Pourquoi le déclin de la transmission culturelle est un risque de plus pour les chimpanzés ?

Alors que le monde célèbre aujourd’hui les forêts à travers le thème ‘Apprend à aimer les forêts’, on n’oublie souvent qu’elles ne sont pas notre patrimoine exclusif. Elles grouillent de vie et chacune des espèces qui la peuplent souffre à son échelle de la pression humaine sur les écosystèmes forestiers. Prenons l’exemple des chimpanzés et de leur capacité à se transmettre des informations d’une génération à l’autre, essentielle pour la survie de l’espèce.

Rédigé par Julien Hoffmann, le 21 Mar 2019, à 8 h 20 min
Pourquoi le déclin de la transmission culturelle est un risque de plus pour les chimpanzés ?
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Depuis Jane Goodale et la réelle prise de conscience que les grands singes sont capables de transmissions culturelles, la connaissance de ces primates poursuit son avancée. Nous savons désormais que cette transmission culturelle est également à prendre en compte dans les principes évolutifs des espèces. Mais qu’en est-il alors, comme dans le cas des chimpanzés, quand cette capacité est impactée par notre présence ?

Qu’est-ce que la transmission culturelle chez les chimpanzés ?

La transmission culturelle  joue un rôle crucial dans le règne animal, on le sait désormais, pour le développement et la survie de nombreuses espèces, menacées ou non. Comme certains animaux savent se reconnaître dans un miroir – dont les chimpanzés également, d’autres se transmettent des informations d’une génération à l’autre : utilisation d’outils, apprentissage de trajets de migration, peur des humains, etc.

Chimpanzé en train d’utiliser un outil pour récupérer des insectes dans un tronc d’arbre © mark higgins

Chez les chimpanzés la chose est peut-être plus vraie encore que chez d’autres espèces. Bien des comportements sociaux sont transmis par les plus anciens, ne serait-ce que l’utilisation de toute une pharmacopée spécifique pour ne citer que cet exemple là.

L’observation des chimpanzés a mis au jour plusieurs types de plantes intéressantes et désormais étudiées par les scientifiques notamment en matière de problèmes digestifs.

En effet, certaines « communautés » de chimpanzés ont été observés en train de  consommer les feuilles de plusieurs plantes sans intérêt nutritif, alors qu’ils mangeaient des fruits très difficiles à digérer. Y aurait-il un lien entre les deux ?

Les humains, un risque culturel pour les chimpanzés

Une équipe de chercheur a étudié récemment 144 communautés de chimpanzés dans 17 pays africains différents et y a recensé 31 comportements qui découlent de la transmission des aïeux aux plus jeunes(1).

Résultat : en présence humaine, 88 % des comportements de transmission disparaissent par rapport à ce qui est observé dans des zones restées sauvages.

Routes, tronçonneuses, braconnage ou encore déforestation ont tendance à faire réagir les chimpanzés qui ne peuvent plus se comporter « naturellement » en usant de leurs techniques habituelles pour évoluer dans leur quotidien.

transmission culturelle chimpanzés

Des gestes et comportements qui se transmettent de père/mère en fils/fille © GUDKOV ANDREY

On a observé par exemple que les chimpanzés hésitent désormais à casser les noix à l’aide de pierres pour ne pas attirer l’attention de braconniers : une technique qui risque donc de se perdre dans le futur.

Cela fait peser un risque majeur sur l’espèce dans sa globalité en appauvrissant grandement sa capacité d’adaptation à son milieu tout en réduisant un des points fort dont ils se sont dotés : la capacité de transmission de leur culture.

La solution d’après les auteur de l’étude : mettre en place des « sites de patrimoine culturel » pour les chimpanzés, où il n’y aurait aucun contact avec les humains possible.

De tels résultats doivent être pris en compte pour la conservation de l’espèce mais peuvent également servir de modèle pour d’autres espèces connues pour ce type de comportement chez bon nombre de grands signes, comme les ourang-outans, mais aussi chez plusieurs cétacés comme les baleines.

Lire aussi : Les humains ne représentent que 0,01 % des êtres vivants sur Terre. Et pourtant…

Plus on commence à connaître et à respecter les résidents des forêts et leurs habitats, plus on comprend qu’il faut absolument les protéger et ce pas que pour nos enfants et leurs enfants, mais aussi pour toutes les générations terrestres futures.

Illustration bannière : Gros plan sur face de chimpanzé © Robin Nieuwenkamp
Références :
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