Le 2ème défi de la transition énergétique : l’efficacité

Rédigé par Jean-Marie, le 19 Sep 2012, à 18 h 08 min
Le 2ème défi de la transition énergétique : l’efficacité
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La montée en puissance du gaz

Tendance claire, le gaz naturel va se substituer peu à peu à d’autres sources d’énergie primaire, comme le charbon pour la production d’électricité, ou même le pétrole pour le transport. La production de gaz de schiste atteindra 11 % de la production mondiale de gaz en 2035, tandis que la production de gaz de charbon atteindra 7 %, suivie par celle des gaz de réservoir compacts à 6 %.

Les gaz de schiste sont très contestés car on ne sait pas encore les exploiter de manière non dommageable pour l’environnement, même si apparaissent de nouvelles techniques potentiellement moins polluantes. Mais quand et si la fracturation hydraulique (ou fraking) sera moins polluante, cette évolution amènera un aspect  – un peu – favorable sur le plan écologique. En effet,  la combustion du gaz naturel libère, pour la même quantité d’énergie, deux fois moins de gaz à effet de serre que le charbon ; et elle est moins polluante.

Le gaz de schiste, énergie de transition ou menace pour les Energies renouvelables ?

Cette question se pose donc dès aujourd’hui :

La consommation énergétique globale augmentera de 40 % entre 2009 et 2035 selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), passant d’une consommation de 12 150 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) à 16 950 millions de tep en 2035. Dans le « mix énergétique » mondial, l’énergie qui gagnera le plus de parts de marché est le gaz au détriment du pétrole. Ainsi, la part de marché du gaz passera de 21 % en 2009 à 25 % en 2035.

Ainsi donc, on va vivre une période paradoxale pendant laquelle vont croître de concert l’énergie appelée à disparaître (l’énergie fossile, mais sous une forme de plus en plus coûteuse et polluante) ainsi que celle qui devra la remplacer, l’énergie renouvelable.

La grande question que se posent les experts au sujet du gaz naturel de schiste est la suivante : le gaz de schiste est-il une transition vers les énergies renouvelables ou bien va-t-il les empêcher de s’imposer ?

Il est intéressant de regarder les termes du débat aux Etats-Unis, pays qui a bien des années d’avance sur l’Europe en la matière.

  • D’un coté, les pro-gaz souligne que le gaz naturel de schiste est une bonne nouvelle dans la mesure où il permet à l’économie américaine de fonctionner avec moins de charbon et donc d’émettre moins de CO2. Car le gaz de schiste émet 2 fois moins de CO2 que le charbon et devient la première source de production d’électricité aux USA. Une bonne nouvelle au regard de la sécheresse qui ravage plus de la moitié des Etats américains l’été 2012.

Notons d’ailleurs que le lien entre les vagues de chaleur et le réchauffement climatique a été fait par des scientifiques cet été. Pourtant et par ailleurs, le gaz naturel est si abondant qu’il permet aux producteurs américains d’avoir accès à

une énergie qui est devenue moitié moins chère qu’en Allemagne.

Le revers de la médaille

Un forage de gaz de schiste

Un forage de gaz de schiste

Comme le soulignait le quotidien britannique The Guardian, « l’âge d’or du gaz naturel ne sera pas forcément l’âge d’or du climat»(3), c’est le moins

qu’on puisse dire si le gaz empêche les énergies renouvelables de vraiment s’imposer. Car

le gaz  naturel de schiste reste un carburant fossile dont l’extraction, elle, reste sale.

Pourtant, aux Etats-Unis le débat sur l’utilisation et l’exploitation de ce type de gaz semble déjà dépassé. Ce qui fait débat actuellement, c’est plutôt la nécessité d’imposer aux petits producteurs indépendants des règles et techniques d’exploitation « propres » que s’imposent les grands producteurs soucieux d’environnement. Car comme le souligne Fred Krupp, le président du Fond pour la défense de l’environnement qui a travaillé sur les normes à imposer en matière de fracturation hydraulique : « les avantages économiques et de sécurité des gaz de schistes sont évidents mais si vous regardez de près les exploitations de gaz, vous en voyez aussi des inconvénients évidents ». ( 1 ) Ainsi donc, aux Etats-Unis les écologistes et les majors veulent contrôler les producteurs indépendants « qui font n’importe quoi » et qui ne se servent pas des techniques à leur disposition pour contrôler, entre autres, les fuites de méthane, les fuites d’eau dans les nappes souterraines et les sources de l’eau utilisée pour le fraking. En Europe, de nombreux porte-paroles écologistes discutent de la possibilité éventuelle de faire de la fracturation hydraulique sans dommage pour l’environnement. Les Etats-Unis, en pleine révolution gazière, sont déjà passés à l’étape suivante.

Difficile de dire à ce stade si le gaz naturel ne sera qu’une bulle provisoire d’énergie bon marché, si l’Europe en crise, et notamment la France, premier détenteur de ressources du continent, vont s’emparer de cette aubaine d’énergie peu chère.

Quoi qu’il en soit, il y a peu de chances pour que l’exploitation du gaz de schiste produise en Europe les mêmes effets déflationnistes sur le prix de l’énergie qu’aux Etats-Unis. Tout d

abord parce-que

les conditions de cette exploitation sont bien différentes sur le continent européen

.

Une étude de l’Oxford Institute

de décembre 2010 explique que le coût d’exploitation de ces gaz serait 2 à 3 fois plus élevé en Europe qu’en Amérique du nord du fait de contextes et d’obstacles juridiques, géologiques bien plus complexes. Certains spécialistes suggèrent qu’il est urgent d’attendre et de reporter une éventuelle des gaz de schiste à après 2020 quand on y verra plus clair sur la manière de le produire proprement et quand les tensions sur les marchés de l’énergie se seront accrues. (5) Cela pousse certains à remettre en avant certaines énergies renouvelables en avant : la

géothermie

par exemple est selon certains tout à fait sous-exploitée dans plusieurs régions françaises. Nous y reviendrons dans la suite de ce dossier sur la révolution énergétique.

Quoi qu’il en soit, en Europe, pour l’instant le consensus est que l’ère de l’énergie à bas prix est sur le point de s’achever, et  que la planète devra gagner en sobriété –  nous n’avons pas le choix. Ignorer cette nécessité, ce serait prendre le risque d’aggraver la précarité. N’oublions pas que chaque année un habitant des Etats-Unis consomme autant d’énergie qu’un Bangladais en plus de cinquante ans… à condition qu’il vive jusque-là. Sans parler évidemment des risques que font peser sur l’environnement et le climat la folle croissance des carburants fossiles.

*

(1) L’étude Renewable Electricity Futures, publiée par le laboratoire national des énergies renouvelables (NREL) pour le compte du département américain à l’Energie (US DoE), constate qu’en 2010, les énergies renouvelables ont représenté environ 10 % de la puissance totale de la production d’électricité aux Etats-Unis (6,4 % d’hydroélectricité, 2,4 % d’énergie éolienne, 0,7 % de biomasse, 0,4 % de géothermie, et 0,05 % d’énergie solaire).
(2) source : developpement-durable.gouv.fr.
(3) A golden age for gas is not necessarily a golden age for the climate”
(4) In Get it right on natural gaz, The international Herald Tribune  6 août 12
(5) Un exemple typique de ce point de vue est exprimé dans “Une fracture en attente de devis” par S. Hallegattte et A. Méjean dans un éditorial dans Libération, du 22 août 12.

Je réagis

4ème partie :

la « parité réseau », 3ème défi de la révolution énergétique…

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. Bonsoir jean-Marie,
    Comme je l’ai déjà dit, précédemment, on se rend compte que les articles, écrits par vous, tiennent mieux la route, que les autres ! Normal, puisque c’est vous le patron !
    Pour répondre plus précisément à votre article, je suis, globalement d’accord, avec vous. Et, je pense qu’on en arrivera, inévitablement, au gaz de schiste ! Que les verts, le veuillent, ou non ! Parce que tt simplement les centrales thermiques les plus rentables, sont les centrales thermiques au gaz naturel ! Le rendement théorique (j’ai bien dit « théorique »!) maximal, d’une centrale thermique, qu’elle soit chimique ou nucléaire est donné par la fameuse formule de Carnot (Sadi, de son prénom ! Tt le monde connaît le Sadique Arnaud ! Cette formule est la suivante :
    R(théo. max.) = 1 – T1/T2
    où T2 est la t° de la source chaude (la chaudière), exprimée en K (Kelvin, et non °C! La relation de passage de l’une à l’autre est tte simple, il suffit d’ajouter 273, aux °C, pour obtenir,les K !), et T1, la t° de la source froide, tj, exprimée en K ! Il faut bien refroidir la machine, car selon le 2ème principe de la thermodynamique, il est impossible de transformer de la chaleur, en travail, la chaleur apparaissant, comme la forme dégradée, de l’énergie ! Carnot, l’avait pressentit, mais ceci ne fut énoncer clairement, que par Lord Kelvin (il le méritait bien, rien que pour ça d’être anobli par la Reine Victoria, au milieu des années 1800 ! Les Beattles l’ont bien été, pour qq chansons ! Et, Lord Kelvin, de son vrai nom : William Thomson, a découvert, bien d’autres choses, encore ! Il y a aussi J.J. Thomson, qui a découvert l’électron, puis le fils de J.J. ! Une sacrée lignée de physiciens !
    A partir de cette formule (que j’apprenais, aux élèves de 1ère L, autrefois, mais qu’on ne fait plus maintenant ! D’ailleurs, on ne leur fait plus de physique ! Il vaut mieux les abêtir avec le football ! Que veut le peuple : du pain et des jeux ! Rien n’a changé depuis les Romains ! Et, après, ils joueront aux écolos !), il est facile de voir que le rendement est d’autant meilleur, que T1 est petit, et T2 est gd ! Ou, encore, plus simplement, plus on peut chauffer l’eau, ds la chaudière, et plus on peut la refroidir, après la turbine électrique, meilleur est le rendement ! Mais, on est limité, par des contraintes physiques et économiques : en général, on prend, pour refroidir la centrale, une gde masse d’eau (mer, lac, fleuve,…) dt la t° est la +pte possible, et la + cste possible : mettons 15°C, allez, je vous fais un prix à 17, qd on ajoutera 273, ça fera un compte rond, c-à-d, allez, 300 K ! Ça, vous va ? Et pour la t°, de la chaudière, ce qui compte c’est la sécurité ! Donc, pour une nucléaire, on devra chauffer moins fort, que pour une chimique ! On n’est qd même pas fou ! Donc, le rendement d’une centrale nucléaire, est + petit que celui d’une centrale au gaz ! 50%, pour une nucléaire, et 70%, pour une au gaz ! Mais, attention, ça c’est « théorique max. ! », en pratique, il y a des frottements, des pertes de chaleur, etc, etc ! Donc, en réalité, ça fait du 30%, pour une nucléaire, et du 50%, voire un peu mieux, pour une au gaz ! Qd, en plus, on fabrique, une petite centrale au gaz, en cycle combiné, pour chauffer par ex., la ville qui est à côté, tt est bénef. ! qd, je pense que j’ai un copain écolo, qui a refusé ds sa commune une petite centrale au gaz, à cycle combiné, et que c’était en Bretagne, il y a de quoi se flinguer ! IL préfère aller chercher l’électricité, ds les Alpes, avec ttes les pertes que ça occasionne ! Il préfère avoir constamment des coupures d’électricité, et des sautes de tension ! Gd bien lui fasse ! Mais pendant ce temps-là, qui paie, les pertes ds les lignes ? Eh bien, tt le monde !
    A demain !
    Je vais maintenant aller dormir ! J’habite à côté de la centrale nucléaire de Gravelines,et là, ça crache de l’électricité, pas chère !

    • Jean-Marie

      Merci Patrick de vos commentaires éclairés 🙂
      Si vous avez envie de proposer une tribune sur un de vos sujets de prédilections;…. dites-le nous. Bonne nuit ou bonne journée.

  2. Énergie renouvelable avec des éoliennes et panneaux solaire, l’électricité payée a prix d’or pour encore une fois engraisser des cochons (producteur et fabricants de matériel)de plus ce n’est avec ça que l’on va faire rouler nos TGV à 300KMS heure, et plus nous construirons d’éoliennes et de panneaux solaire plus nous aurons besoin de centrale thermiques ou autre pour pallier au manque de soleil ou de vent, récupérons le méthane dans nos déchets et dans l’agriculture, ce sera plus plus intelligent.

  3. Super intrressant …. Vive le gaz ?

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