Des chasses à courre de plus en plus calamiteuses

Le 12 janvier 2021, les chasseurs ont poussé un cerf à quitter la forêt de Chantilly et regagner le centre-ville, puis la gare de Chantilly. La circulation des trains a été interrompue pendant deux heures.

Rédigé par Anton Kunin, le 14 Jan 2021, à 11 h 40 min
Des chasses à courre de plus en plus calamiteuses
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Ces événements ont suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, l’incident ayant été dénoncé tant par des défenseurs d’animaux que par des personnalités politiques.

Un cerf poursuivi jusqu’en centre-ville, la circulation ferroviaire bloquée

Pas une semaine sans un incident lié à la chasse ! Le 12 janvier 2021, l’équipage de chasse « Rallye Trois Forêts » a poussé un cerf jusqu’en centre-ville de Chantilly, puis sur les voies de la gare. Dans une vidéo mise en ligne par le collectif AVA France (Abolissons la vénerie aujourd’hui), on aperçoit un cerf poursuivi par des chiens courir sur l’esplanade de la gare, puis le long de la gare de Chantilly et on entend un valet de chasse crier « Arrêter de filmer » (alors que les anti-chasse sont encore à l’extérieur de la gare). Puis, une fois dans la gare, on voit des chasseurs descendre sur la voie ferrée, où le cerf est encerclé par la meute de chiens ; un chasseur prend l’un des chiens et le remet sur le quai.

Cet incident a provoqué l’appel de gendarmes, de policiers municipaux, de pompiers, d’un fonctionnaire de l’Office français de la biodiversité (OFB) et d’un vétérinaire. Ce dernier a tiré sur le cerf avec une fléchette anesthésiante pour essayer de l’endormir : le cerf s’est au contraire levé et, la fléchette dans les fesses, a emprunté la voie ferrée. La circulation des trains sur les axes Paris-Creil, Paris-Amiens et Paris-Saint-Quentin a été interrompue pendant deux heures, et les quais de la Gare du Nord se sont retrouvés bondés à une heure de grande affluence, en pleine épidémie de Covid-19.

Une vague d’indignation des défenseurs des animaux et personnalités politiques

Dans un communiqué, Isabelle Wojtowiez, la maire de Chantilly, qui s’est rendue sur place, a promis de faire la lumière sur cet incident et « prendre les décisions utiles afin que plus jamais ce spectacle désolant ne se reproduise dans notre ville ». « Ce qui s’est passé cet après-midi est inqualifiable. Si la forêt est un espace partagé et que la chasse y est permise, en aucun cas un animal ne peut être chassé jusqu’en centre-ville. Ce cerf aux abois, poursuivi dans un milieu hostile, a mis en danger la sécurité des piétons, aurait pu générer des accidents routiers et a perturbé la circulation ferroviaire », a poursuivi Isabelle Wojtowiez.

Cet incident a provoqué une vague de commentaires de la part des personnalités et les politiques. Sur Twitter, la sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol a déclaré : « Voilà 3 ans que j’ai déposé une proposition de loi pour que cesse cette pratique. Je notais que la cohabitation entre les veneurs et toute la population devenait difficile et dangereuse. Chaque semaine le confirme. D’habitude, c’est « un fait divers = une loi ». Pour la chasse à courre, les faits divers se succèdent, les troubles à l’ordre public se multiplient, mais face aux lobbies, le gouvernement est faible ».

Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV et conseiller régional d’Île-de-France a pour sa part déclaré : « La chasse à courre doit être abolie et les cerfs protégés ». Une demande à laquelle fait écho le journaliste et défenseur des animaux Hugo Clément : « Sentiment d’impunité et de toute puissance. Jusqu’à quand ? ». La Fondation Brigitte Bardot a tweeté : « La honte ! Nous sommes en France, en 2021… ». Enfin, pour Laurence Parisot, « il est temps de passer à un autre monde. La chasse à courre est cruelle pour les animaux, dangereuse pour les hommes. Au XXIème siècle, ne pas l’abolir est pis qu’un crime, une faute ».

Les chasseurs n’ont pas manqué non plus de s’inviter dans l’espace médiatique. « Nous rappelons que ce malheureux incident n’arrive que très rarement et qu’en aucun cas les chasseurs s’autorisent et se ravissent de chasser un animal dans une ville ou un village. L’équipage adresse ses plus sincères excuses auprès des riverains, des usagers de la SNCF et de l’entreprise pour les problèmes occasionnés », peut-on lire sur le compte Twitter « Défendons la Vènerie Aujourd’hui », où les chasseurs ont d’ailleurs posté une carte postale du début du 20e siècle où on voit un cerf encerclé par une meute de chiens dans la même gare.

Rambouillet : une partie de chasse terminée dans une rare cruauté

Pas très loin de là, à Rambouillet (Yvelines), un autre incident lié à la chasse a eu lieu quelques jours plus tôt, le 9 janvier 2021. Au terme de quatre heures de course, un cerf s’est retrouvé cerné dans un champ puis dévoré par les chiens. Sur une vidéo tournée par les anti-chasse et consultée par Libération, on voit des hommes, dont un chasseur à cheval, regarder la scène en lisière de terrain. Une femme crie : « À mort ! À mort ! ». Une fois l’animal dévoré, la meute a été rappelée, et l’un des chasseurs est arrivé pour soi-disant donner le coup de grâce. Selon les militants anti-chasse, même les nouveaux membres de l’équipage de Bonnelles, à l’origine de cette cruauté, ont été choqués.

Illustration bannière : La chasse à courre continue ses dégâts © Tom Reichner
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Dégueulasse ce qui s’est passé à Rambouillet !
    Laisser dévorer, par les chiens, un animal encore vivant et contempler le « spectacle » ?????????????
    Je ne suis pas toujours contre la chasse mais, là, ça dépasse l’entendement !
    Ces personnes ont-elles une âme ? J’en doute !!!

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