Tout le monde semble faire plus attention à consommer « durable », « responsable », à avoir un comportement plus respectueux de la planète. Tout le monde deviendrait ce « nouveau consommateur », plus soucieux de valeurs, qui choisit et maîtrise sa consommation. Tout le monde ? Et bien pas vraiment
Les écorésistants … économiques
Il y a une catégorie de consommateurs qui n’est pas « non écolo » par choix mais tout simplement du fait que leur budget ne leur permet pas – enfin le pensent-ils.
Il existe une catégorie de consommateurs qui n’adoptent pas de comportements écologiques ou citoyens.
- N°1 : faire des économies
Une catégorie de consommateurs qui ne résistent pas au changement par conviction mais parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Malika, jeune mère de famille de 26 ans, explique que consommer bio et acheter des produits « responsables » lui parait un luxe hors de sa portée : « Je voudrais bien acheter du bio ou des produits écologiques mais franchement, j’ai pas les moyens ; moi je me contente de produits hard discount chez Dia. C’est trop cher ».
Plusieurs études montrent qu’environ 20 % des consommateurs sont prêts à payer jusqu’à, en moyenne, 5 % plus cher pour un produit répondant à un engagement environnemental ou de citoyenneté. Et bien, l’écorésistant économique, lui, ne veut pas payer plus cher, quelle que soit la raison. De manière surprenante, on trouve ce consommateur parmi les visiteurs de consoGlobe : surtout parmi les personnes qui viennent sur le service de DON, consoRecup, pour trouver des objets donnés gratuitement.
De fait, la réputation de chèreté des produits bio (essentiellement due aux produits textiles bio et alimentaires bio) donne l’impression à de nombreux foyers français que la consommation responsable est encore « un truc de riches ».
« Chez les bas revenus, plus on avance en âge, moins on porte d’attention aux engagements de citoyenneté« (3)
On passe quand même au vert pour des raisons … de budget
L’écorésistant pour raisons économiques n’est pas totalement immobile dans ses comportements : sur internet, il fait partie des « chasseurs de primes » ; de ces personnes qui cherchent presque systématiquement les bonnes affaires, le moins cher possible… Ainsi, l’écorésistant économique pourra adopter certains comportements (les écogestes d’économies d’énergie, l’achat groupé ou les ventes privées sur le net) mais n’ira pas jusqu’à investir dans ces nouveaux produits écologiques qui sont considérés comme des investissements « qu’on ne peut pas se permettre ».
Ainsi, sur consoGlobe, on estime que la moitié au moins des personnes qui ont utilisé le service de don, de location ou de troc, l’ont tout d’abord fait parce que c’est bon pour leur porte-monnaie, parce que c’est une bonne affaire. Qu’un troc, un don ou une location soit bon pour la planète tant mieux, mais cela n’est qu’un bonus, pas la motivation première.
Ainsi, quand on regarde qui achète des produits comme des fontaines à eau gazeuse, des chargeurs solaires, des récupérateurs d’eau de pluie, des composteurs, on constate qu’on trouve rarement de clients appartenant aux foyers les moins aisés. Pourtant, une fois leur achat remboursé, ces produits font faire de vraies économies sur le budget. Mais voilà, le budget de ces personnes ne leur permet pas d’investir, même un peu, même pour des produits qui à terme allègeront leur budget.
« ça fait peut-être faire des économies plus tard, mais en attendant, moi je peux pas les sortir, les 60 euros » nous déclare une mère de famille d’Arras considérant l’achat d’une fontaine à eau. L’hostilité du public envers les ampoules fluocompactes provient sans doute du fait que leur rentabilité paraît très hypothétique.
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La suite : le consommateur parano