Tout le monde semble faire plus attention à consommer « durable », « responsable », à avoir un comportement plus respectueux de la planète. Tout le monde deviendrait ce « nouveau consommateur », plus soucieux de valeurs, qui choisit et maîtrise sa consommation. Tout le monde ? Et bien pas vraiment
Portraits et témoignages d’écorésistants
Revue d’effectifs des consommateurs qui ne jouent pas le jeu :
L’éco-résistant des 30 glorieuses
Michel, 63 ans est typique d’une génération pour laquelle les écogestes et le réchauffement climatique n’évoquent pas grand-chose. Michel est aujourd’hui à la retraite, ancien VRP, il a l’habitude de parcourir des milliers de kilomètres, et aujourd’hui encore, bien que plus en activité, il se déplace énormément en voiture.
Pour lui, les transports en commun sont une vraie contrainte et à part l’avion, aucun ne trouve grâce à ses yeux. Michel a toujours possédé des voitures diesel et ne voit aucune raison de changer d’habitude. Il trouve ridicule les « gadgets » écologique de ses petits-enfants (chargeurs solaires, voiture hybride). S’il change de chaudière, il choisit le gaz ou le fioul.
Sa fille, beaucoup plus sensible à l’écologie, le décrit et nous dit :
« Ce qui me surprend c’est que les personnes de l’âge de mon père ont connu la guerre ou sont nés juste après. On aurait pu s’attendre à ce qu’elles soient très sensibles aux petites économies, à ne pas gaspiller, etc. Et bien c’est le contraire, avec mon mari, on a l’impression que nos parents ont réagi à l’inverse en profitant au maximum de la profusion que leur offrait la société de consommation. Sans restriction, sans faire attention aux conséquences. »
En gros, Michel est trop vieux pour changer … et surtout, il n’en a aucune envie. Empathie zéro avec les générations futures, y compris ses petits-enfants.
- L’héritier des 30 Glorieuses est, ou bien un écolo-soixante-huitard, ou bien un dévoreur de ressources indécrottable,
- Les études le montrent (3), dans cette catégorie de consommateurs, on trouve beaucoup de plus de 60 ans disposant de bas revenus.Et de fait aujourd’hui, il existe un risque d’opposition de générations. D’un côté, les jeunes retraités qui hérite de la prospérité des 40 dernières années d’enrichissement ; de l’autre, les actifs, les jeunes du XXI ème siècle qui ont été élevés avec une conscience et un discours de solidarité écologiques.Dans certains témoignages oraux (ou déposés sur consoGlobe), on relève parfois une pointe de ressentiment contre les nantis qui ont profité à fond de l’âge d’or de la consommation de masse et qui ne veulent pas s’adapter : « Quand je vois des papis dans des grosses berlines ou des gros 4 x 4, je ne peux pas m’empêcher de trouver que ce sont de gros égoïstes » nous dit Marc, un jeune chômeur de 23 ans.
L’écorésistant traditionaliste
D’un profil très proche du précédent, cet écorésistant est un consommateur qui a du mal à changer ses habitudes et qui est souvent à la traîne en matière d’adoption de nouvelles technologies. Disons-le clairement, c’est un consommateur moins éduqué, moins diplômé que la moyenne. Ses sources d’information ne privilégient pas du tout les thèmes liées à l’environnement sous l’angle global mais en parle sous l’angle très pragmatique du porte-monnaie..
« Tous ces nouveaux gadgets, les nouvelles ampoules, les outils solaires, tout ça, moi ça ne m’attire pas du tout. En fait, je n’en ai pas besoin. »
« Le réchauffement ? Oui, c’est vrai faudrait que les gouvernements s’y attaquent. »
La propriété reste importante
- Ma voiture à moi
Pour le consommacteur style Nouvelle consommation, il est plus important de pouvoir utiliser un objet, un service plutôt que de le posséder.
Mais pour le consommateur traditionaliste, la propriété compte toujours autant. C’est pourquoi, le troc ou l’économie de partage (auto-partage, jardins collectifs, …) le tentent très peu. Le consommateur traditionaliste ne refuse pas la propriété et la consommation dans leur rôle de construction identitaire : il est consommateur avant d’être citoyen.
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La suite : Les consommateurs écorésistants économiques