Le mug en bambou : une alternative vraiment saine et écologique ?

Vous avez remplacé vos gobelets et tasses en plastique jetable par un mug en bambou que vous emportez toujours avec vous ? Mauvaise pioche : selon une étude, ce ne serait pas la solution idéale.

Rédigé par Paul Malo, le 5 Jan 2020, à 10 h 20 min
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Cela partait d’une bonne intention : lutter contre la pollution plastique et réduire la quantité de déchets en optant pour un objet d’usage quotidien réutilisable à la fois écolo, biodégradable et élégant. Loin des gobelets jetable des grandes chaines de café, l’ère est au mug en bambou… Pourtant tout ne serait pas si rose dans votre démarche zéro déchet !

Dans un mug en bambou, les boissons qui ne doivent pas dépasser les 70°C

Mais derrière son design et ses qualités prétendûment éco-respectueuses, le mug en bambou dissimule de véritables dangers pour votre santé. C’est l’institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) qui s’est penché sur le sujet et a émis des mises en garde claires après avoir étudié pas moins de 228 types de mugs en bambou(1). Un échantillon plus que représentatif de la réalité du marché.

Au final, les chercheurs ont constaté des niveaux alarmants de toxines dans ces mugs lorsque l’on y verse un liquide dont la température excède les 70°C. De quoi refroidir les amateurs de thés ou de cafés brûlants…

mug en bambou

Pour vos boissons chaudes, privilégiez d’autres matières que le plastique de bambou © Igisheva Maria

En cause : le fait que ces tasses soient en fait fabriquées à partir de mélamine renforcée de fibres de bambou. Si en soi elle n’est pas toxique, cette résine polymère contient pourtant des composés dangereux une fois exposée à la chaleur. Elle se décompose en effet sous forme de formaldéhyde et de monomères, des composés classés cancérigènes.

Des niveaux au-delà des normes européennes

Selon l’institut fédéral allemand d’évaluation des risques, 35 % des mugs analysés dépassaient les valeurs limites européennes en la matière. Certains affichaient même des niveaux 30 fois supérieurs au seuil de sécurité conseillé pour les adultes, soit 120 fois le seuil recommandé pour des enfants…

Les analyses menées outre-Rhin par l’association de consommateurs Stiftung Warentest vont dans le même sens : mieux vaut clairement éviter d’utiliser des mugs en bambou, et opter pour des gourdes réutilisables.

L’association a pour sa part testé un échantillon d’une douzaine de mugs en bambou. Elle a également constaté que derrière l’appellation « mug en bambou » ou « fabriqué en fibres de bambou » se dissimulaient de la poudre ou de fines fibres de bambou collées ensemble. De ce fait, tous les mugs testés contenaient de la mélanine.

Simplement en remplissant ces tasses à quelques reprises de boissons au dessus des 70°C, entre la 3e et la 7e, les tasses contenaient déjà un niveau élevé de formaldehyde… Au-delà, les relevés étaient encore plus inquiétants pour la santé des consommateurs.

Pourquoi ? En fait, la qualité de mélanine modifiée et relâchée augmente à force d’être exposée à l’eau chaude comme à des liquides légèrement acides tels que les sodas. En cause : le mélange entre colle et fibres de bambou, qui accélère la dégradation du réseau de polymères, tandis que la chaleur excessive accélère, quant à elle, la décomposition de cette résine et l’hydrolyse.

Stiftung Warentest a regretté que les consommateurs ne soient pas assez mis en garde par les fabricants du danger qu’il y a à chauffer ces tasses en bambou au micro-ondes, comme ce fut le cas jadis des assiettes et couverts pour enfants.

Autre regret : ces récipients dits « biodégradables » ou « recyclables » ne le soient pas tant que cela en fait, contrairement au bambou naturel.

Une fin de vie pas si écologique que ça…

Selon les fabricants, ces contenants en bambou sont prétendument « biodégradables » ou « recyclables ». Or si les fibres de bambou naturelles dégradent naturellement avec le temps, les mugs ou tasses eux, en tant que déchets déchets perdureront dans la nature pendant de très longues années.

Les méthodes standard de recyclage ne permettent pas non plus de les valoriser. La seule option reste donc de les brûler.

mug en bambou

Si le bambou naturel est 100 % biodégradable, ce n’est pas le cas des tasses et mugs à base de mélanine © Jantana Phattha

Des constats bien regrettables quand on se dit que se passer de gobelets et tasses en plastique pour prendre un café ou un thé permet d’éviter la production de 36.000 tonnes de déchets par an…

Illustration bannière : Attention avec les mugs en bambou – © anyaivanova
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2 commentaires Donnez votre avis
  1. et donc au final quel est la bonne solution? la tasse en alu ou en inox (qui a cependant l’inconvénient de brûler les lèvres quand il est rempli d’un. liquide chaud)?

  2. Ce n’est pas plutôt de la mélamine ? parce que la mélanine ce sont les pigments biologiques qui colorent notre peau et « permettent de bronzer »

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