Émissions de CO2 : l’acidification des océans altère l’odorat des poissons

Une étude scientifique anglaise met en évidence le fait que les poissons dans les eaux acides nagent moins et sont moins susceptibles de répondre à des stimuli olfactifs comme l’odeur d’un prédateur. Or, l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère entraîne une acidification des océans.

Rédigé par MEWJ79, le 4 Aug 2018, à 12 h 45 min
Émissions de CO2 : l’acidification des océans altère l’odorat des poissons
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Avec l’acidification des océans, l’odorat des poissons est altéré, selon une étude scientifique. En cause : la hausse des émissions de CO2. Si rien n’est fait, à terme, les poissons pourraient perdre leur flair, indispensable à leur survie.

Quel rapport entre l’odorat des poissons et les émissions de CO2

L’odorat des poissons est altéré par les émissions de dioxyde de carbone (CO2), selon une étude anglo-saxonne parue dans la revue Nature Climate Change ce 23 juillet 2018(1). Des travaux qui démontrent que les facultés olfactives des poissons, indispensables à leur survie, sont donc diminuées. Pire encore : les poissons pourraient perdre complètement leur flair d’ici la fin du siècle, si les émissions de carbone continuent de croître au rythme actuel.

Pour rappel, les poissons sont sensibles aux moindres variations de l’eau dans laquelle ils vivent et c’est généralement à l’odeur qu’ils repèrent leur nourriture ou perçoivent l’approche d’un prédateur.

L’exemple le plus spectaculaire est celui des saumons qui, après avoir vécu des années en mer, remontent la rivière où ils ont vu le jour pour se reproduire. Les saumons repèrent l’odeur particulière de l’eau de leur lieu de naissance, sans jamais se tromper, à condition qu’il n’y ait pas de pollution qui, entre temps, l’ait modifiée.

odorat poissons

L’acidification des océans affecte l’odorat des saumons, un sens qui leur est indispensable pour s’orienter vers leur rivière de naissance © Kletr

Les poissons se déplacent moins bien dans les eaux acides

Pour mener à bien leurs recherches, Cosima Porteus, chercheuse à l’université d’Exeter (Angleterre) et son équipe, ont comparé le comportement de bars communs européens dans des eaux de différentes acidités. Leur étude a mis en évidence le fait que les poissons dans les eaux acides nagent moins et sont moins susceptibles de répondre à des stimuli olfactifs, comme l’odeur d’un prédateur.

« Notre travail cherche surtout à comprendre les raisons de ce phénomène », précise Cosima Porteus. Pour la physiologiste des poissons, la cause principale est une baisse de la sensibilité olfactive. « Le sens olfactif du bar a été réduit de moitié dans l’eau de mer acidifiée avec un niveau de CO2 prévu pour la fin du siècle », détaille ainsi la chercheuse.

odorat poissons

Des expériences menées sur des bars européens ont révélé que l’acidité de l’eau affectait leur déplacement et leurs réactions à des stimuli olfactifs ©Vladimir Wrangle

L’augmentation des niveaux de CO2 dans l’air menace les écosystèmes aquatiques naturels

La majeure partie du CO2 associé à l’activité humaine est absorbée par les océans. Ces derniers agissent comme un énorme puits de carbone et contribuent ainsi à freiner le réchauffement de la planète en empêchant les gaz à effet de serre d’emprisonner la chaleur dans l’atmosphère. Mais ils en paient le prix : à l’inverse, le CO2 et l’eau de mer réagissent pour former de l’acide carbonique, ce qui rend l’eau plus acide.

Si ces chercheurs sont les premiers à examiner l’impact de l’augmentation du CO2 dans l’océan sur le système olfactif des poissons, leur constat fait froid dans le dos. Et Cosima Porteu de conclure :   « L’eau acidifiée affecte la façon dont les molécules odorantes se lient aux récepteurs olfactifs dans le nez des poissons, ce qui réduit leur capacité à distinguer ces stimuli importants. Par conséquent, l’augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère menace les écosystèmes aquatiques naturels et notre approvisionnement alimentaire ».

Illustration bannière : Banc de poissons © Leonardo Gonzalez
Références :
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

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