Tout le monde semble faire plus attention à consommer « durable », « responsable », à avoir un comportement plus respectueux de la planète. Tout le monde deviendrait ce « nouveau consommateur », plus soucieux de valeurs, qui choisit et maîtrise sa consommation. Tout le monde ? Et bien pas vraiment
Les consommateurs se sont laissés gagner progressivement par des comportements nouveaux qui montrent leur souci éthique : leurs préoccupations environnementales, sanitaires et sociales influent de plus en plus sur leurs décisions d’achat. Et dans leur comportement quotidien en tant que citoyen.
Nous le voyons autour de nous, la consommation durable gagne du terrain (1). Mais pas partout.
Le consommact’eur responsable s’impose doucement
Vous connaissez des consommateurs écolos, attirés par la consommation durable. A contrario, il y a sans aucun doute dans votre entourage des personnes qui ne font rien pour changer leurs habitudes, et qui pour tout dire, « s’en foutent ». Ce consommateur qui n’a rien changé à ses habitudes afin de moins consommer et gaspiller les ressources limitées de notre environnement est un résistant au changement, un écorésistant.
Au contact quotidien des internautes et des clients, consoGlobe qui scrute et essaie d’encourager la nouvelle consommation depuis 5 ans bénéficie d’un point de vue privilégié sur l’évolution du marché et sur ses différentes tendances.
D’où la modeste tentative de partir à la rencontre des consommateurs qui sont à la périphérie du coeur de notre audience, de nos fidèles habituels
Qu’est-ce qu’un éco-résistant ?
A force d’interroger autour de nous, nous avons trouvé nombre de témoins : ils confirment que si l’espèce de l’écorésistant éco-sceptique existe bel et bien, on ne peut la réduire à un unique spécimen ; loin de là. Parmi les personnes qui refusent de changer pour des motifs écologiques, on trouve une large gamme de convictions sur l’échelle de la croyance verte : du sceptique absolu à l’écologiste convaincu en passant par l’athée ou l’agnostique.
Petite tentative de typologie des consommateurs rebelles :
Qui sont les consommateurs qui résistent au changement
L’éco-résistant est-il un mauvais citoyen ?
Portrait robot du consommateur anti-écolo
Un profond renversement de perspectives
L’écorésistant des 30 Glorieuses
L’écorésistant traditionnaliste
L’écorésistant économique
L’écorésistant parano
L’écorésistant intello
L’écorésistant extrêmiste
L’écorésistant agnostique
L’écorésistant satisfait ou « l’effet rebond »
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Qui sont ces consommateurs qui résistent au changement ?
Les éco-sceptiques ont un certain nombre de points communs.
Définition de éco-résistant ?
Les écorésistants sont les consommateurs « non engagés » qui résistent au changement de comportement induit par l‘urgence environnementale et la solidarité éco-citoyenne.
- Un écorésistant n’adopte pas les comportements d’économies de ressources (consommation de produits bio, écogestes, écomobilité, …) désirés par la vulgate de la croissance soutenable : les arguments « bons pour la planète » le laisse indifférent, mieux ils les trouvent futiles voire il est contre.
En bref, on peut dire que l’écorésistant est l’anti nouveau consommateur, le consommateur qui ne joue pas le jeu de la solidarité citoyenne dans ses comportements de consommateur.
L’écorésistant est souvent un technophobe qui est peu avancé dans l’adoption des nouveaux outils proposés par l’internet. C’est l’opposé d’un pionnier.
L’écorésistant est-il un mauvais citoyen ?
Il y a dix ans les instituts d’étude et les sociologues, quand ils parlaient de consommateurs rebelles, faisaient allusion au consommateur qui refusait la consommation (2). Le mauvais consommateur était un mauvais citoyen. On se souvient de ce livre (3) qui soulignait que le consommateur qui consommait moins échappait à son devoir patriotique de faire tourner l’économie.
La dimension morale de la consommation
En parlant de mauvais on bon, on se situe sur un terrain qu’occupe volontiers le consommateur engagé : la portée morale de l’acte de consommation. L’éco-résistant, lui, est totalement absent de ce terrain moral, il ne s’agit pas de faire le bien ou le mal mais simplement de « se faire plaisir, d’acheter moins cher, de faire une bonne affaire » etc.
C’est en ce sens, en refusant de faire tourner la machine économique, productive, fiscale, consumériste, … que l’écorésistant ne jouait pas le jeu. Aujourd‘hui, après Al Gore, l’évidence du réchauffement, l’ouverture du passage arctique, Copenhague, Deep Water Horizon, etc., le citoyen a une conscience bien plus développée des enjeux éthiques et environnementaux. Et malgré (ou grâce à) la crise, le consommateur de base s’efforce de consommer plus « responsable », plus « soutenable » pour faire allusion au terme anglais. Pas l’éco-résistant, lui ne veut pas se priver ni faire d’efforts d’adaptation.
Résumons :
Le consommateur égoïste
On considérait hier que l’écorésistant était un égoïste économique ou un « égocentrique consommatoire » pour reprendre l’expression de Robert Rocherort. Aujourd’hui, on considère que l’écorésistant est un égoïste environnemental et éthique. Le mot est lâché : notre consommateur qui refuse d’abandonner son 4X4, d’éteindre la lumière, de moins prendre l’avion, … bref de changer son style de vie, serait un égoïste, qui n’a aucune conscience morale de sa consommation.
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(1) Les comportements opposés à ceux évoqués ici sont résumés dans La Nouvelle Consommation. ou La consommation collaborative. Voir toutes les données dans les Français et le développement durable
(2) Par exemple le CCA avait établi une cartographie des consommateurs peu enclins à consommer.
(3) Le bon consommateur et le mauvais citoyen, de Robert Rochefort – éd. Odile Jacob, 2007