Les paradis fiscaux, terres d’accueil des tueurs de nature

Entre pavillons de complaisance et flux financiers opaques, les paradis fiscaux abritent aussi l’argent des responsables de la surpêche et de la déforestation.

Rédigé par Paul Malo, le 14 Aug 2018, à 10 h 25 min
Les paradis fiscaux, terres d’accueil des tueurs de nature
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Depuis les Panama et les Paradise Papers, le monde opaque des paradis fiscaux révèle peu à peu ses sombres facettes. Dernière en date : la très grande majorité des entreprises impliquées dans la déforestation et la surpêche y abritent aussi leur revenus.

Un impact environnemental du recours aux paradis fiscaux

Tout finit par se savoir, même le pire. Un rapport tout juste dévoilé par le journal Nature Ecology and Evolution dévoile que 70 % des responsables de la pêche illégale, de la surpêche et de la déforestation, dissimulent leurs revenus dans les paradis fiscaux(1). Ainsi, entre 2000 et 2011, sur 30 milliards d’euros de capitaux étrangers transférés à différentes entreprises clés, 20,6 milliards l’ont été via des paradis fiscaux.

paradis fiscaux

Bahamas, un autre paradis fiscal © Pola Damonte

Les chercheurs ayant disséqué les documents classifiés ont combiné une analyse quantitative à des études de cas pour quantifier et détailler les liens existant entre paradis fiscaux et nuisance à l’environnement, tant en termes de surpêche que de destruction de la forêt amazonienne brésilienne.  « Le recours aux paradis fiscaux est non seulement un challenge économique et sociopolitique, mais aussi environnemental », explique Victor Galaz, responsable de l’étude.

« Si passer par des paradis fiscaux n’est pas obligatoirement illégal en soi, le secret sur les transactions empêche de voir comment les flux financiers affectent l’activité économique, et avec quels impacts environnementaux ».

Les pavillons de complaisance en ligne de mire

Le constat est éclairant : alors que seules 4 % des entreprises de pêche sont actuellement présentes dans des paradis fiscaux, 70 % de celles impliquées dans la déforestation et la pêche illicite s’y retrouvent. Cette étude montre notamment qu’entre 2000 et 2011, plus des deux tiers des capitaux étrangers dirigés vers les secteurs du boeuf et du soja, sont passés via des paradis fiscaux ; deux secteurs dont les liens directs avec la déforestation en Amazonie sont avérés.

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L’île de Guam dans le pacifique

Également en cause en matière de pêche, l’utilisation non régulée  de ce que l’on appelle les « pavillons de complaisance », permettant d’inscrire bateaux et équipages dans les pays les plus avantageux en termes de fiscalité et les moins généreux en termes de droits sociaux. Sur les océans, 70 % des bateaux impliqués dans la surpêche et la pêche illicite sont enregistrés dans des paradis fiscaux.

Illustration bannière : Saint-Thomas dans les îls vierges américaines – © Brodie Stephens Photos
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