-t-elle ses stocks de nitrate d’ammonium ?

La France consomme 1 million de tonnes d’ammonium par an. Autant dire que les stocks détenus sur notre territoire sont impressionnants. En France comme ailleurs en Europe, c’est la directive européenne Seveso qui régit les précautions à prendre lors du stockage de substances dangereuses. Notre pays compte 1.312 « sites Seveso », dont 607 classés « seuil bas » et 705 classés « seuil haut ». Le gestionnaire d’un site Seveso doit s’assurer que les règles de stockage des matériaux dangereux sont respectées. Par ailleurs, un site Seveso doit être spécialement aménagé pour limiter les dégâts en cas d’accident.

nitrate ammonium france beyrouth

Une usine de nitrate d’ammonium – © Philip Barrington

Un site Seveso doit disposer d’un plan d’urgence, où les rôles de chacun sont définis. Les sites Seveso « seuil haut » sont par ailleurs obligés de communiquer ces plans d’urgence aux autorités, afin de faciliter les interventions des secours. Les sites Seveso sont régulièrement inspectés par une armée de 1.500 inspecteurs : l’intervalle entre deux visites consécutives sur le site ne doit pas dépasser un an pour les établissements « seuil haut » et trois ans pour les établissements « seuil bas ».

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

5 commentaires Donnez votre avis
  1. Bonjour,
    Vous semblez confondre à plusieurs reprises l’ammonium (ammoniac NH3 gazeux) qui sert aux machines de froid et le nitrate d’ammonium (NH4NO3 solide) très dangereux et explosif en présence de carburant (pétrole, poussières inflammables et autres impuretés inflammables). Faites vous relire par un chimiste sur des sujets aussi sensibles.
    Sinon, pour répondre à la question, il est évident que cela peut aussi arriver en France, c’est d’ailleurs ce qui s’est produit à Toulouse en 2001 suite à des impuretés et des produits incompatibles (inflammables) mélangés par inadvertance.
    Cordialement

  2. mon avis est qu’hélas on ne peut absolument pas faire confiance aux entreprises s’agissant de sécurité! ce qui les interesse c’est la productivité et si la sécurité fait baisser ladite alors le choix est vite fait!! Quant aux « inspecteurs » je serai curieuse de savoir si les délais entre chaque visite sont respectés et si ils sont réellement intransigeants sur certains critères!(confère les abattoirs qui n’appliquent pas les règles malgré le passage « d’inspecteurs »!!!)
    Je pense qu’il devrait y avoir des conseils d’habitants dans ces zones chargés de veiller justement à ce qu’il n’y ait aucun manquement! Arès tout ce sont les premiers concernés!

  3. si la réglementation est respectée, cela ne se produira pas. Sous réserve qu’il n’y ait pas de trou dans la réglementation.
    s’il y a non respect de la réglementation, cela peut se produire, mais pas nécessairement
    j’exclu le sabotage et la malveillance

    Naphtes conseil en organisation industrielle et QSE

    • Comme tout système de qualité nécessitant une grande surveillance n’est
      malheureusement pas fiable à 100% comme tout les travaux humains.
      Des contrôles stricts doivent être effectuer fréquemment.

  4. Bonjour,
    Vous ne répondez pas à la question de votre titre !

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