Biodiversité et consommation : l’état de la situation en France

Rédigé par Stephen Boucher, le 23 Feb 2015, à 14 h 41 min
Biodiversité et consommation : l’état de la situation en France
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consoGlobe a rencontré Vincent Graffin, Directeur du développement durable, de la conservation de la nature et de l’expertise du Museum d’Histoire naturelle de Paris pour faire un point avec lui sur l’état de la biodiversité en France et dans le monde et des implications pour les consommateurs et les gouvern  ants.

La biodiversité en France concerne tous les écosystèmes

M. Graffin, tout d’abord, c’est quoi la « biodiversité » ?

« Biodiversité » fait partie de ces mots valises derrière lesquels on ne sait plus trop ce qu’on met. La biodiversité ce n’est pas que les pandas, les baleines. Ce sont tous les écosystèmes, les sols, les rivières. Et toutes les espèces : il y a une diversité génétique au sein de chaque espèce qui leur permet de s’adapter à l’environnement. On voit bien ce que c’est la biodiversité, même pour une simple pomme, avec des capacités de résistance différentes qui leur permettent de s’adapter à des environnements différents.

On sait que la biodiversité est menacée, on comprend donc que c’est cette diversité même qui est mise à mal. Pouvez-nous nous dire où nous en sommes ?

Nous sommes en train d’assister à une extinction de masse de la biodiversité. C’est la sixième grande extinction de masse. C’est une question éminemment complexe, et mal comprise, car l’effort de recherche au niveau mondial, même s’il progresse, n’est pas à la hauteur des enjeux. On envoie des sondes sur mars, mais on n’est pas encore allé au fond des mers.

La communauté scientifique nous dit tout de même que le taux actuel d’extinction est jusqu’à 1.000 fois supérieur au taux d’extinction observé en période calme au cours des temps géologiques et va en s’accélérant, tandis que le rythme d’apparition des espèces lui ne change pas.

vosges-france-animal-guepe-nid-01La liste rouge de l’UICN montre une dégradation constante. Sont en péril, par exemple, 41 % des espèces d’amphibiens, 33 % des coraux constructeurs, 31 % des requins et des raies, et 25 % des mammifères.

Et en France, la situation est-elle meilleure ?

La France est concernée également, de par ses territoires variés et étendus, elle se situe parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées dans le monde. On constate au niveau mondial une diminution de -76 % de la qualité écologique des milieux depuis 1970 pour l’eau douce. On a observé une diminution de 57 % des populations de chauves souris en métropole française entre 2008 et 2013.

Aujourd’hui, la biodiversité en France réside essentiellement dans les Outre-Mer, où 77 % de part du territoire jouit d’une naturalité importante. En métropole, seulement 23 % des habitats ne sont pas abimés.

Quels sont les principaux facteurs de perte de biodiversité en France ?

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En métropole, c’est d’abord la fragmentation et la destruction continue des habitats. L’équivalent de la surface d’un département est urbanisé tous les 10 ans ! Zones pavillonnaires, d’infrastructures – l’urbanisation consomme 68 000 hectares par an en France (moyenne 2006-12). Ce qui pose aussi un problème pour l’agriculture, parce que ce sont de bonnes terres qui disparaissent.

Les poissons migrateurs ont disparu de la majorité des cours d »eau à cause de leur fragmentation, du fait des barrages qui ont beaucoup endommagé nos cours d’eau

L’autre facteur d’érosion principal, ce sont les espèces invasives comme la jussie, une plante aquatique envahissante que l’on trouve dans le monde entier, et qui cause des dégâts importants. Ou encore le frelon asiatique, qui se répand aujourd’hui en France, et cause des problèmes aux insectes locaux.

Ce sont enfin les pesticides, les changements climatiques, et la surexploitation des espèces, notamment la pêche. Tous les grands poissons marins prédateurs sont réduits presque à néant. Ce qui se passe dans les océans est très inquiétant.

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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Bonjour,
    Dure réalité. Et ce n’est pas tout car l’auteur ne prend pas en compte la faune qui vit à l’intérieur des sols (bactéries, vers de terre, colemboles, etc.) et qui représente 1 animal sur 5. Cette faune là, a qui nous devons la fertilité de nos sols, a également été mise à mal durant les dernières décennies.

  2. Projet Moulin à eau protection des écosystèmes transition énergétique agroecologie .envoyer votre mail pour prendre connaissance.

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