Glyphosate : la bataille de la réautorisation commence

Alors que l’homologation du glyphosate, un puissant herbicide suspecté d’être cancérogène, arrive à échéance fin 2022, la bataille réglementaire autour de sa réautorisation reprend de plus belle.

Rédigé par Anton Kunin, le 7 Jul 2021, à 11 h 02 min
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Les résultats des différentes expertises sur la nocivité ou non du glyphosate sur la santé humaine sont très disparates. Et pour cause : selon que leurs auteurs sont des scientifiques indépendants ou les producteurs du glyphosate eux-mêmes, les résultats varient considérablement.

Glyphosate : cette fois-ci encore, la bataille des expertises s’invite au débat

En 2017 déjà, les débats autour de la réautorisation ou non du glyphosate avaient provoqué une véritable bataille scientifico-réglementaire. La Commission européenne a fini par octroyer une homologation provisoire pour cinq ans. Celle-ci arrive donc à échéance en 2022, et Bayer (qui a racheté Monsanto, l’inventeur et principal producteur du glyphosate) bataille de toutes ses forces pour obtenir une nouvelle homologation. Cette fois-ci encore, les débats se focalisent sur les différentes études et expertises sur la nocivité ou non de cette molécule appréciée pour ses propriétés herbicides, mais qui suscite aussi des inquiétudes étant donnée sa nocivité pour la santé humaine.

Pour le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), branche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il n’y a pas de débat : dès 2015, cette institution avait classé le glyphosate comme cancérogène probable pour l’homme. D’autres scientifiques livrent un avis diamétralement opposé. Selon une nouvelle expertise réalisée par les agences nationales de sécurité sanitaire de quatre pays européens (dont l’ANSES, pour la France), le glyphosate n’est ni cancérogène, ni reprotoxique, ni mutagène.

Glyphosate : l’expertise livrée par les agences nationales se fonde sur les données fournies par Bayer lui-même

autorisation glyphosate

Le glyphosate, une substance considérée comme cancérigène probable – ©GERARD BOTTINO / Shutterstock.com

Alors, pourquoi un tel décalage ? Il faut savoir que la méthode de travail de ces deux groupes n’est pas la même. Pour arriver à ses conclusions, le CIRC s’est appuyé sur l’ensemble de la littérature scientifique disponible. Les agences nationales de sécurité sanitaires ont, quant à elles, analysé les études fournies par Bayer lui-même, considérant que l’inventeur de la molécule connaît mieux que quiconque ses propriétés.

Et, comme on pouvait s’y attendre, elles vont toutes dans le sens d’une absence de nocivité de la molécule. Ces études sont en effet confidentielles puisqu’elles contiennent la propriété intellectuelle de Bayer, c’est pourquoi elles ne sont pas publiées. Les agences nationales de sécurité sanitaires ont obtenu l’autorisation de les consulter, mais n’ont pas le droit de les divulguer : seules leurs propres conclusions sont appelées à être publiées. Ces conclusions devraient ensuite recevoir les avis de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Affaire à suivre…

Illustration bannière : Le glyphosate réautorisé ? © MrGoSlow
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. Philippe J, bien sûr que non, ils sont « bios » donc soit disant totalement inoffensif pour l’homme et la biodiversité, enfin ça c’est les théories fumeuses des écolos

  2. Une nouvelle fois, les « écologistes » pris en flagrant délit de mensonge, réautorisation immédiate du glyphosate et interdiction immédiate des alternatives comme le gros sel, le vinaigre, le butane ou l’acide pélargonique, tous dévastateur pour la biodiversité

  3. Je me pose quelques questions :

    Est il exact que le brevet du glyphosate est tombé dans le domaine public il y a quelques années ? Auquel cas je ne vois pas l’intérêt de Bayer de défendre ce produit.
    J’ai vu dans la littérature que les adjuvants utilisés seraient plus dangereux que le glyphosate lui même. Ne faudrait il pas focaliser les études sur ces adjuvants surtout s’il existe des formulations différentes selon les producteurs ?
    Les produits de remplacement qu’on nous propose (10 fois plus cher pour les jardiniers amateurs pour une même surface traitée à ce qu’il m’a semblé)ont ils fait l’objet d’études de non nocivité du CIRC ?

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