Contre nature : la Chine veut planter une forêt à Nagqu, sur les plateaux du Tibet

La région de Nagqu est désertique. Aucun arbre n’y pousse depuis des millions d’années. Mais certains souhaitent y planter une forêt, au risque de déséquilibrer les écosystèmes locaux.

Rédigé par Maylis Choné, le 21 Nov 2017, à 12 h 15 min
Contre nature : la Chine veut planter une forêt à Nagqu, sur les plateaux du Tibet
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Comment faire pousser une forêt dans une région désertique et polaire ? La Chine investit des millions de dollars pour vaincre les éléments à Nagqu, une région désertique sur les hauts-plateaux tibétains.

Faire pousser une forêt sur la prairie tibétaine de Nagqu

La Chine n’est pas toujours en première position sur le podium en ce qui concerne la défense de l’environnement. Cette fois-ci, l’Empire du milieu souhaite boiser une région. Une intention louable ? Pas vraiment puisqu’en réalité, jamais aucun arbre n’a poussé à Nagqu, une haute prairie tibétaine située à 4.500 mètres d’altitude où le climat est désertique et quasi polaire. En 2010, on recensait dans cette ville célèbre pour ne compter aucun arbre, 96 % de tibétains, principalement des éleveurs et des femmes. Aujourd’hui, plus de 50 % de la population vient de Chine continentale.

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Des arbres sur les hauts-plateaux tibétains : un projet de longue date pour la Chine © HelloRF Zcoo

Pourquoi vouloir à tout prix planter une forêt dans cette région située à 4.500 m au-dessus du niveau de la mer ? Il s’agirait de rendre le paysage plus accueillant pour les habitants, et plus spécialement pour les soldats en mission dans la région : l’absence totale d’arbres, le manque d’oxygène et les températures extrêmement froides seraient à l’origine de dépressions parmi les militaires. D’autres disent que c’est pour faire plaisir au président Xi Jinping.

Lire aussi : La Chine construit la plus grande ville-forêt au monde

Des moyens techniques sans précédent

« Certains officiels pourraient faire cela pour flatter le président, mais la plupart des scientifiques ont des inquiétudes à propos de ce projet », a déclaré un chercheur qui s’est adressé au South China Morning Post sous couvert d’anonymat. Et pour cause, de nombreux panneaux solaires ont été installés au sol pour faire fondre le permafrost (couche souterraine du sol) et le réchauffer de quelques degrés à l’aide de réseaux de fils de cuivre enterrés, afin d’empêcher les racines de geler.

Lire aussi : La fonte du permafrost, un coût du réchauffement climatique à revoir à la hausse

Des arbres (sapins, cyprès et pins) commencent déjà à grandir sur une surface équivalente à trente stades. Pourtant, outre son coût pharamineux, un tel projet est dangereux pour la faune (ours, renards, loups…) et la flore locales : « L’émergence soudaine d’une forêt artificielle et de centrales solaires drainerait les ressources en eau de la région, ruinerait l’habitat naturel et perturberait la fragile chaîne alimentaire », a indiqué un scientifique.

Des tentatives ont déjà été mises en oeuvre par le passé pour boiser cette région : donner des vitamines aux arbres, verser de l’eau chaude sur les sols puis les recouvrir de plastique…, en vain ! Ces dix dernières années, la Chine a dépensé environ 10 milliards de dollars par an pour créer de nouvelles forêts dans tout le pays : des efforts qui ont permis de ralentir l’avancée de déserts, de presque éliminer les tempêtes de sables fréquentes à Pékin… Mais, la plantation d’espèces non natives a le désavantage de menacer la biodiversité et  de faciliter le développement de maladies.

Illustration bannière : province de Nagu – © HelloRF Zcool
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2 commentaires Donnez votre avis
  1. Laisse les, ils veulent parler. Que Le Seigneur leur pardonne de ne pas aimer l’évolution de toutes les créatures

  2. on a fait la même dans les landes non ? … et on a bien déséquilibré un écosystème en place ..

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